Roberto Villagraz (Madrid 1951-2002)

Periodistas leyendo El País en el Hotel Palace de Madrid. 23 de febrero de 1981. Roberto Villagraz en el centro entre ellos.

Il y a 16 ans s’en allait notre beau-frère, le photographe Roberto Villagraz. Il nous manque. Nous pensons aussi à notre soeur Concha et à ses enfants Lola y Lucas.

Hace 16 años falleció nuestro cuñado, el fotógrafo Roberto Villagraz. Le echamos de menos. Pensamos también en nuestra hermana Concha y en sus hijos Lola y Lucas…

J.T. et C.F

Cet article de Joaquín Vidal fut publié dans El País le samedi 19 octobre 2002.

Este artículo de Joaquín Vidal se publicó en la edición de El País del Sábado, 19 de octubre de 2002:

“A Roberto Villagraz (Madrid 1951-2002) se le ha conocido por sus fotos. No mucho; algo, una cosa de iniciados, tras casi un cuarto de siglo trabajando en muy diferentes medios de comunicación. Se conoce mucho alguna imagen suya: El Cojo Manteca arrasando el mobiliario urbano tras una manifestación estudiantil mediados los años ochenta, por ejemplo. Aparece, barbudo, serio y circunspecto, en una foto histórica del 23-F, en la que los periodistas leen en la escalinata del hotel Palace una edición histórica de El PAÍS. Tiene muchos trabajos premiados, imágenes memorables, pero no buscaba esa foto feliz, ese instante de gloria que lo perpetuaría como fotógrafo cumbre.

‘Esto es un puzzle’, aseguraba a la hora de enfocar un reportaje. Y la teoría del puzzle siempre apareció detrás de cada uno de los más de 100 reportajes que hicimos juntos en la revista Interviú. Pero aún no estaban encajadas todas las piezas. Roberto Villagraz ha sido un reportero de mirada miope, que quería contar una historia grande: la de un país que es blanco y negro, un lado al sol y otro que se ha dado en llamar la España negra; y se le ha quedado inacabada. De ahí memorables trabajos incrustado y enfangado en expediciones a Lourdes, trashumando con rebaños de ovejas, con la Legión, o retratando fronteras imposibles en la España africana.

La notoriedad le llegó, en cierto modo, con un viaje que surgió en Interviú. La guerra de Kosovo permitió a Roberto retratar con toda la hermosura de una mirada sensible un drama de barro, miseria y putrefacción, pero sobre todo de personas.

Se conocen sus fotos, que seguro se volverán a ver muchas veces, pero estaría bien que se supiera que esa mirada miope de gafas de alambre redondas se completaba con una enormidad de persona, arisco por tímido, entrañable hasta el dolor con su familia, los amigos y cada historia que se encontraba. Todo esto aderezado con una voz muy profunda de fumador empedernido. Roberto Villagraz, con 50 años, aseguraba con mucha sorna que era ‘un proyecto de gran fotógrafo’. No era un proyecto, el gran fotógrafo estaba aquí y ha muerto sin que algunos se enteraran.”

(Este artículo de Joaquín Vidal se publicó en la edición de El País del Sábado, 19 de octubre de 2002)

El «Cojo» Manteca (Roberto Villagraz). 23 de enero de 1987. Interviú.

Manuel Vázquez Montalbán (1939 – 2003)

Manuel Vázquez Montalbán.

Il y a 15 ans, le 18 octobre 2003, mourait à Bangkok Manuel Vázquez Montalbán, un des pionniers du roman noir en Espagne, créateur du personnage de Pepe Carvalho.

Ses articles dans la presse espagnole me manquent.

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Hace 15 años, murió en Bangkok Manuel Vázquez Montalbán, uno de los pioneros de la novela negra en España, creador del detective Pepe Carvalho.

Echo de menos sus artículos en la prensa española.

Marceline Loridan-Ivens née Rozenberg

Marceline Loridan-Ivens.

Marceline Loridan-Ivens est née Rozenberg à Epinal (Vosges) le 19 mars 1928. Elle est morte le 18 septembre 2018 à 90 ans, à l’hôpital Saint-Antoine. Elle est décédée le soir de Kippour, le jour du grand pardon dans le judaïsme.

29 février 1944 Arrêtée parce que juive. Emprisonnée à Avignon et Marseille.

1 avril 1944 Conduite en train au camp de Drancy.

13 avril 1944 Déportée avec Simone Veil (née Jacob) au camp d’Auschwitz-Birkenau dans le convoi 71. Matricule 78 750. 1500 personnes dans le convoi dont 148 enfants de moins de 12 ans . 1100 personnes de ce convoi sont «sélectionnées» pour être assassinées dans les heures qui suivent leur arrivée. Marceline Loridan-Ivens passe sept mois à Auschwitz-Birkenau.

Novembre 1944 Evacuée vers le camp de Bergen-Belsen.

Février 1945 Elle se retouve au Kommando de Raguhn, dépendant du camp de Buchenwald.

Avril 1944 Déplacée vers le camp-ghetto de Theresienstadt (aujourd’hui Terezín en République tchèque). Le 3 mai 1945, le contrôle du camp est donné par les Allemands à la Croix-Rouge. Il est ensuite remis aux Soviétiques le 9 mai 1945.

1955 Brève aventure avec l’écrivain Georges Perec (1936-1982). Adhère au PCF qu’elle quitte un an plus tard.

1961 Long monologue dans Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin.

1963 Épouse le documentariste néerlandais Joris Ivens (1898-1989).

1968 Coréalise avec Joris Ivens au Vietnam Le 17e parallèle.

De 1972 à 1976, pendant la révolution culturelle déclenchée par le président Mao Zedong, Joris Ivens et Marceline Loridan travaillent en Chine et réalisent Comment Yukong déplaça les montagnes composé d’une série de 12 films.

2003 Sortie du film La Petite Prairie aux bouleaux (traduction française du mot allemand Birkenau) qu’elle a réalisé  avec Anouk Aimée dans son rôle.

2008 Publie Ma vie balagan (Robert Laffont), récit écrit avec la journaliste Élisabeth D. Inandiak.

Janvier 2015 Publie Et tu n’es pas revenu (Grasset) avec la collaboration de la journaliste Judith Perrignon, longue lettre à son père Salomon (Shloïme) Rozenberg né le 7 mars 1901 à Nowa Slupia (Pologne), près de Kielce, mort en déportation.

2018 Publie L’amour après (Grasset), récit sur l’amour après les camps.

Près de 76 000 juifs ont été déportés de France. Environ 3 500 d’entre eux ont survécu.

Voir le dossier inédit d’Annette Wievorka, publié dans la version de poche de Et tu n’es pas revenu en 2018.

https://entretiens.ina.fr/memoires-de-la-shoah/Loridan/marceline-loridan-ivens-nee-rozenberg/video

Elisa Serna

Elisa Serna.

Elisa Serna, une des figures emblématiques de la chanson engagée espagnole dans la lutte contre le franquisme est morte d’un infarctus à l’hôpital de Collado Villaba dans les environs de Madrid. Elle avait 75 ans. Je me souviens de ses interprétations passionnées de A desalambrar de Daniele Viglietti et de ¡A galopar! de Paco Ibáñez (poème de Rafael Alberti) dans les années 70. Je me souviens aussi de son premier disque édité grâce à Paco Ibáñez, Quejido.

Elle a été enterrée en musique aujourd’hui au cimetière San Isidro de Madrid.  “Sit tibi terra levis”

https://www.youtube.com/watch?v=nqp7kMyDDFc

La Nueve

Libération de Paris. La Nueve.

24 août 1944. Les éléments de la 2e DB du capitaine Dronne entrent dans Paris par la porte d’Italie et la porte d’Orléans. La 9 ème compagnie du régiment de marche du Tchad (surnommée la Nueve, car essentiellement constituée de républicains espagnols) est forte de 15 véhicules blindés (11 half-tracks, 4 véhicules accompagnés de 3 chars) et va se poster en renfort des FFI devant l’Hôtel de Ville, le 24 août 1944 à 21h22, pendant que les policiers parisiens actionnent le bourdon de Notre-Dame, malgré la garnison allemande encore puissante de 16 000 à 20 000 hommes; en attendant le gros de la 2e division blindée. Le soldat républicain espagnol Amado Granell est le premier «libérateur» à être reçu dans l’Hôtel de Ville par Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance.

Hoy, hace 74 años que los españoles republicanos integrantes de la 9.ª Compañía de la 2.ª División Blindada de la Francia Libre, popularmente conocida como La Nueve, liberaron París de la ocupación Nazi.
Dada su experiencia, eran la élite de las tropas de choque.

Amado Granell (1898-1972) pendant la guerre civile espagnole

L’Apporteur de l’Espoir

Paris XIII Gare d’Austerlitz. Cour des départs. L’Apporteur de l’Espoir (Denis Monfleur) 2016.

Paris XIII Gare d’Austerlitz. Cour des départs, Côté Seine.

Cette statue, sculptée dans un bloc monolithique de lave de Chambois , se trouve à l’entrée de la Gare d’Austerlitz. Elle rend hommage aux ” Brigades Internationales ” qui se sont retrouvées dans cette Gare le 22 octobre 1936 , pour aller combattre en Espagne le fascisme et défendre la République espagnole. Des volontaires venus de tous les pays se sont rassemblés là pour prendre le train. Cette sculpture a été réalisée par le sculpteur Denis Monfleur, né en 1962. Son titre ” L’Apporteur de l’Espoir ” fait référence au roman d’André Malraux ” L’Espoir “, publié en décembre 1937 chez Gallimard. C’est la plus grande statue monolithique posée à Paris depuis un siècle. Elle pèse 6 tonnes et fait 3 mètres de haut. Elle a été inaugurée le 22 octobre 2016 pour le 80 ème anniversaire de cet événement.

Sur le plan esthétique, elle donne l’impression de n’être qu’une ébauche , avec des éléments taillés ” à la serpe “.

Paris XIII, Gare d’Austerlitz. Cour des départs. L’Apporteur de l’Espoir (Denis Monfleur) 2016.

Arsène Tchakarian

Arsène Tchakarian.

Né le 21 décembre 1916 dans l’Empire ottoman, mort le 4 août 2018; arménien; résistant, responsable politique des Arméniens de la MOI pour la zone occupée; un des dirigeants des Arméniens communistes après la Libération.

Arrivé en France en 1930 après s’être d’abord réfugié en Bulgarie, Arsène Tchakarian adhéra à la CGT en 1936 puis au PCF. Dans ces années 1936-1937, il participa aux activités des prosoviétiques et communistes arméniens. Il accompagna Missak Manouchian – membre de la sous-section arménienne du Parti communiste français et du Comité central du HOK (Comité d’aide à l’Arménie, fondé à Erevan en 1921)- chercher des chaussures chez les bottiers arméniens de Valence afin de les envoyer aux républicains espagnols. Il travailla comme tailleur dans un atelier du Ve arrondissement de Paris.

En septembre 1937, Arsène Tchakarian fut incorporé dans le 109e régiment d’artillerie lourde hippomobile à Châteaudun en Eure-et-Loir puis le 182e régiment d’artillerie lourde tractée de 155 à Vincennes en mars 1938. Il est toujours sous les drapeaux lorsque la guerre fut déclarée. Son régiment fut envoyé dans l’est de la France où il ne sera pas vraiment confronté au feu. Peu à peu l’artillerie recula jusqu’à Nîmes où il fut démobilisé en août 1940.

Démobilisé en 1940, il fut recruté en 1941 par Manouchian, devenu responsable politique des Arméniens de la MOI pour la zone occupée. C’est également Manouchian qui le sélectionna dans les FTP-MOI en décembre 1942 lorsqu’il reçut l’ordre de passer à la lutte armée. C’est en compagnie de Tchakarian et de Marcel Rayman que Manouchian effectua sa première action armée qui visa un détachement de Feldgendarmes à Levallois le 17 mars 1943. Au cours des mois suivants, et jusqu’à l’arrestation de son chef Manouchian en novembre 1943, Tchakarian prit part à six actions. Il réussit à échapper au coup de filet qui décima les FTP-MOI parisiens et se planqua chez des «légaux» arméniens puis gagna Bordeaux.

En 1944, il avait été protégé par des policiers résistants français qui lui trouvèrent une planque avant que celui-ci ne parte en mission de renseignement à Mérignac (aérodrome de Bordeaux 33) pour le compte de la résistance.

Dès la fin de la guerre, il apparut au sein de la communauté arménienne comme une figure du mouvement prosoviétique et communiste qui se réorganisait autour de la JAF (Jeunesse arménienne de France) puis de l’UCFAF (Union culturelle française des Arméniens de France).

Le 2 juillet 1985, Arsène Tchakarian fut invité sur le plateau de l’émission d’Antenne 2 Les Dossiers de l’écran et participa au débat qui fait suite à la diffusion du documentaire de Mosco Boucault Des terroristes à la retraite. Défenseur virulent du PCF, il s’insurgea contre la thèse du film qui rendait le Parti responsable de la chute des FTP-MOI parisiens. En réaction, il publia l’année suivante chez Messidor un ouvrage préfacé par Roger Bourderon, Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge. Il y accusait Boris Holban* (chef militaire des FTP-MOI parisiens jusqu’en août 1943) d’être responsable de la chute des FTP-MOI parisiens.

En 1996, Arsène Tchakarian devint président du Mouvement des Arméniens de France pour le Progrès (MAFP). Cette association rassemblait alors les anciens membres de la Commission Nationale Arménienne qui avait été supprimée par le PCF peu avant la chute de l’URSS. Consultant auprès de la Commission du Mont-Valérien, il intervint régulièrement dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage sur la Résistance. En mars 2012, il fut élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur et décoré par Nicolas Sarkozy dans les salons de l’Élysée. Outre Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge, Arsène Tchakarian est également l’auteur des Fusillés du Mont-Valérien(Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991) et des Commandos de l’Affiche Rouge (Éditions du Rocher, 2012).

Titulaire de la Légion d’honneur depuis 2012, il mourut à 101 ans. Son décès fut signalé par les radios et la presse quotidienne.

OEUVRE: Arsène Tchakarian, Les Francs-Tireurs de l’Affiche rouge, Paris, Messidor, 1986, 250 p. —Fusillés du Mont-Valérien (Comité national du souvenir des fusillés du Mont-Valérien, 1991). —Les Commandos de l’Affiche Rouge, Paris, Editions du Rocher, 2012, 297 p.

SOURCES: Entretien avec Arsène Tchakarian, Vitry, 9 mars 2007. — Émile Témime, «Des hommes dans la tourmente. Les Arméniens en France dans la Seconde Guerre mondiale», Les Arméniens de Valence, Histoire et mémoire, Revue drômoise N° 515, 2005.

Mémoires: Dr Haïg Kaldjian, Odisséeus aksoragan : houcher (Mon odyssée de l’exil : mémoires), Erevan, Union des écrivains d’Arménie, Editions Nor Tar, 2004, 604 p. ; Diran Vosguiritchian, Hay artsagazeneri me houchére (Les mémoires d’un franc-tireur arménien), Beyrouth, Doniguian, 1974, 351 p.

Ouvrage soviétique: Tigran Drampian, Françahay komounisdnere dimadroutsian darinerin 1941-1944 (Les communistes arméniens de France dans la Résistance, 1941-1944), Erevan, Editions Midk, 1967. — Source Arsène Tchakarian, Arsène Tchakarian et confirmé par un des policier qui l’a protégé. Entretiens avec Michel Violet 2016.

Pour citer cet article :
http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article177729, notice 1.TCHAKARIAN Arsène par Astrig Atamian, version mise en ligne le 6 janvier 2016, dernière modification le 6 août 2018.

Samuel Beckett

Portrait de Samuel Beckett . Graffiti sur un mur a Portobello road, Londres .

A un de ses amis poète qui lui demandait des nouvelles, Samuel Beckett répondait: «Ça va, ça va… sans que je sache vraiment où.»

Jean-Jacques Rousseau

Rousseau herborisant à Ermenonville (Georg Friedrich Meyer) 1778

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville.

«Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes et nul ne peut s’assurer qu’il aimera demain ce qu’il aime aujourd’hui. Ainsi tous nos projets de félicité pour cette vie sont des chimères. Profitons du contentement d’esprit quand il vient; gardons-nous de l’éloigner par notre faute, mais ne faisons pas des projets pour l’enchaîner, car ces projets-là sont de pures folies. J’ai peu vu d’hommes heureux, peut-être point ; mais j’ai souvent vu des cœurs contents, et de tous les objets qui m’ont frappé c’est celui qui m’a le plus contenté moi-même. Je crois que c’est une suite naturelle du pouvoir des sensations sur mes sentiments internes. Le bonheur n’a point d’enseigne extérieure; pour le connaître, il faudrait lire dans le cœur de l’homme heureux; mais le contentement se lit dans les yeux, dans le maintien, dans l’accent, dans la démarche, et semble se communiquer à celui qui l’aperçoit. Est-il une jouissance plus douce que de voir un peuple entier se livrer à la joie un jour de fête, et tous les cœurs s’épanouir aux rayons expansifs du plaisir qui passe rapidement, mais vivement, à travers les nuages de la vie?»
Extrait de la «Neuvième Promenade», Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782).