Federico García Lorca

Torremolinos. Mirador de Sansueña. Calle Castillo del Inglés, 9.

( Une parenthèse d’un bon mois. Lassitude. Voyage en Espagne. Hiver. ) Ce poème souvent étudié avec les élèves me trottait dans la tête.

Baladilla de los tres ríos

A Salvador Quintero

El río Guadalquivir
va entre naranjos y olivos.
Los dos ríos de Granada
bajan de la nieve al trigo.

¡Ay, amor
que se fue y no vino!

El río Guadalquivir
tiene las barbas granates.
Los dos ríos de Granada
uno llanto y otro sangre.

¡Ay, amor
que se fue por el aire!

Para los barcos de vela,
Sevilla tiene un camino;
por el agua de Granada
sólo reman los suspiros.

¡Ay, amor
que se fue y no vino!

Guadalquivir, alta torre
y viento en los naranjales.
Dauro y Genil, torrecillas
muertas sobre los estanques,

¡Ay, amor
que se fue por el aire!

¡Quién dirá que el agua lleva
un fuego fatuo de gritos!

¡Ay, amor
que se fue y no vino!

Lleva azahar, lleva olivas,
Andalucía, a tus mares.

¡Ay, amor
que se fue por el aire!

1922.

Poema del cante jondo. Écrit entre 1921 et 1924. Publié en 1931.

Petite ballade des trois rivières

A Salvador Quintero

Le fleuve Guadalquivir
va d’orangers en oliviers.
Les deux rivières de Grenade
coulent de la neige au blé.

Ah, l’amour
qui s’en fut sans retour !

Le fleuve Guadalquivir
porte une barbe grenat.
Les deux rivières de Grenade,
l’une du sang, l’autre des larmes.

Ah, l’amour
qui s’en fut dans les airs !

Pour les navires à voile
Séville ouvre des chemins.
Mais sur les flots de Grenade
ne rament que les soupirs.

Ah, l’amour
qui s’en fut sans retour !

Guadalquivir, haute tour,
vent dans les orangeraies.
Dauro et Genil, tourelles
mortes sur les bassins.

Ah, l’amour
qui s’en fut dans les airs !

Qui dira que l’eau entraîne
un feu follet de cris !

Ah, l’amour
qui s’en fut sans retour !

Porte tes fleurs d’orange, tes olives,
Andalousie, jusqu’à tes mers.

Ah, l’amour
qui s’en fut dans les airs !

Poème du cante jondo. Gallimard, 1981. Traduction André Belamich.

Sévilla. Jardines de Cristina. Baladilla de los tres ríos (Federico García Lorca).

Séville, joyeuse, active, ouverte sur le monde. Grenade, rêveuse, tournée vers le passé.

Granada Paraíso cerrado para muchos. 1926.

“Todo lo contrario que Sevilla. Sevilla es el hombre y su complejo sensual y sentimental. Es la intriga política y el arco de triunfo. Don Pedro y Don Juan. Está llena de elemento humano, y su voz arranca lágrimas, porque todos la entienden. Granada es como la narración de lo que ya pasó en Sevilla.”

” Tout le contraire de Séville. Séville, c’est l’homme et son complexe sensuel et sentimental. c’est l’intrigue politique et l’arc de triomphe. Don Pedro et don Juan. Elle est gorgée d’humanité et sa voix arrache des larmes, parce que tout le monde la comprend. Grenade, c’est comme le récit de ce qui se passa jadis à Séville. ” Federico García Lorca. Oeuvres complètes I. Bibliothèque de la Pléiade. Page 872.

2 réponses sur “Federico García Lorca”

  1. Plaisir de renouer avec la lecture de ton blog…
    Je comprends bien la lassitude dans le fin fond de cette Bourgogne où nous entamons notre 3 ème semaine avec froid et neige… le paysage est beau chaque matin mais aussi lassant oui!
    Pas d’Espagne pour nous ni même ma Picardie natale !!! On oublie souvent que lorsque le temps nous est enfin alloué, on est vieux ( ou l’un des deux est plus vieux et plus casanier par nécessité)….
    Au fond, on reste au cœur de l’actualité mais on ne peut plus avoir voix au chapitre…)
    À bientôt
    Catherine Manesse Iglesias

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