Julien Gracq – Edward Burne-Jones – André Delvaux

Le Roi Cophétua et la servante mendiante (Edward Burne-Jones) (1884). Londres, Tate Britain.

Le Roi Cophétua et la servante mendiante (1884) est une des toiles les plus célèbres du peintre préraphaélite anglais, Edward Burne-Jones (1833-1898), qui se trouve à la Tate Gallery, à Londres ( 2m93 x 1m36). Le personnage du Roi Cophétua provient de la légende des ballades anglaises. Plusieurs allusions apparaissent dans l’oeuvre de Shakespeare dans Roméo et Juliette (II, 1), Henri IV, Love’s Labour’s Lost, (IV, 1) où Pénélophon porte parfois le nom de Zénélophon. Il existe aussi un poème d’Alfred Tennyson, The Beggar Maid (1833).

Cophétua était un roi africain très riche qui avait une absence totale d’attirance sexuelle ou amoureuse pour qui que ce soit. Un jour pourtant, alors qu’il était accoudé à la fenêtre de son palais, il vit passer une jeune mendiante. Ce fut le coup de foudre. Cophétua décida qu’il devrait épouser cette jeune femme ou se suicider. Il parcourut la ville offrant quelques pièces de monnaie aux mendiants pour essayer d’avoir plus de renseignements sur la jeune femme. Il n’obtint que peu de détails. Elle s’appelait Pénélophon. Vêtue de haillons, elle mendiait pour vivre. Finalement Cophétua la rencontra à nouveau et lui proposa de l’épouser. Étonnée, Pénélophon accepta. Elle perdit rapidement ses anciennes habitudes et devint une reine aimée. Le couple vécut une vie sans histoire et à leur mort ils furent enterrés dans la même tombe.

Julien Gracq a vu ce tableau à Londres lorsqu’il avait 19 ans. La description qu’il en fait dans la nouvelle est bien différente du tableau.

« Je profitai d’un moment où la servante venait de sortir pour me lever et approcher le flambeau du mur. Je ne voulais pas être surpris ; je craignais déjà de rompre le sombre charme de ce dîner silencieux.
Les couleurs du tableau étaient foncées et le jaune cireux du vernis écaillé qui avait dû le recouvrir en couches successives, égalisant et noyant les bruns d’atelier, lui donnait un aspect déteint et fondu qui le vieillissait, quoique la facture très conventionnelle – qui n’eût pas dépareillé un Salon du temps de Grévy ou de Carnot – n’en fût visiblement guère ancienne. Je dus approcher le flambeau tout près pour le déchiffrer. De la pénombre qui baignait le coin droit, au bas du tableau, je vis alors se dégager peu à peu un personnage en manteau de pourpre, le visage basané, le front ceint d’un diadème barbare, qui fléchissait le genou et inclinait le front dans la posture d’un roi mage. Devant lui, à gauche, se tenait debout – très droite, mais la tête basse – une très jeune fille, presque une enfant, les bras nus, les pieds nus, les cheveux dénoués. Le front penché très bas, le visage perdu dans l’ombre, le verticalité hiératique de la silhouette pouvaient faire penser à quelque Vierge de la Visitation, mais la robe n’était qu’un haillon blanc déchiré et poussiéreux, qui pourtant évoquait vivement et en même temps dérisoirement une robe de noces. Il semblait difficile de se taire au point où se taisaient ces deux silhouettes paralysées. Une tension que je localisait mal flottait autour de la scène inexplicable : honte et confusion brûlante, panique, qui semblait conjurer autour d’elle la pénombre épaisse du tableau comme une protection – aveu au-delà des mots – reddition ignoble et bienheureuse – acceptation stupéfiée de l’inconcevable. Je restai un moment devant le tableau, l’esprit remué, conscient qu’une accommodation nécessaire se faisait mal. Le visage du roi More me poussait à chercher du côté d’Othello, mais rien dans l’histoire de Desdémone n’évoquait le malaise de cette annonciation sordide. Non. Pas Othello. Mais pourtant Shakespeare…Le Roi Cophetua ! Le roi Cophetua amoureux d’une mendiante.
When King Cophetua loved the beggar maid. » (Julien Gracq, Oeuvres complètes II. NRF, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade. Pages 508-509.

Anna Karina dans Rendez-vous à Bray d’André Delvaux (1971).

Rendez-vous à Bray d’André Delvaux est un film produit par Mag Bodard. Il est sorti en 1971 et a obtenu le Prix Louis-Delluc. J’ai pu le revoir en DVD ces jours derniers. Photographie : Ghislain Cloquet. Distribution : Anna Karina, Bulle Ogier, Mathieu Carrière, Roger Van Hool, Martine Sarcey, Pierre Vernier, Bobby Lapointe, Luce Garcia-Ville, Jean Bouise, Nella Bielski, Léonce Corne, Hugues Quester.

Jour de la Toussaint 1917. Profitant de son statut de ressortissant d’un pays neutre, Julien Eschenbach (Mathieu Carrière), jeune pianiste et critique musical luxembourgeois, exerce son métier à Paris alors que ses amis sont au front. Il reçoit un jour un télégramme de son ami Jacques Nueil (Roger van Hool), pilote de guerre français, qui l’invite pour le week-end à La Fougeraie, sa maison de famille à Bray. Le village est situé à l’arrière du front. Julien y est accueilli par une jeune servante mystérieuse (Anna Karina). Alors que son ami se fait attendre, Julien, intrigué par la jeune femme, plonge dans ses souvenirs…

André Delvaux n’utilise pas la convention de la voix-off. Il s’éloigne du texte de Julien Gracq. Il invente un passé à son héros. Ces scènes de bonheur et de gaieté contrastent fortement avec sa visite dans la maison des ombres. La peinture (Burne-Jones, Goya, les peintres flamands et surréalistes), la musique ( Intermezzi de Johannes Brahms, César Franck, Frédéric Devreese), le cinéma (Le Fantômas de Louis Feuillade et le cinéma muet, les ouvertures à l’iris, les allusions à la Nouvelle Vague) jouent un grand rôle dans ce film. Jeune étudiant au Conservatoire de Bruxelles, André Delvaux accompagnait au piano les classiques du muet à la Cinémathèque Royale de Belgique. On retrouve cette anecdote dans une belle scène du film. La narration balance constamment entre rêve et réalité.

https://www.editionsmontparnasse.fr/video/1KVvV7

Suite de http://www.lesvraisvoyageurs.com/2023/07/31/julien-gracq-francisco-de-goya/

El concurso de cante jondo de 1922

Affiche du premier Concurso de Cante Jondo, canto primitivo andaluz, Grenade, 1922 ( Manuel Ángeles Ortiz y Hermenegildo Lanz ).

En 1922, Manuel de Falla, qui vit à Grenade depuis deux ans, met sur pied, avec certains de ses amis , un événement musical exceptionnel. Il s’agit de sauver le chant primitif andalou (el cante jondo) qui était en train de disparaître en même temps que les vieux cantaores. Il était aussi menacé par la dérive commerciale de certaines tavernes.

Le 13 et le 14 juin 1922 a lieu sur la Place de los Aljibes de l’Alhambra un concours, ouvert seulement aux amateurs. Les prix s’élèvent à 8.500 pesetas. Selon l’idée un peu naïve de Falla, il va permettre de sauver cette musique pure et primitive.

Parmi les participants se trouvent Ignacio Zuloaga, Miguel Cerón Rubio, Manuel Ángeles Ortiz, Ramón Gómez de la Serna, Santiago Rusiñol et Federico García Lorca. Ce dernier lit sa conférence Importancia histórica y artística del primitivo canto andaluz, llamado cante jondo qu’il avait déjà présenté une première fois au Centre Artistique de Grenade le 19 février 1922. Il publiera en 1931 son recueil Poema del cante jondo dont les poèmes ont été rédigés en 1921. Tous ont dans l’idée de protéger cette musique populaire et pensent que le cante jondo peut être source de création innovante.

Pastora Pavón “La Niña de los Peines”, Antonio Chacón, Ramón Montoya, La Gazpacha, Manolo Caracol (Manuel Ortega Juárez), Manuel Torre sont présents. C’est Diego Bermúdez Cala “El Tenazas de Morón” qui remporte la plus haute récompense.

“Ce furent de grandes journées au cours desquelles non seulement des intellectuels de tout le pays, mais aussi des personnalités de grande influence dans la culture européenne se sont réunis dans la ville pour exalter et ennoblir la richesse de l’art flamenco et lui donner la visibilité et la valeur nécessaires pour promouvoir sa conservation et mettre une si belle manifestation culturelle au même niveau que les autres arts reconnus comme tels”.

L’historien Maurice Legendre (1878-1955), un des initiateurs de l’hispanisme, ami de Miguel de Unamuno et proche de Manuel Falla, declare dans la revue catholique Le Correspondant du 10 juillet 1922 : “Ahora podemos decir que el canto hondo de España está salvado. El gramófono ha grabado lo que nuestra notación musical no puede captar”.

Banquet du 16 juin 1922 dans les locaux de la Asociación de Periodistas de Granada.

Luis Cernuda – Paco Ibáñez

Á 87 ans, le chanteur Paco Ibáñez va commencer une nouvelle tournée en Espagne et en France. Elle s’appellera : «¡Nos queda la palabra!». Elle commencera au Teatro Coliseum de Madrid le 4 avril. Il chantera aussi à Barcelone, où il vit actuellement, à Valence, où il est né le 20 novembre 1934, à Palma de Mallorca au mois de juin et dans quatre villes françaises. Il chantera en castillan, catalan, galicien, français et italien.  Il sera accompagné par Mario Mas à la guitare, Joxan Goikoetxea à l’ accordéon et César Stroscio au bandonéon.

«Me apetecen mucho todos estos conciertos que hemos programado porque, en este momento tan negro que estamos viviendo, es reconfortante reencontrarme con otras almas que, como la mía, necesitan alimento».

«Porque al alma también hay que alimentarla y yo ofrezco mi repertorio a la gente para que les ayude a vivir entre tanta miseria moral y cultural».

” La palabra no sólo reconforta, también te recuerda tus valores, te da criterio, te da voluntad y te ayuda a decir ‘no, por aquí no paso’».

«Las canciones tienen que apuntar a la eternidad. Las que no saben volar no valen la pena. Si haces una canción es para que dure toda la vida».

https://www.youtube.com/watch?v=B-q1BoBV2QU

En prime, un poème peu connu du grand Luis Cernuda :

Vientres sentados (Luis Cernuda)

Con satisfacción
Como quienes saben
Como quienes tienen en su puño la verdad
Bien apresada para que no escape
Y con orgullo
Como vigilantes de vosotros mismos
Domináis a lo largo a lo ancho de la tierra
Vosotros vientres sentados.

No hay gas
No hay plomo
Que tanto levante que tanto lastre proporcione
Como vuestra seguridad deletérea
Esa seguridad de sentir vuestro saco
Bien resguardado por vuestro trasero.

Miráis a un lado y a otro
Sonreís rasgando maliciosamente la hedionda boca
Y desde allí emitís como el antiguo oráculo
Henchidas necedades
Dictámenes que se escurren entre las rendijas como ratas

Alado el pie vigoroso
El pie juvenil y vigoroso
Que derrumbará bien pronto
Ese saco henchido de fango de maldad de injusticia
Arrastrando consigo vuestro trasero y vientre
Vuestra triste persona que mancha el aire
El aire limpio y justo
Donde hoy nos levantamos
Contra vosotros todos
Contra vuestra moral contra vuestras leyes
Contra vuestra sociedad contra vuestro dios
Contra vosotros mismos vientres sentados
Con una firme espiga
A quien su propia fuerza empuja desde la tierra
Para que se abra al sol
Para que dé su fruto
Fruto de odio y de alegría
Fruto de lucha y de reposo.

La verdad está en lucha y en ella os aguardamos
Vientres sentados
Vientres tendidos
Vientres muertos.

Otros Poemas publicados e inéditos – V. Poesía completa– Volumen I.

Luis Cernuda. Séville, La Torre del Oro au bord du Guadalquivir.

Enrique Santos Discépolo 1901 – 1951

Enrique Santos Discépolo (Annemarie Heinrich), années 40.

Cambalache

Que el mundo fue y será una porquería
ya lo sé…
(¡En el quinientos seis
y en el dos mil también!).
Que siempre ha habido chorros,
maquiavelos y estafaos,
contentos y amargaos,
valores y dublé…
Pero que el siglo veinte
es un despliegue
de maldá insolente,
ya no hay quien lo niegue.
Vivimos revolcaos
en un merengue
y en un mismo lodo
todos manoseaos…

¡Hoy resulta que es lo mismo
ser derecho que traidor!…
¡Ignorante, sabio o chorro,
generoso o estafador!
¡Todo es igual!
¡Nada es mejor!
¡Lo mismo un burro
que un gran profesor!
No hay aplazaos
ni escalafón,
los inmorales
nos han igualao.
Si uno vive en la impostura
y otro roba en su ambición,
¡da lo mismo que sea cura,
colchonero, rey de bastos,
caradura o polizón!…

¡Qué falta de respeto, qué atropello
a la razón!
¡Cualquiera es un señor!
¡Cualquiera es un ladrón!
Mezclao con Stavisky va Don Bosco
y “La Mignón”,
Don Chicho y Napoleón,
Carnera y San Martín…
Igual que en la vidriera irrespetuosa
de los cambalaches
se ha mezclao la vida,
y herida por un sable sin remaches
ves llorar la Biblia
contra un calefón…

¡Siglo veinte, cambalache
problemático y febril!…
El que no llora no mama
y el que no afana es un gil!
¡Dale nomás!
¡Dale que va!
¡Que allá en el horno
nos vamo a encontrar!
¡No pienses más,
sentate a un lao,
que a nadie importa
si naciste honrao!
Es lo mismo el que labura
noche y día como un buey,
que el que vive de los otros,
que el que mata, que el que cura
o está fuera de la ley…

Paroles et musique: Enrique Santos Discépolo, 1934.

https://www.youtube.com/watch?v=vH6_jzFlkFg

Buenos Aires. Parque Chacabuco. Santos Discépolo ( 1982, Plaza Enrique Santos Discépolo)

Bob Dylan – José Emilio Pacheco

Bob Dylan.

Poeta con guitarra (José Emilio Pacheco)

A la muerte de Faulkner —dice Thomas Meehan en el «New York Times»— los críticos se dieron a buscar quién podría reemplazarlo como primer escritor de Norteamérica. Robert Lowell, Saul Bellow y Norman Mailer llegaron a finales. Pero a fines del año pasado un grupo de estudiantes afirmó que el único escritor contemporáneo a quien admiran es Bob Dylan (24 años), cantante y compositor cuyas creaciones de protesta social y personal hablan de las cosas que preocupan a los más jóvenes. “La angustia de «Herzog» [novela de Saul Bellow] nos tiene sin cuidado, así como las fantasías privadas de Norman Mailer. Lo que nos importa es la amenaza de una guerra nuclear, el movimiento en pro de los derechos civiles, la creciente plaga de conformismo, deshonestidad e hipocresía en los Estados Unidos, especialmente en Washington. Y Bob Dylan es el único que trata esos temas en una forma que tiene sentido para nosotros. Como poesía moderna creemos que sus canciones poseen gran calidad literaria. Estética y socialmente, cualesquiera de ellas —”A hard rain’s gonna fall”, por ejemplo— nos interesa más que todo un libro de Lowell.”
Naturalmente, las opiniones no alcanzan unanimidad. Un estudiante de Harvard considera “absurdo” tomar en serio la literatura de Dylan. El hecho es que Bob se ha convertido en gran personaje de la canción norteamericana, ídolo adolescente, símbolo generacional. Su aspecto es el de un beatnik con mayúscula. Parece una combinación de Harpo Marx, Carol Burnett y la juventud de Beethoven. Canta acompañándose con la guitarra o en dúo con Joan Baez y entre estrofa y estrofa, toca la armónica.
Hijo de un farmacéutico, Bob Zimmerman nació en 1941 cerca de la frontera canadiense. Su admiración por el gran poeta pre-beatnik Dylan Thomas lo hizo adoptar su nombre. A los quince años compuso su primera “folk song”, una balada de amor en homenaje a la perdurable Brigitte Bardot. En 1962 accedió a la celebridad con “Blowin’ in the wind”, himno del movimiento pro derechos civiles, entre otras canciones antibélicas y de protesta contra las injusticias sociales. Acaso Bob Dylan ha sido la influencia decisiva en la inesperada radicalización de los jóvenes y su noble rebeldía contra el racismo y la guerra en Vietnam.
Basta lo anterior para hacer admirable a Bob Dylan, para considerar seriamente sus canciones. Si el prestigio de Dylan radica más en sus letras que en sus melodías, como estilista Bob es un tanto anacrónico a juicio de sus críticos: recuerda el pseudolirismo, social de los años 30. En 1937 Clifford Odets o Maxwell Anderson pudieron haber escrito los versos de “Masters of war”, la más célebre composición antibélica de Dylan. Nadie niega que se trata de un joven de extraordinaria inteligencia y sensibilidad que además ha leído muchísimo, sobre todo poesía · clásica y moderna. Quizá su fascinación sobre los jóvenes (y los ya no tan jóvenes) radica en su altivo desafío a toda autoridad e hipocresía cotidiana. La gente “seria” lo desprecia, lo inscribe en la cultura pop y asegura que con las modas de 1966 será borrado. Los poetas, en cambio, lo aceptan y ven un signo positivo en que Bob Dylan haya puesto la poesia a la intemperie y al alcance de todos. El arte popular ha coexistido siempre con el otro. La elevación del gusto de las masas favorece el surgimiento de una gran poesia, etcétera. Mientras tanto, una canción anti-intelectualista de Bob Dylan (por consiguiente muy de acuerdo con nuestra época), “The times they are a-changin”, se ha convertido en una especie de himno subversivo de la joven generación. Nada impide que la poesia termine por donde comenzó: Bob Dylan puede ser el mero Homero de nuestros sesenta. ~

La Cultura en México, n° 205, 19 de enero de 1966, p. XVIII.

José Emilio Pacheco.

Bob Dylan – Benjamín Prado

1963.. La couverture de l’album est une photographie de Bob Dylan marchant dans la rue avec à son bras sa petite amie de l’époque, Suze Rotolo (1943-2011). Elle a été prise dans le quartier de Greenwich Village, à l’angle de Jones Street et de West 4th Street, à quelques pas de l’appartement où le couple vivait à l’époque.

Bob Dylan a fêté ses 80 ans lundi 24 mai. Robert Zimmerman, l’homme aux 600 chansons, est né le 24 mai 1941 à Duluth dans le Minnesota. Il a reçu le Prix Nobel de Littérature en 2016.

La chanson Hurricane de Bob Dylan a incité Benjamín Prado à 17 ans à écrire des poèmes.

Mi vida se llama Bob Dylan (Benjamín Prado)

Hay senderos que son una respuesta al bosque,
hay palomas que mueven los mares de la luna,
hay palabras que corren por la piel como ríos,
porque existe Bob Dylan.

Hay huellas donde pueden leerse los desiertos,
hay mujeres que sueñan con pirámides rojas,
hay canciones que tallan dioses en nuestro oído
porque existe Bob Dylan.

Hay jinetes que huyen con el sol en los ojos,
hay corazones tristes donde muere un océano,
hay caballos que agitan un polvo de otro mundo
porque existe Bob Dylan.

Hay hombres que transforman los sueños en dianas,
hay demonios ocultos en la hoja del cuchillo,
hay versos subterráneos en los papeles rotos
porque existe Bob Dylan.

Hay mañanas y noches
porque existe Bob Dylan.
Hay planetas y oxígeno
porque existe Bob Dylan.
Hay veranos e inviernos
porque existe Bob Dylan.
Porque existe Bob Dylan
hay fruta y hay leones.
Porque existe Bob Dylan
hay silencio y mercurio.
Porque existe Bob Dylan
hay antes y hay después.

Yo nunca he estado solo
porque existe Bob Dylan.

Iceberg, Editorial Visor, 2002.

Federico García Lorca – Isaac Albéniz

Federico García Lorca.

Au cimetière de Montjuich de Barcelone, le 14 décembre 1935, à l’occasion de l’inauguration, sur la tombe du musicien Isaac Albéniz (1860-1909), d’une sculpture de Florencio Quirán, Federico García Lorca lit le sonnet Epitafio a Isaac Albéniz qui fut publié à l’époque dans un journal du soir de Barcelone (Día Gráfico du 15 décembre 1935). Margarita Xirgu (1888-1969), la grande actrice de théâtre de l’époque, participe aussi à l’événement.

Epitafio a Isaac Albéniz

Esta piedra que vemos levantada
sobre hierbas de muerte y barro oscuro
guarda lira de sombra, sol maduro,
urna de canto sola y derramada.

Desde la sal de Cádiz a Granada,
que erige en agua su perpetuo muro,
en caballo andaluz de acento duro
tu sombra gime por la luz dorada.

¡Oh dulce muerto de pequeña mano!
¡Oh música y bondad entretejida!
¡Oh pupila de azor, corazón sano!

Duerme cielo sin fin, nieve tendida.
Sueña invierno de lumbre, gris verano.
¡Duerme en olvido de tu vieja vida!

Épitaphe pour Isaac Albéniz

Ce marbre maintenant que nous voyons dressé
sur les herbes de mort et le limon obscur
garde une lyre d’ombre avec un soleil mûr,
une urne solitaire de chants renversée.

Des salins de Cadix à Grenade enfermée
dans ses eaux qui lui font un perpétuel mur,
un cheval andalou incarne en fière allure
ton ombre qui soupire après le jour doré.

O doux musicien mort dont les petites mains
savaient entretisser bonté et harmonie,
pupille d’épervier, coeur parfaitement sain!

Dors, neige répandue, dors ton ciel infini.
Été décoloré, songe aux flambées d’hiver
et perds le souvenir de notre ancienne vie!

Poésies III. Sonnets et derniers poèmes. NRF. Poésie/Gallimard. Traduction: André Belamich.

https://www.youtube.com/watch?v=D_sOejOJZs0 Isaac Albéniz. Tango op.165 N°2 (André Quesne)

Retrato de Isaac Albéniz (Ramón Casas). 1894.