William Faulkner

William Faulkner

The Sound and the Fury, 1929.
June 2nd 1910

«When the shadow of the sash appeared on the curtains it was between seven and eight o’ clock and then I was in time again,hearing the watch. It was Grandfather’s and when Father gave it to me he said I give you the mausoleum of all hope and desire; it’s rather excruciatingly apt that you will use it to gain the reducto absurdum of all human experience which can fit your individual needs no better than it fitted his or his father’s. I give it to you not that you may remember time, but that you might forget it now and then for a moment and not spend all your breath trying to conquer it. Because no battle is ever won he said. They are not even fought. The field only reveals to man his own folly and despair, and victory is an illusion of philosophers and fools.»

Le bruit et la fureur. (Traduction Maurice-Edgar Coindreau) Editions Gallimard, 1938.

2 juin 1910

«Quand l’ombre de la croisée apparaissait sur les rideaux, il était entre sept heures et huit heures du matin. Je me retrouvais alors dans le temps, et j’entendais la montre. C’était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m’avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que douloureusement probable que tu l’emploieras pour obtenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s’en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père. Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisses l’oublier parfois pour un instant, pour éviter que tu ne t’essouffles en essayant de le conquérir. Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l’homme sa folie et son désespoir, et la victoire n’est jamais que l’illusion des philosophes et des sots.»

Eustache Deschamps vers 1340 – 1404

Eustache Deschamps

Balade de Nostre Dame moult belle

Secourez moy, douce vierge Marie,
Port de salut que l’en doit réclamer!
Je sens ma nef foible, povre et pourrie,
De sept tourments assaillie en la mer
Mon voile est roupt, ancres n’y puet encrer
J’ai grant paour que plunge ou que n’affonde
Se voz pitiez envers moy ne se fonde.

Qui est la nef, fort ceste mortel vie
Qui a paines puet LX ans passer?
Les sept tourments sont Orgueil et Envie
Detraccion, Luxure et Murmurer
Convoitise qui ne laisse durer,
Et leurs consors me tuent en ce monde,
Se voz pitiez envers moy ne se fonde.

Mon voile est roupt, qui vertu signifie,
Et mon encre ne se puet arrester
Pour ce chetif monde qui me detrie,
Qui ne me laisse à mon ame penser.
Or me vueillez mon volie relever,
Vierge, ou je doubt pechiez ne me confunde,
Se voz pitiez envers moy ne se fonde.

Eustache Deschamps en son temps sous la direction de Jean-Patrice Boudet et Hélène Millet. Publications de la Sorbonne 1997.

Merci à J.A.

Ballade n°134. Tome 1. page 258.

“Dans cet appel au secours à Notre-Dame, le poète parle de sa vie et de lui-même comme d’un bateau (Une nef, vers 3 et 8) devant se rendre au port du salut, d’où le vocable donné à la Vierge (vers 2). L’embarcation est en mauvais état (vers 3 et 5) et doit affronter sept tourmens. Ce sont les sept péchés capitaux qui sont ainsi désignés, dont trois sont nommés dans la seconde strophe (Orgueil, Envie et Luxure). Les quatre autres (Colère, Avarice, Paresse et Gourmandise), englobés sous le nom de consors (vers 13) ont été ici remplacés par Detraccion, Murmurer et Convoitise, qui sont plutôt des dérivés d’Envie. Le poète renouvelle sa prière dans la troisième strophe: Marie doit l’aider à relever sa voile (vers 19), c’est à dire à cultiver les vertus. Touchée, la Vierge répond dans la ballade 135 en lui indiquant les vertus qu’il doit pratiquer pour éviter l’Enfer.”

José Bergamín I 1895 – 1983

José Bergamín.

“Con los comunistas hasta la muerte… pero ni un paso más”

«Sería objetivo si fuera objeto, pero soy sujeto.»

«Las cosas como son. ¿Cómo son las cosas?”

“Buscar las raíces no es más que una forma subterránea de andarse por las ramas”

“Detrás de un patriota hay siempre un comerciante “

Gracias a M.V.F.

Madrid Plaza de la Independencia n°8. Casas Salabert. Conjunto de tres edificios en la esquina de la calle Alfonso XII y la Plaza de la Independencia 1878. (Francisco de Cubas 1826-1899) Ahí nació José Bergamín.

Miquel Martí i Pol 1929 – 2003

Joie de la parole. (Traduction de Patrick Gifreu). Orphée, La Différence,1993.

Invitació a la dansa

Amb penes i treballs mantinc intacte un vell reducte que amb el pas del temps s’ha convertit en una fortalesa.
Parapetat darrere el que he perdut, lúcidament defenso el privilegi de ser qui sóc, d’escriure com escric i de viure com visc, sempre que el cos se’m conservi en uns mínims acceptables.
Ara que l’agost bat els seus metalls amb una escandalosa desmesura, jo em refugio en la solemnitat que s’ha integrat en mi i em representa.

Després, els déus diran per quin camí i amb quina gent he de seguir la ruta;
Dòcil i greu allargaré les mans per aprendre el nou ritme de la pluja.

Després de tot (1990-2002). Premio Laureà Melà.

Barcelona. Monumento al libro (Joan Brossa 1919 – 1998), 1994.

Miquel Martí i Pol est un poète espagnol d’expression catalane. Il est né le 19 mars 1929 à Roda de Ter (Catalogne, Espagne). il est mort le 11 novembre 2003 à Vic (Catalogne, Espagne).
Fils d’ouvriers, il commence à travailler à l’âge de 14 ans dans une usine textile de sa ville. A 19 ans, il est atteint d’une tuberculose pulmonaire, ce qui le maintient alité. Il lit énormément. Sa poésie des années 50 est simple. Elle exprime le sentiment amoureux.
Dans les années 1960, il commence à être connu pour ses poèmes engagés et réalistes. Il milite alors au PSUC clandestin (Partido Socialista Unificado de Cataluña). Atteint de sclérose multiple, il est obligé de cesser de travailler en 1973. Sa poésie devient plus intérieure et intimiste. Elle exprime aussi sa lutte contre la maladie. Il devient un des poètes catalans les plus lus et les plus populaires. Ses poèmes sont chantés par des interprètes tels que Lluís Llach, María del Mar Bonet, Teresa Rebull, Arianna Savall.

Ses œuvres complètes sont publiées en quatre volumes de 1989 à 2004. Il a reçu en 1991 le Prix d’Honneur des Lettres catalanes.

Barcelone. Monument au livre (Joan Brossa 1919 – 1998), 1994. Plaque avec la signature de Miquel Martí i Pol, installée par la Corporation des Libraires de Barcelone en 1998.

Primo Levi

Primo Levi. 1987.

Primo Levi est né le 31 juillet 1919 à Turin. Il est mort le 11 avril 1987 à Turin à la suite d’une chute dans l’escalier intérieur de son immeuble. Il se serait suicidé.

Issu d’une vieille famille juive libérale du Piémont, il obtient un doctorat en chimie, mais ne peut trouver d’emploi stable en raison des lois raciales de l’Italie fasciste de Mussolini.

Il est arrêté le 13 décembre 1943 en tant que membre du mouvement de résistance Giustizia e Libertà. Il est déporté ensuite comme juif à Auschwitz et y est détenu du 22 février 1944 à la libération du camp, le 27 janvier 1945 sous le matricule 174.517. De son convoi de 650 personnes, seulement 20 personnes survivront.

Il écrit Si c’est un homme (Se questo è un uomo) entre décembre 1945 et janvier 1947. Le manuscrit est refusé une première fois par Giulio Einaudi, Cesare Pavese, Natalia Ginzburg. Il est publié le 11 octobre 1947 à 2 500 exemplaires par la petite maison d’édition De Silva. Italo Calvino, dans le journal communiste L’Unità, estime que ces pages comptent « parmi les plus belles sur la ­littérature de la seconde guerre mondiale ». Le livre reste pourtant confidentiel jusqu’en 1963, année de la publication de La Trève (La Tregua) qui raconte le périple du retour de l’auteur en Italie.

Se questo è un uomo est alors vendu à près de cent mille exemplaires et est traduit en plusieurs langues, dont l’allemand. Le livre est un des grands témoignages sur l’horreur de la Shoah.

Si c’est un homme. Présentation de l’édition scolaire.

«Je serai heureux si je sais que ne serait-ce qu’un seul de mes nouveaux lecteurs a compris combien il est dangereux, le chemin qui part du fanatisme nationaliste et de l’abdication de la raison.»

Si c’est un homme (Se questo è un uomo). Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger. Julliard, 1987.

“Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter”

Rongé par la soif, l’auteur se saisit d’un bloc de glace qu’il espère pouvoir lécher:
«[…] je n’ai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. «Warum?», dis-je dans mon allemand hésitant. «Hier ist kein warum» [Ici, il n’y a pas de pourquoi]»

“Je suis juif parce que le sort a voulu que je naisse juif. Je n’en rougis pas et je ne m’en glorifie pas. Etre juif pour moi, c’est une question d’«identité», une «identité» à laquelle, je dois le préciser, je n’ai pas l’intention de renoncer”.

Couverture originale de Se questo è un uomo (1947) illustrée par un dessin de Goya.

Franz Kafka

Recueils, nouvelles et récits publiés en librairie. Nouvelles et récits. Oeuvres complètes, I. Bibliothèque de la Pléiade. NRF. 2018. Édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre.


Désir de devenir un Indien
«Si seulement on était un Indien, tout de suite prêt, et que sur le cheval au galop, incliné en l’air, on était pris et repris par de brefs tremblements au-dessus du sol trépidant, jusqu’au moment où on lâchait les éperons, car il n’y avait pas d’éperons, où on envoyait promener les rênes, car il n’y avait pas de rênes, et où on voyait à peine la campagne devant soi, telle une lande tondue à ras, en ayant déjà plus d’encolure ni de tête de cheval.»
Publié en 1912 dans le recueil Betrachtung.

Franz Kafka, 1906.

Charles Baudelaire

Charles Baudelaire (Gaspard Félix Tournachon, dit Nadar)

Deux textes très connus de Baudelaire:

XLVII. Harmonie du soir

Voici venir les temps ou vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir;
Valse mélancolique et langoureux vertige!


Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige;
Valse mélancolique et langoureux vertige!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.


Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir!
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.


Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige!
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!


Les Fleurs du Mal, 1861.

I – L’Etranger
“Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère? Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. –

  • Tes amis?
  • Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
  • Ta patrie?
  • J’ignore sous quelle latitude elle est située.
  • La beauté?
  • Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
  • L’or?
  • Je le hais comme vous haïssez Dieu.
  • Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger?
  • J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages!”
    Petits poèmes en prose Le Spleen de Paris. 1869.
    Eugène Boudin, Le roi des ciels.
Baigneurs sur la plage de Trouville (Eugène Boudin). 1869. Paris, Musée d’ Orsay.

Juan Ramón Jiménez 1881 – 1958

Juan Ramón Jiménez.

Patria

¿De dónde es una hoja
transparente de sol?
—¿De dónde es una frente
que piensa, un corazón que ansía?—
¿De dónde es un raudal
que canta?

La realidad invisible (1917-1924)

Patrie

D’où vient une feuille
transparente de soleil ?
— D’où vient un front
qui pense, un coeur qui désire ? —
D’où vient un torrent
qui chante?

Juan Ramón Jiménez est né à Moguer, en Andalousie, le 23 ou 24 décembre 1881. Il est mort le 29 mai 1958 en exil à San Juan (Porto Rico). Son récit poétique le plus célèbre est Platero y yo (Elégie andalouse) publié en 1917. Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1956 .

Les éditions José Corti dans leur collection Ibériques, dirigée par Bertrand Fillaudeau, ont publié dans de belles éditions bilingues certains recueils de ce grand poète, connu aussi pour son mauvais caractère.

Espace, 1988.
Fleuves qui s’en vont, 1990.
Pierre et ciel, 1990.
Été, 1997.
Éternités, 2000.
Poésie en vers, 2002.
Beauté, 2005.

Cesare Pavese 1908 – 1950

Cesare Pavese.

Fin de l’imagination

Ce corps ne revivra jamais plus. Quand on touche ses yeux,
on sent qu’une poignée de terre est plus vivante, car la terre,
même à l’aube, se tait, simplement, repliée sur elle-même.
Un cadavre au contraire, c’est le reste de trop nombreux éveils.

Nous avons cette seule vertu: commencer
chaque jour notre vie – devant la terre,
sous un ciel silencieux – dans l’attente d’un éveil.
Certains sont stupéfaits que l’aube soit si dure;
d’éveil en éveil un travail s’accomplit.
Mais nous vivons seulement pour un frisson d’où naît
notre travail futur, pour réveiller la terre une fois.
Ce qui arrive parfois. Puis elle se tait à nouveau comme nous.

Si la main effleurant ce visage n’était gauche
– main vivante qui sent au toucher ce qui vit -,
si ce froid n’était vraiment que le froid
de la terre, dans l’aube qui glace la terre,
peut-être serait-ce un éveil, et les choses qui se taisent
à l’approche de l’aube, parleraient encore. Mais ma main
est tremblante et plus qu’à tout ressemble à une main immobile.

D’autres fois s’éveiller en pleine aube, c’était
une douleur brutale, un spasme de lumière,
mais c’était malgré tout une libération. L’avare parole
de la terre était gaie, pendant un bref instant,
et mourir c’était encore y revenir. Le corps qui attend maintenant
n’est qu’un vestige d’éveils trop nombreux et il ne revient plus
à la terre. Et les lèvres durcies ne le disent même pas.

Travailler fatigue/La mort viendra et elle aura tes yeux. Poésie/ Gallimard (Traduction Gilles de Van). 1969.

Fine della fantasia

Questo corpo mai più ricomincia. A toccargli le occhiaie
uno sente che un mucchio di terra è più vivo,
ché la terra, anche all’alba, non fa che tacere in se stessa.
Ma un cadavere è un resto di troppi risvegli.

Non abbiamo che questa virtù: cominciare
ogni giorno la vita – davanti alla terra,
sotto un cielo che tace – attendendo un risveglio.
Si stupisce qualcuno che l’alba sia tanta fatica;
di risveglio in risveglio un lavoro è compiuto.
Ma viviamo soltanto per dare in un brivido
al lavoro futuro e svegliare una volta la terra.
E talvolta ci accade. Poi torna a tacere con noi.
Se a sfiorare quel volto la mano non fosse malferma
viva mano che sente la vita se tocca –
se davvero quel freddo non fosse che il freddo
della terra, nell’alba che gela la terra,
forse questo sarebbe un risveglio, e le cose che tacciono
sotto l’alba, direbbero ancora parole. Ma trema
la mia mano, e di tutte le cose somiglia alla mano
che non muove.

Altre volte svegliarsi nell’alba
era un secco dolore, uno strappo di luce,
ma era pure una liberazione. L’avara parola
della terra era gaia, in un rapido istante,
e morire era ancora tornarci. Ora, il corpo che attende
è un avanzo di troppi risvegli e alla terra non torna.
Non lo dicon nemmeno, le labbra indurite.

1933

Poesie del disamore (1934 – 1938)

Torino, Albergo Roma e Rocca Cavour. Piazza Carlo Felice, 60, Cesare Pavese s’est suicidé dans cet hôtel le 27 août 1950

Juan Rulfo 1917 – 1986

Juan Rulfo. Autoportrait.

Juan Rulfo (Juan Nepomuceno Carlos Pérez Rulfo Vizcaíno) est né à Sayula, une petite localité de l’état de Jalisco au Mexique le 16 mai 1917.

Il passe son enfance dans un orphelinat de Guadalajara car son père et de nombreux membres de sa famille ont été assassinés en 1923 pendant la guerre des Cristeros (1923-1927).

En 1947, il épouse Clara Angelina Aparicio Reyes (née 12 août 1928). Ils auront quatre enfants: Claudia Berenice, Juan Francisco, Juan Pablo et Juan Carlos.

Cet écrivain, scénariste et photographe mexicain, a publié essentiellement un recueil de 17 nouvelles, Le Llano en flammes (1953), qui traite de la vie des paysans de la région de Jalisco dans une nature aride et hostile et un roman, Pedro Páramo (1955), qui traite de la confusion entre le monde des morts et des vivants. Il reflète bien la fascination qu’entretiennent les Mexicains avec la mort (cf. la fête des morts).

C’est un des grands écrivains latino-américains du XX ème siècle. Son œuvre marque un tournant dans la littérature mexicaine. avec lui, c’est la fin du roman révolutionnaire (Martín Luis Guzmán, Francisco L. Urquizo et Mariano Azuela). Pedro Páramo a eu aussi une très grande influence sur les romanciers du boom latino-américain (Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa)

Juan Rulfo s’éloigne pourtant ensuite de l’écriture et travaille pour la télévision. Il finit sa carrière comme directeur éditorial de l’Instituto Indigenista de México, comparable au Bureau des affaires indiennes.

Il meurt à Mexico le 8 janvier 1986.

  • Le llano en flammes, Gallimard, 2001 ( El llano en llamas, 1953), Traduction: Gabriel Iaculli, 17 nouvelles.
  • Pedro Páramo, Gallimard, 1959 (Pedro Páramo, 1955). Traduction: Roger Lescot, roman. Nouvelle traduction, 2005: Gabriel Iaculli. Gallimard.
  • Le coq d’or, Gallimard, coll. «L’Imaginaire», 2009 ( El gallo de oro, 1980. Réédition 2010), Traduction: Gabriel Iaculli, roman. Écrit entre 1956 et 1958.
Clara Aparicio de Rulfo (Juan Rulfo) vers 1948.

Clara Aparicio, la veuve de Juan Rulfo a fait publier en 2000 81 lettres que son mari lui a envoyées entre 1944 y 1950.

Correspondance de Juan Rulfo. Aire de las colinas: Cartas a Clara (Editorial Sudamericana, 2000, Buenos Aires; Plaza Janés, México; Debate, Espagne)

México, 10 de enero de 1945

Muchachita:

No puedo dejar pasar un día sin pensar en ti. Ayer soñé que tomaba tu carita entre mis manos y te besaba. Fue un dulce y suave sueño. Ayer también me acordé de que aquí habías nacido y bendije esta ciudad por eso, porque te había visto nacer.
No sé lo que está pasando dentro de mí; pero a cada momento siento que hay algo grande y noble por lo que se puede luchar y vivir. Ese algo grande, para mí, lo eres tú. Esto lo he sabido desde hace mucho, más ahora que estoy lejos lo he ratificado y comprendido.
Estuve leyendo hace rato a un tipo que se llama Walt Whitman y encontré una cosa que dice:

El que camina un minuto sin amor,
Camina amortajado hacia su propio funeral.

Y esto me hizo recordar que yo siempre anduve paseando mi amor por todas partes, hasta que te encontré a ti y te lo di enteramente.
Clara, mi madre murió hace 15 años; desde entonces, el único parecido que he encontrado con ella es Clara Aparicio, alguien a quien tú conoces, por lo cual vuelvo a suplicarte le digas me perdone si la quiero como la quiero y lo difícil que es para mí vivir sin ese cariño que ella tiene guardado en su corazón.
Mi madre se llamaba María Vizcaíno y estaba llena de bondad, tanta que su corazón no resintió aquella carga y reventó.
No, no es fácil querer mucho.
Juan