Miquel Martí i Pol 1929 – 2003

Miquel Martí i Pol jeune. Can Clarà. 23 septembre 1951.

Metamorfosi

De tant en tant la mort i jo som u:
mengem el pa de la mateixa llesca,
bevem el vi de la mateixa copa
o compartim amicalment les hores
sense dir res, llegint el mateix llibre.

De tant en tant la mort, la meva mort,
se’m fa present quan sóc tot sol a casa.
Aleshores parlem tranquil·lament
del que passa pel món i de les noies
que ja no puc haver. Tranquil·lament
parlem la mort i jo d’aquestes coses.

De tant en tant – només de tant en tant –
és la mort la que escriu els meus poemes
i me’ls llegeix, mentre jo faig de mort
i l’escolto en silenci, que és tal com
vull que escolti la mort quan jo lleigeixo.

De tant en tant la mort i jo som u :
la meva mort i jo som u, i el temps
s’esfulla lentament i el compartim,
la mort i jo, sense fer escarafalls,
dignament, que diríem per entendre’ns.

Després les coses tornen al seu lloc
I cadascú reprèn la seva via.

Quadern de vacances, 1976.

Métamorphose

Parfois la mort et moi ne faisons qu’un :
nous mangeons la même tranche de pain
et buvons le vin de la même coupe,
en bons amis nous partageons les heures
sans rien dire, lisant le même livre.

Parfois, je suis tout seul à la maison,
et voilà que la mort, ma mort, m’est présente.
Nous discutons alors tranquillement
des événements du monde et des filles
que je ne peux avoir. Tranquillement
nous parlons, la mort et moi, de cela.

Parfois — et seulement à ce moment —
c’est elle, la mort, qui écrit mes poèmes
et me les lit quand je tiens lieu de mort,
je l’écoute en silence, c’est ainsi
qu’elle doit m’écouter lorsque je lis.

Parfois la mort et moi ne faisons qu’un.
Ma mort et moi ne faisons qu’un, le temps
s’effeuille lentement et nous le partageons,
la mort et moi, sans faire de manières,
dignes, si je puis m’exprimer ainsi.

Puis les choses se remettent à leur place
et chacun reprend son chemin.

Cahier de vacances. (Traduit par Patrick Gifreu)

William Faulkner

William Faulkner

The Sound and the Fury, 1929.
June 2nd 1910

«When the shadow of the sash appeared on the curtains it was between seven and eight o’ clock and then I was in time again,hearing the watch. It was Grandfather’s and when Father gave it to me he said I give you the mausoleum of all hope and desire; it’s rather excruciatingly apt that you will use it to gain the reducto absurdum of all human experience which can fit your individual needs no better than it fitted his or his father’s. I give it to you not that you may remember time, but that you might forget it now and then for a moment and not spend all your breath trying to conquer it. Because no battle is ever won he said. They are not even fought. The field only reveals to man his own folly and despair, and victory is an illusion of philosophers and fools.»

Le bruit et la fureur. (Traduction Maurice-Edgar Coindreau) Editions Gallimard, 1938.

2 juin 1910

«Quand l’ombre de la croisée apparaissait sur les rideaux, il était entre sept heures et huit heures du matin. Je me retrouvais alors dans le temps, et j’entendais la montre. C’était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m’avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que douloureusement probable que tu l’emploieras pour obtenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s’en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père. Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisses l’oublier parfois pour un instant, pour éviter que tu ne t’essouffles en essayant de le conquérir. Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. Le champ de bataille ne fait que révéler à l’homme sa folie et son désespoir, et la victoire n’est jamais que l’illusion des philosophes et des sots.»

Miquel Martí i Pol 1929 – 2003

Joie de la parole. (Traduction de Patrick Gifreu). Orphée, La Différence,1993.

Invitació a la dansa

Amb penes i treballs mantinc intacte un vell reducte que amb el pas del temps s’ha convertit en una fortalesa.
Parapetat darrere el que he perdut, lúcidament defenso el privilegi de ser qui sóc, d’escriure com escric i de viure com visc, sempre que el cos se’m conservi en uns mínims acceptables.
Ara que l’agost bat els seus metalls amb una escandalosa desmesura, jo em refugio en la solemnitat que s’ha integrat en mi i em representa.

Després, els déus diran per quin camí i amb quina gent he de seguir la ruta;
Dòcil i greu allargaré les mans per aprendre el nou ritme de la pluja.

Després de tot (1990-2002). Premio Laureà Melà.

Barcelona. Monumento al libro (Joan Brossa 1919 – 1998), 1994.

Miquel Martí i Pol est un poète espagnol d’expression catalane. Il est né le 19 mars 1929 à Roda de Ter (Catalogne, Espagne). il est mort le 11 novembre 2003 à Vic (Catalogne, Espagne).
Fils d’ouvriers, il commence à travailler à l’âge de 14 ans dans une usine textile de sa ville. A 19 ans, il est atteint d’une tuberculose pulmonaire, ce qui le maintient alité. Il lit énormément. Sa poésie des années 50 est simple. Elle exprime le sentiment amoureux.
Dans les années 1960, il commence à être connu pour ses poèmes engagés et réalistes. Il milite alors au PSUC clandestin (Partido Socialista Unificado de Cataluña). Atteint de sclérose multiple, il est obligé de cesser de travailler en 1973. Sa poésie devient plus intérieure et intimiste. Elle exprime aussi sa lutte contre la maladie. Il devient un des poètes catalans les plus lus et les plus populaires. Ses poèmes sont chantés par des interprètes tels que Lluís Llach, María del Mar Bonet, Teresa Rebull, Arianna Savall.

Ses œuvres complètes sont publiées en quatre volumes de 1989 à 2004. Il a reçu en 1991 le Prix d’Honneur des Lettres catalanes.

Barcelone. Monument au livre (Joan Brossa 1919 – 1998), 1994. Plaque avec la signature de Miquel Martí i Pol, installée par la Corporation des Libraires de Barcelone en 1998.

Primo Levi

Primo Levi. 1987.

Primo Levi est né le 31 juillet 1919 à Turin. Il est mort le 11 avril 1987 à Turin à la suite d’une chute dans l’escalier intérieur de son immeuble. Il se serait suicidé.

Issu d’une vieille famille juive libérale du Piémont, il obtient un doctorat en chimie, mais ne peut trouver d’emploi stable en raison des lois raciales de l’Italie fasciste de Mussolini.

Il est arrêté le 13 décembre 1943 en tant que membre du mouvement de résistance Giustizia e Libertà. Il est déporté ensuite comme juif à Auschwitz et y est détenu du 22 février 1944 à la libération du camp, le 27 janvier 1945 sous le matricule 174.517. De son convoi de 650 personnes, seulement 20 personnes survivront.

Il écrit Si c’est un homme (Se questo è un uomo) entre décembre 1945 et janvier 1947. Le manuscrit est refusé une première fois par Giulio Einaudi, Cesare Pavese, Natalia Ginzburg. Il est publié le 11 octobre 1947 à 2 500 exemplaires par la petite maison d’édition De Silva. Italo Calvino, dans le journal communiste L’Unità, estime que ces pages comptent « parmi les plus belles sur la ­littérature de la seconde guerre mondiale ». Le livre reste pourtant confidentiel jusqu’en 1963, année de la publication de La Trève (La Tregua) qui raconte le périple du retour de l’auteur en Italie.

Se questo è un uomo est alors vendu à près de cent mille exemplaires et est traduit en plusieurs langues, dont l’allemand. Le livre est un des grands témoignages sur l’horreur de la Shoah.

Si c’est un homme. Présentation de l’édition scolaire.

«Je serai heureux si je sais que ne serait-ce qu’un seul de mes nouveaux lecteurs a compris combien il est dangereux, le chemin qui part du fanatisme nationaliste et de l’abdication de la raison.»

Si c’est un homme (Se questo è un uomo). Traduit de l’italien par Martine Schruoffeneger. Julliard, 1987.

“Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter”

Rongé par la soif, l’auteur se saisit d’un bloc de glace qu’il espère pouvoir lécher:
«[…] je n’ai pas plus tôt détaché le glaçon, qu’un grand et gros gaillard qui faisait les cent pas dehors vient à moi et me l’arrache brutalement. «Warum?», dis-je dans mon allemand hésitant. «Hier ist kein warum» [Ici, il n’y a pas de pourquoi]»

“Je suis juif parce que le sort a voulu que je naisse juif. Je n’en rougis pas et je ne m’en glorifie pas. Etre juif pour moi, c’est une question d’«identité», une «identité» à laquelle, je dois le préciser, je n’ai pas l’intention de renoncer”.

Couverture originale de Se questo è un uomo (1947) illustrée par un dessin de Goya.

Franz Kafka

Recueils, nouvelles et récits publiés en librairie. Nouvelles et récits. Oeuvres complètes, I. Bibliothèque de la Pléiade. NRF. 2018. Édition publiée sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre.


Désir de devenir un Indien
«Si seulement on était un Indien, tout de suite prêt, et que sur le cheval au galop, incliné en l’air, on était pris et repris par de brefs tremblements au-dessus du sol trépidant, jusqu’au moment où on lâchait les éperons, car il n’y avait pas d’éperons, où on envoyait promener les rênes, car il n’y avait pas de rênes, et où on voyait à peine la campagne devant soi, telle une lande tondue à ras, en ayant déjà plus d’encolure ni de tête de cheval.»
Publié en 1912 dans le recueil Betrachtung.

Franz Kafka, 1906.

Cesare Pavese 1908 – 1950

Cesare Pavese.

Fin de l’imagination

Ce corps ne revivra jamais plus. Quand on touche ses yeux,
on sent qu’une poignée de terre est plus vivante, car la terre,
même à l’aube, se tait, simplement, repliée sur elle-même.
Un cadavre au contraire, c’est le reste de trop nombreux éveils.

Nous avons cette seule vertu: commencer
chaque jour notre vie – devant la terre,
sous un ciel silencieux – dans l’attente d’un éveil.
Certains sont stupéfaits que l’aube soit si dure;
d’éveil en éveil un travail s’accomplit.
Mais nous vivons seulement pour un frisson d’où naît
notre travail futur, pour réveiller la terre une fois.
Ce qui arrive parfois. Puis elle se tait à nouveau comme nous.

Si la main effleurant ce visage n’était gauche
– main vivante qui sent au toucher ce qui vit -,
si ce froid n’était vraiment que le froid
de la terre, dans l’aube qui glace la terre,
peut-être serait-ce un éveil, et les choses qui se taisent
à l’approche de l’aube, parleraient encore. Mais ma main
est tremblante et plus qu’à tout ressemble à une main immobile.

D’autres fois s’éveiller en pleine aube, c’était
une douleur brutale, un spasme de lumière,
mais c’était malgré tout une libération. L’avare parole
de la terre était gaie, pendant un bref instant,
et mourir c’était encore y revenir. Le corps qui attend maintenant
n’est qu’un vestige d’éveils trop nombreux et il ne revient plus
à la terre. Et les lèvres durcies ne le disent même pas.

Travailler fatigue/La mort viendra et elle aura tes yeux. Poésie/ Gallimard (Traduction Gilles de Van). 1969.

Fine della fantasia

Questo corpo mai più ricomincia. A toccargli le occhiaie
uno sente che un mucchio di terra è più vivo,
ché la terra, anche all’alba, non fa che tacere in se stessa.
Ma un cadavere è un resto di troppi risvegli.

Non abbiamo che questa virtù: cominciare
ogni giorno la vita – davanti alla terra,
sotto un cielo che tace – attendendo un risveglio.
Si stupisce qualcuno che l’alba sia tanta fatica;
di risveglio in risveglio un lavoro è compiuto.
Ma viviamo soltanto per dare in un brivido
al lavoro futuro e svegliare una volta la terra.
E talvolta ci accade. Poi torna a tacere con noi.
Se a sfiorare quel volto la mano non fosse malferma
viva mano che sente la vita se tocca –
se davvero quel freddo non fosse che il freddo
della terra, nell’alba che gela la terra,
forse questo sarebbe un risveglio, e le cose che tacciono
sotto l’alba, direbbero ancora parole. Ma trema
la mia mano, e di tutte le cose somiglia alla mano
che non muove.

Altre volte svegliarsi nell’alba
era un secco dolore, uno strappo di luce,
ma era pure una liberazione. L’avara parola
della terra era gaia, in un rapido istante,
e morire era ancora tornarci. Ora, il corpo che attende
è un avanzo di troppi risvegli e alla terra non torna.
Non lo dicon nemmeno, le labbra indurite.

1933

Poesie del disamore (1934 – 1938)

Torino, Albergo Roma e Rocca Cavour. Piazza Carlo Felice, 60, Cesare Pavese s’est suicidé dans cet hôtel le 27 août 1950

Dante Alighieri

Portrait de Dante Alighieri, 1495. Genève, Collection particulière.

Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai par un forêt obscure
car la voie droite était perdue.

Ah dire ce qu’elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée!

Elle est si amère que mort l’est à peine plus ;
mais pour parler du bien que j’y trouvai,
je dirai des autres choses que j’y ai vues.

Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai,
tant j’étais plein de sommeil en ce point
où j’abandonnai la voie vraie.

Mais quand je fus venu au pied d’une colline
où finissait cette vallée
qui m’avait pénétré le cœur de peur,

Je regardai en haut et je vis ses épaules
vêtues déjà par les rayons de la planète
qui mène chacun droit par tous sentiers.

Alors la peur se tint un peu tranquille,
qui dans le lac du cœur m’avait duré
la nuit que je passai si plein de peine.

Et comme celui qui hors d’haleine,
sorti de la mer au rivage,
se retourne vers l’eau périlleuse et regarde,

Ainsi mon âme, qui fuyait encore,
se retourna pour regarder le pas
qui ne laissa jamais personne en vie.

La Divine comédie: L’Enfer, Chant I. (Traduction Jacqueline Risset, Édition Flammarion, 1985.)

Nel mezzo del commin di nostra vita
mi retrovai per una selva oscura
chè la diritta vía era smarrita

Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!

Tant’è amara che poco è più morte;
ma per trattar del ben ch’i’ vi trovai,
dirò de l’altre cose ch’i’ v’ho scorte.

Io non so ben ridir com’i’ v’intrai,
tant’era pien di sonno a quel punto
che la verace via abbandonai.

Ma poi ch’i’ fui al piè d’un colle giunto,
là dove terminava quella valle
che m’avea di paura il cor compunto,

guardai in alto, e vidi le sue spalle
vestite già de’ raggi del pianeta
che mena dritto altrui per ogne calle.

Allor fu la paura un poco queta
che nel lago del cor m’era durata
la notte ch’i’ passai con tanta pieta.

E come quei che con lena affannata
uscito fuor del pelago a la riva
si volge a l’acqua perigliosa e guata,

così l’animo mio, ch’ancor fuggiva,
si volse a retro a rimirar lo passo
che non lasciò già mai persona viva.

” Pourquoi me démolissez-vous? ” de l’Enfer de la Divine Comédie de Dante (Gustave Doré), vers 1860.

Marta Pessarrodona 1941

Marta Pesarrodona.

Nit trista de Sant Joan

No vam saltar ni l’última foguera.
Nit sense sorolls ni xiuxiueig de brases.
Nit de somnífer, letífera remor.

(¿Quant de temps ha calgut
per saber cobejar el corb
—aquest literari animalot
de color d’ala de mosca?)

Nit per no viure-la:
dolor adeu, adeu amor.
Ho havíem cremat ja tot.

La Fête de Saint-Jean (Jules Breton 1827-1906), 1875. Philadelphia Museum of Art

Joan Salvat-Papasseit 1894-1924

Joan Salvat-Papasseit.

Joan Salvat-Papasseit (1894-1924), est un écrivain et poète moderniste espagnol d’expression catalane. Influencé par Apollinaire et Marinetti, il est considéré comme le principal représentant du courant futuriste dans la littérature catalane. Il a écrit aussi de nombreux articles de critique sociale en castillan (Fumées d’usine) et en catalan.
Mort prématurément, il laisse une œuvre inclassable, empreinte d’idéalisme et formellement novatrice. Sa poésie est à la fois avant-gardiste et marquée par la tradition catalane. Son premier recueil, Poemes en ondes hertzianes (1919) est illustré par le peintre hispano-uruguayen Joaquín Torres García (1874-1949). Il publie ensuite La gesta dels estels (1922) et El poema de la rosa als llavis (1923).
La ville de Barcelone lui a rendu hommage en 1992 en érigeant sur le port, au Moll de Bosch i Alsina, une statue en bronze le représentant avec sur le socle, le poème Nocturn per a acordió. Ses poèmes ont été mis en musique et popularisés dans les années 60 par les chanteurs catalans de la Nova Cançó: Lluís Llach, Ovidi Montllor, Joan Manuel Serrat et Carles Andreu.
Joan Salvat-Papasseit est né à Barcelone le 16 mai 1894. Son père, Joan, disparaît en 1901 lors du naufrage du Montevideo, navire de la Compañía Trasatlántica Española qui faisait le trajet Barcelone-Cadix. Il doit travailler pour aider sa famille et suit des cours à l’école de la Llotja.
L’engagement politique de Salvat-Papasseit prend de plus en plus de place après la Semaine tragique de Barcelone (entre le 26 juillet et le 2 août 1909). Le pédagogue libertaire Francisco Ferrer (1859-1909) est fusillé le 13 octobre, après avoir été désigné comme le responsable de ces événements. Salvat-Papasseit se rapproche alors des milieux anarchistes et lit Nietzsche, Ibsen, Gorki, Tolstoi, Zola et Kropotkine. Il devient secrétaire général de l’Ateneo Enciclopédico Popular. Il sera aussi plus tard bibliothécaire de cet organisme. Ses plus proches amis sont alors Emilio Eroles, Joan Alavedra i Segurañas (1896-1981) et Antonio Palau y Dulcet (1867-1954). Ils forment en 1911 le groupe Col·lectors d’escopinyes i bolets. Ils composent des poèmes et des pamphlets qu’ils distribuent dans les rues de Barcelone. En 1912, il rencontre Carme Eleuterio i Ferrer, une couturière qui habite dans son quartier. Il l’épouse en 1918. En 1913, il devient ami de Daniel Cardona et se rapproche des cercles nationalistes radicaux. En 1914, il entre au comité de rédaction de la revue libertaire Los Miserables. Il y reste jusqu’en 1916 et signe ses articles sous le nom de Gorkiana. Il travaille aussi comme surveillant sur le port.
En 1916, il adhére à la Juventud socialista Barcelonesa et publie dans des revues socialistes. Il est condamné à une peine de deux mois et un jour de prison pour son article: Un pueblo:Portugal. Il travaille ensuite dans plusieurs librairies et est rédacteur en chef de la revue Un enemic del Poble (Un enemigo del Pueblo).
Pour soigner sa tuberculose, il doit fréquenter plusieurs sanatoriums. C’est pourtant un poète résolument optimiste qui a toujours cru en sa guérison: «Tout le secret de mon optimisme vient, et de cela seulement, de ce que j’ai beaucoup souffert». Sa première fille Salomé naît en 1919. Sa seconde fille, Núria, naît elle en 1922, mais ne vit que deux ans. Il se définissait lui-même comme un «poèteavantgardistecatalan».
Il est mort à Barcelone le 7 août 1924 à l’âge de 30 ans.

Statue à l’effigie de Joan Salvat-Papasseit (Robert Krier). Barcelone, Moll de la Fusta. 1992.

Fiestas de San Juan – Joan Salvat-Papasseit (1894-1924)

FESTES DE FOGUERES DE SANT JOAN 2019. ELX.

Festes Patronals en honor a Sant Joan Baptista al barri del Raval

El 24 de juny és el dia de Sant Joan, i en el seu honor se celebren les festes al barri del Raval. És tradicional la plantà d’una foguera gran i diverses petites als voltants de l’Església de Sant Joan. Són molts els veïns que acudeixen al recinte a gaudir dels típics sopar de cabasset, la banyaeta, actuacions, revetlles, etc., a més de les processons i actes religiosos, com ara el tridu i les serenates.

La nit de Sant Joan es procedeix a la cremà de les fogueres entre el goig dels més joves, que finalment acaben banyats per l’aigua amb la qual els bombers sufoquen el foc de les fogueres.

La plantà tindrà lloc el 21 de juny i la cremà el 24 de juny.

Vetlla, revetlla (Joan Salvat-Papasseit)

                     A Jaume Llongueres

Sant Joan
noça i bateig de sang!
Les noies riuen amb llur galant.

Quina vesprada
festa pel cor:
cada abraçada deixarà enyor,
cada besada un infant nou.

Pluja de ruda sobre els pitralls,
qui diu l’amada,
qui diu l’amant.

El càntir s’ompli
d’aigua amb anís,
que es vessi tota
sines endins.

No hi haurà festa si el foc no és alt,
si molt no es besa
y l’amor es plany.

A la fontada vinguen cançons
la matinada veurem el sol:

haurem menjada coca amb llardons.

La gesta dels estels (Mostra de poemes), 1922.

Veille et nuit de fête (Joan Salvat-Papasseit)

                                       A Jaume Llongueres

Á la Saint-Jean
noce et baptême de sang!
Les jeunes filles rient avec leurs galants.

Quelle soirée
fête pour le coeur:
chaque étreinte laissera des regrets,
chaque baiser un nouvel enfant.

Pluie d’asplenium sur les corps
qui dit l’aimée,
qui dit l’amant.

Le cruche se remplit
d’eau et d’anis,
qu’elle se déverse
sur les potrines.

Il n’y aura pas de fête si le feu n’est pas haut,
si l’on ne s’embrasse pas assez
et si l’amour se plaint.

Á la fontaine en fête que se succèdent les chansons
à l’aube nous verrons le soleil:

nous aurons mangé la tourte aux lardons.

(Traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu)

Epitalami d’unes noces de maig (Joan Salvat-Papasseit)

Amic, quin trot galant
si aquesta nit avances la nit de Sant Joan –
la nit de Sant Joan que és nit de meravella,
i és damunt cada bes que neixen les estrelles.

Digue-li al teu amor l’enveja que li hauran altres donzelles
i eixuga-li aquell crit——-mica de plor,
que és en la noia verge quan el seu cos floreix una rosella.

I para compte al goig del seu desmai.

Que Cupidell us furti
i no pugueu vestir-vos si feu curta l’empresa.

Óssa menor (Fi dels poemes d’avant-guarda), 1925

Epithalame pour noces de mai (Joan Salvat-Papasseit)

Ami quel trot galant
si cette nuit tu devances la Saint-Jean –
nuit de la Saint-Jean nuit de merveille
pour chaque baiser naît une étoile.

Dis à ton amour la jalousie qu’éprouveront les autres donzelles
étouffe ce cri pleur léger
qui sort de la jeune vierge quand son corps fait fleurir un coquelicot.

Sois attentif à la joie de son évanouissement.

Que Cupidon vous vole
et que vous ne puissiez vous vêtir à nouveau si vous écourtez votre étreinte.

Petite ourse (Fin des poèmes d’avant-garde), 1925

(Traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu)

Joan Salvat-Papasseit (1894-1924).