Philippe Saint-André

Philippe Saint-André.

Sur France TV, l’ancien sélectionneur du XV de France, Philippe Saint-André, évoque son grand-père mort dans le Vercors.

https://twitter.com/franceinfo/status/1780209361446465813?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet

Philippe Saint-André

Né le 2 mars 1909 à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), exécuté sommairement le 25 juillet 1944 à La Chapelle-en-Vercors (Drôme) ; instituteur ; résistant.

Philippe Saint-André était le fils de François (né en 1878) scieur et de Marguerite Saint-André (née en 1883). Il devint instituteur, nommé en 1932 à l’école primaire de la Chapelle-en-Vercors où il exerça jusqu’en 1944. Au recensement de 1936, il résidait au bourg avec ses parents ; sa mère était originaire de La Chapelle-en-Vercors.

Il s’engagea dans la Résistance, vraisemblablement dans les maquis du Vercors. Ces maquis se mirent en place à partir des premiers mois de 1943 dans tout le massif du Vercors. Le commandement allemand lança le 21 juillet 1944 une opération aéroportée contre le village de Vassieux-en-Vercors. A partir du 23 juillet, les unités allemandes commencèrent le ratissage du massif. Le 25 juillet 1944, elles occupèrent La Chapelle-en-Vercors. Dans la soirée, les Allemands rassemblèrent la population qu’ils divisèrent en trois groupes, dont l’un, celui des hommes de 17 à 40 ans (Philippe Saint-André en fit partie), servait d’otage, les autres étant enfermés dans l’école. Dans la nuit, vers 2 h du matin , les 16 hommes furent massacrés dans la cour de la ferme Albert.

Il obtint la mention mort pour la France et le statut Interné – Résistant (DIR). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 3 juin 1960. Son nom figure sur le monument aux morts et sur les plaques commémoratives de La Chapelle-en-Vercors. L’école primaire porte aujourd’hui son nom et une plaque commémorative est apposée dans l’actuelle cantine de l’école.

Le Maitron. Dictionnaire biographique. Mouvement ouvrier. Mouvement social.

https://maitron.fr/spip.php?article184158, notice SAINT-ANDRÉ Philippe par Robert Serre, Michel Thébault, version mise en ligne le 26 août 2016, dernière modification le 19 mai 2021.

Monument de la Résistance au Pas de l’Aiguille (André M. Winter).

France TV. Diffusé le 16/04/2024 à 13h56 Disponible jusqu’au 03/01/2026.

A l’occasion du début des commémorations marquant le 80 ème anniversaire des débarquements, la rédaction nationale de France Télévisions a rendu hommage le 16 avril aux résistants du maquis du Vercors. France 2 a proposé une édition spéciale présentée par Jean-Baptiste Marteau avec Nathalie Saint-Cricq. Ils ont reçu Jean-Yves Le Naour, historien, Francis Ginsbourger, écrivain dont la famille a été cachée pendant la guerre, Philippe Saint-André, ancien sélectionneur du XV de France dont le grand-père était maquisard, et Gil Emprin, historien au musée de la Résistance de Grenoble.

https://www.france.tv/france-2/edition-speciale/5836980-les-resistants-du-vercors.html

José Roig Armengote

José Roig Armengote est né le 26 décembre 1880 à Castellón de la Plana (Espagne).

Il résidait en France depuis 1900 et avait créé, avant la première guerre mondiale, une fabrique de tricot sur machine qui employait une vingtaine d’ouvrières au 13 rue de l’Abreuvoir à Dourdan (Essonne).

Il était franc-maçon (membre de la Grande Loge de France, loge 137, domiciliée 8 rue de Puteaux, Paris XVIIe arrondissement ) et partisan de la Seconde République espagnole, proclamée le 14 avril 1931.

En septembre 1940, il demeurait à Paris au 86 rue Montorgueil (IIe arrondissement). Il participait aux actions de la Croix-Rouge depuis 1939 et faisait partie du groupe de résistance de Noël Riou. En septembre 1940, il recueillit chez lui quatre aviateurs anglais et parvint à les faire passer en zone libre. Il poursuivit son activité clandestine. Dénoncé, il fut arrêté par les autorités allemandes pour « activité au profit d’une puissance étrangère et espionnage ».

Le 4 juillet 1941, le tribunal du Gross Paris, qui siégeait 11bis rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arrondissement), le condamna à mort. La Délégation générale pour les territoires occupés (DGTO), informée tardivement de sa condamnation, refusa d’intervenir en sa faveur puisqu’il n’était pas de nationalité française. Elle confia son sort au consulat d’Espagne. Son recours en grâce lui fut refusé.

José Roig a été fusillé le 1 août 1941 à Paris, ou plus vraisemblablement au fort d’Ivry, par les autorités allemandes. Son corps fut transféré le soir même au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine dans le carré des fusillés, division 47, ligne 2, n° 15. Il était le deuxième fusillé enterré à Ivry après Eugène Andrieux. Il fut réinhumé à Bagneux le 19 septembre 1945.

Extrait de l’affiche placardée sur les murs de Paris :
«Le nommé ROIG JOSÉ DE PARIS a été condamné à mort pour AIDE A L’ENNEMI par recrutement en faveur de l’armée de l’ex-GÉNÉRAL DE GAULLE. Il A ÉTÉ FUSILLÉ AUJOURD’HUI. Paris, le 1 août 1941. LE TRIBUNAL MILITAIRE».


Il figure parmi les premiers résistants exécutés à Paris. Pourtant, cet Espagnol de naissance ne figure pas sur la liste des martyrs d’Île-de-France auxquels tous les ans la France rend hommage au mont Valérien.

Déclaration de Denis Peschanski le 13 octobre 2023 (Université Paris I Panthéon Sorbonne) :

« Mais une grande découverte s’est faite en marge de ce travail : comme Bruno Roger-Petit, le conseiller mémoire du Président, me demandait de pouvoir retrouver des résistants étrangers afin de les décorer de la Légion d’Honneur, je me montrais circonspect, tant il en restait peu 80 ans après et convaincu qu’ils auraient déjà été honorés, sauf exception. Je pris donc mon bâton de pèlerin et j’ai interrogé les associations. Rien des deux premières. La troisième me dit : notre problème n’est pas là, c’est la reconnaissance par la mention « Mort pour la France ». Je tombe de l’armoire en constatant bientôt que des étrangers et des Français ayant fait exactement la même chose et ayant été fusillés soit comme otages, soit après jugement, n’avaient pas le même sort pour partie d’entre eux. Et je découvrais que, créée en 1915, la mention « Mort pour la France » imposait qu’on fût de nationalité française. Avec la Seconde Guerre mondiale, cela devenait compliqué, alors l’administration a jugé au cas par cas suivant les circonstances et les pressions. Toujours est-il qu’ayant fait remonter l’information, j’eus un accueil positif immédiat, aussi bien de la présidence de la République que du secrétariat d’État aux Anciens combattants. Une première étude portant sur le Mont Valérien, principal lieu d’exécution pendant la guerre, montrait qu’il y avait 185 étrangers sur les quelque 1000 fusillés par les Allemands. La proportion est déjà significative pour illustrer votre première question. Mais sur ces 185, 92 n’avaient pas la mention Mort pour la France. Ils ont obtenu la mention par décision du président le même 18 juin 2023. Et le travail continue bien entendu. »

En 2001, à l’occasion du soixantième anniversaire de sa mort, un square a été nommé en sa mémoire à Meudon (Hauts-de-Seine) où résidait son fils, José Roig, Meudonnais de longue date.

En juillet 2022, le Conseil de Paris vote pour l’apposition d’une plaque en sa mémoire située 86 rue Montorgueil.

Sources :

https://maitron.fr/spip.php?article165698 notice ROIG José par Julien Lucchini, Annie Pennetier, version mise en ligne le 2 octobre 2014, dernière modification le 12 mai 2021.

https://www.jlturbet.net/2024/03/jose-roig-aramengote-honore-ce-jour-a-paris.republicain-antifranquiste-antifasciste-il-etait-membre-de-la-grande-loge-de-france.html

Henri Farreny, Le sang des Espagnols : Mourir à Paris. Éditions Espagne au cœur, 2019.

Antonio Machado – Camarón de la Isla -Joan Manuel Serrat

Ian Gibson et Quique Palomo, Cuatro poetas en guerra. Barcelona, Planeta Cómic, 2022.

Semana Santa en Andalucía. Jueves Santo. Semaine Sainte en Andalousie. Jeudi saint.

Camarón de la Isla : La Saeta (introduit par Joan Manuel Serrat). Arrangements exécutés par The Lisbon Simphony Orchestra. Direction : Jesús Bola. Á la guitare, Tomatito, seconde guitare le fils de de Camarón, Luis Monge. 1990.

https://www.youtube.com/watch?v=NLbxlViBIk4

Joan Manuel chante Antonio Machado. Télévision espagnole. 1974.

https://www.youtube.com/watch?v=XZCqaXzkol4

San Fernando (Cadix). Monument à Camarón de la Isla (José Monje Cruz 1950-1991) (Antonio Aparicio Mota).

Poème déjà publié sur ce blog le 30 mars 2018.

CXXX. La saeta

¿Quién me presta una escalera,
para subir al madero,
para quitarle los clavos
a Jesús el Nazareno?

Saeta popular

¡Oh, la saeta, el cantar
al Cristo de los gitanos
siempre con sangre en las manos
siempre por desenclavar!

¡Cantar del pueblo andaluz
que todas las primaveras
anda pidiendo escaleras
para subir a la cruz.!

¡Cantar de la tierra mía
que echa flores
al Jesús de la agonía
y es la fe de mis mayores!

¡Oh, no eres tú mi cantar
¡No puedo cantar, ni quiero
a este Jesús del madero
sino al que anduvo en el mar!.

Campos de Castilla. 1912.


CXXX. La Saeta

Qui me prête une échelle
pour aller sur la croix,
enlever les clous
de Jésus le Nazaréen ?

Saeta populaire

Oh ! La saeta le couplet
au Christ des gitans,
avec toujours aux mains du sang,
et toujours sur sa croix cloué!

Oh ! chanson du peuple andalou,
qui à chaque printemps,
demande des échelles
pour monter à la croix !

Chant de ma terre,
jetant des fleurs
au Christ de l’agonie,
qui est la foi de mes ancêtres !

Tu n’es pas le chant de mon coeur !
Je ne veux ni ne peux
chanter ce Christ en croix
mais celui qui marchait sur la mer.

Champs de Castille, Solitudes, Galeries et autres poèmes et Poésies de la guerre. Traduction Sylvie Léger et Bernard Sesé. Paris, NRF Poésie Gallimard n°144, 1981.

Séville. Palacio de la Dueñas. Cloître.
Séville. Palacio de la Dueñas. Azulejo.

Madrid

Madrid, 11 mars 2004 (Paul White).

Madrid. 11 mars 2004. 20 ans. 193 morts, 1858 blessés. Ni oubli ni pardon.
Madrid. 11 de marzo de 2004. Hace 20 años. 193 muertos, 1858 heridos. Ni olvido ni perdón.

Madrid. Gare d’Atocha. 12 mars 2004 (Gorka Lejarcegi).

Ramón Masats 1931 – 2024

Ramón Masats (Angel Hernaiz). 2014.

Le grand photographe espagnol Ramón Masats est mort lundi 4 mars 2024 à Madrid. Il avait 92 ans.

Á Madrid, on le considérait comme un catalan et en Catalogne comme un madrilène. Il est pourtant né à Caldas de Montbuy (Province de Barcelone) le 17 mars 1931.

Seminario de Madrid. Curas jugando al fútbol. 1960.

On le connaît surtout pour une photo de 1960 : Seminario de Madrid. Curas jugando al futbol, achetée par le MoMa de New York. Religion et football. Tout un symbole de l’Espagne franquiste d’alors et du national-catholicisme. Son regard et celui d’autres photographes de sa génération comme Gabriel Cualladó (1925–2003) Oriol Maspons (1928-2013), Santiago Ontañón (1930-2008), Carlos Pérez Siquier (1930-2021) Xavier Miserachs (1937-1998) ont su capter la réalité de l’Espagne pendant les interminables années de la dictature.

Ramón Masats n’aimait pas du tout qu’on lui rappelle sa photo la plus célèbre car son œuvre est riche et très variée. On le surnomme parfois le “ Cartier-Bresson espagnol”. Il aurait pu entrer dans l’agence Magnum, mais il manquait d’argent et son père, commerçant à Barcelone, lui avait coupé les vivres.

Il s’est installé définitivement à Madrid en 1957 pour travailler pour la revue La Gaceta ilustrada et pour d’autres organes de presse de l’époque : Mundo Hispánico, Arte y Hogar, Arriba, Ya… “Trabajaba como una mula para poder ser luego un vago”, disait-il.

Il a aussi pris des photos pendant le nombreu tournage de films en Espagne comme Viridiana de Luis Buñuel (1961), Le Cid (1961) et La Chute de l’Empire romain d’Anthony Mann (1964), Les 55 jours de Pékin de Nicholas Ray (1963).

Ses photos se distinguent par l’intérêt qu’il porte aux êtres humains, aux gens simples, mais aussi par son ironie, son humour.

La photoTomelloso (1960) et ses deux portraits du Général Franco sont aussi restés célèbres.

Tomelloso (Ciudad Real) 1960.
El General Franco, 1958.

Il a publié de nombreux livres combinant photos et textes.

1962 Neutral Corner sur un gymnase de boxeurs à Madrid (Texte d’Ignacio Aldecoa). Barcelone. Lumen, Collection Palabra e imagen.

1963 Los Sanfermines (Texte de Rafael García Serrano). Espasa-Calpe.

1964 Viejas historias de Castilla La Vieja (Texte de Miguel Delibes). Barcelone, Lumen.

1985 Un paseo por Madrid (Texte de Luis Carandell). Barcelone. Lunwerg Editores.

1989 Andalucía (Texte de José Manuel Caballero Bonald). Barcelone. Lunwerg Editores.

1998 Toro (Texte de Joaquín Vidal). Barcelone. Lunwerg Editores.

2007 Cuenca en la mirada. Barcelone. Lunwerg Editores.

Il a reçu en 2004 le Prix national de Photographie et en 2014 le Prix photoEspaña pour l’ensemble de son œuvre.

Soria

El Cerro de los Moros desde la ermita de San Saturio. Soria. (Samuel Sánchez)

El hormigón amenaza el Cerro de los Moros, el paraje de Soria que inspiró a Machado y a Bécquer.
Varias asociaciones vecinales critican el plan de construir 1.300 viviendas en unas lomas de gran valor cultural y paisajístico (El País, 26 février 2024).

https://elpais.com/espana/2024-02-26/el-hormigon-amenaza-el-cerro-de-los-moros-el-paraje-de-soria-que-inspiro-a-machado-y-a-becquer.html

Antonio Machado, Gustavo Alfonso Bécquer, Gerardo Diego ont été inspirés par ce magnifique paysage de Castille. La spéculation immobiliaire prévoit la construction de 1304 logements (4000 habitants). Soria est une ville de moins de 40 000 habitants. La Asociación Soriana de Defensa de la Naturaleza (Asden), los Amigos del Museo Numantino, Hacendera y Soria por el Futuro (Ricardo Mínguez, Carmen Heras, José Francisco Yusta y Luis Giménez) luttent depuis des années pour protéger cet environnement extraordinaire. Merci à eux !

http://www.lesvraisvoyageurs.com/2021/02/07/antonio-machado-y-soria/

Campos de Soria (Antonio Machado)

VIII
He vuelto a ver los álamos dorados,
álamos del camino en la ribera
del Duero, entre San Polo y San Saturio,
tras las murallas viejas
de Soria – barbacana
hacia Aragón, en castellana tierra -.

Estos chopos del río, que acompañan
con el sonido de sus hojas secas
el son del agua cuando el viento sopla,
tienen en sus cortezas
grabadas iniciales que son nombres
de enamorados, cifras que son fechas.

¡ Álamos del amor que ayer tuvisteis
de ruiseñores vuestras ramas llenas;
álamos que seréis mañana liras
del viento perfumado en primavera;
álamos del amor cerca del agua
que corre y pasa y sueña,
álamos de las márgenes del Duero,
conmigo váis, mi corazón os lleva !

Campos de Castilla, 1912.

Terres de Soria

VIII

Je suis revenu voir les peupliers dorés,
Peupliers du chemin sur le rivage
du Douro, entre San Polo et San Saturio,
au-delà des vieilles murailles
de Soria – barbacane tournée
vers l’Aragon, en terre castillane.

Ces peupliers de la rivière, qui accompagnent
du bruissement de leurs feuilles sèches
le son de l’eau, quand le vent souffle,
ont sur l’écorce,
gravées, des initiales qui sont des noms
d’amoureux, des chiffres qui sont des dates.
Peupliers de l’amour dont les branches hier
étaient remplies de rossignols;
peupliers qui serez demain les lyres
du vent parfumé au printemps;
peupliers de l’amour près de l’eau
qui coule, passe et songe,
peupliers des berges du Douro,
vous êtes en moi, mon coeur vous emporte !

Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi des Poésies de la guerre. 2004. Traduction de Sylvie Léger et Bernard Sesé. NRF Poésie/ Gallimard n°144.

Soria. Statue de Gustavo Alfonso Bécquer (Ricardo González).

Antonio Machado – Raquel Lanseros

Antonio Machado (Alfonso). Vers 1927

Antonio Machado est mort il y a 85 ans, le 22 février 1939 à Collioure. C’était le mercredi des Cendres. Le 5 mai 1941, il est expulsé post-mortem de sa chaire de professeur de lycée par les autorités franquistes. Il ne sera réhabilité comme professeur qu’en 1981. Son corps sera transféré le 16 juillet 1958 dans une autre tombe, achetée grâce à des dons venant du monde entier. Parmi les donateurs : Pau Casals, Albert Camus, André Malraux, René Char. Sur la pierre tombale se trouve depuis des décennies une boîte aux lettres qui ne désemplit pas.

“Hoy es siempre todavía”

CXX

Dice la esperanza: un día
la verás, si bien esperas.
Dice la desesperanza:
sólo tu amargura es ella.
Late, corazón… No todo
se lo ha tragado la tierra.

Campos de Castilla, 1907-17

CXX
Un jour tu la verras,
dit l’espérance,
si tu sais espérer.
Et la désespérance :
elle n’est rien
que ta souffrance.
Et le cœur bat…
La terre n’a pas
tout emporté.

Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre. NRF Poésie/Gallimard n°144. 2004. Traduction Sylvie Léger et Bernard Sesé.

Raquel Lanseros.

 Raquel Lanseros est née à Jerez de la Frontera, España en 1973. Prix National de la Critique pour Matria (Madrid, Visor, 2018). Une anthologie récente : Sin ley de gravedad. Poesía reunida (2005-2022), Madrid, Visor, 2018.

22 de febrero (Raquel Lanseros)

Estos días azules y este sol de la infancia (Antonio Machado)

La poesía es azul
aunque a veces la vistan de luto.
Viento del sur escultor de cipreses
ahoga la tierra honda de dolor y de rabia.

Abel Martín, conciencia en desbandada
pájaro entre dos astros
nombrador primigenio de las cosas.
Juan de Mairena íntegro
espejo limpio donde se refleja
el rostro que tenemos de verdad.

Nos dejaste la vida
la palabra fecunda
la desnudez, la brisa.
Nos dejaste las hojas y el rocío
el mar
las instrucciones
para aprender a andar sobre las aguas.

Y después te marchaste.
Mejor dicho: te echaron a empujones.
Siempre molestan los ángeles perdidos.

Dicen que desde entonces en Collioure
no ha dejado jamás de ser invierno.

Croniria. Hiperión, Madrid, 2009. El éxodo de las nubes.

Patrick Deville – Missak Manouchian

Léon Trotsky.
Malcolm Lowry.

Je lis ces jours-ci avec intérêt Viva de Patrick Deville (Éditions du Seuil, 2014. Points Seuil n°4146, 2015). Mon ami P. me l’a conseillé. Les personnages centraux sont Léon Trotsky et Malcolm Lowry, deux personnages qui ont à première vue peu de choses en commun. Le livre est construit en une trentaine de courts tableaux. Tout se passe dans le Mexique des années 30, si riche culturellement et historiquement…

On présente les livres de Patrick Deville comme des “romans d’aventures sans fiction”. En quatrième de couverture, une phrase du grand Pierre Michon : “Je relis Viva si savant, si écrit, si rapide. Chaque phrase est flèche.”

Pages 221-222 de l’édition en Points Seuil : ” Enfermé ce soir dans cette chambre, je reprends une dernière fois les carnets et les chronologies emmêlés de toutes ces pelotes. Nous sommes le 21 février 2014. C’est aujourd’hui le soixante-dixième anniversaire de l’Affiche rouge, des vingt-deux résistants étrangers fusillés par les nazis au Mont-Valérien le 21 février 1944. C’est aujourd’hui le quatre-vingtième anniversaire de l’assassinat de Sandino à Managua le 21 février 1934… On écrit toujours contre l’amnésie générale et la sienne propre…”

https://www.lesvraisvoyageurs.com/2023/06/19/missak-manouchian/

https://www.lesvraisvoyageurs.com/2018/02/21/laffiche-rouge/

Je vais lire d’autres livres de Pierre Deville.

Du 13 février au 12 mai 2024, le Jeu de Paume rend hommage à Tina Modotti (1896-1942) à travers une grande exposition, la plus importante jamais consacrée à Paris à cette photographe et activiste politique d’origine italienne.

https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/photographie/exposition-photo-a-paris-la-photographie-revolutionnaire-de-tina-modotti-11189445/

Sombrero, Marteau et Faucille (Tina Modotti) 1927.

El resistente español Celestino Alfonso ‘entra’ en el Panteón francés

Celestino Alfonso (1916-1944).

https://elpais.com/internacional/2024-02-18/el-resistente-espanol-celestino-alfonso-entra-en-el-panteon-frances.html

” Un español en el Panteón. Un republicano, un comunista, un combatiente en la Guerra Civil, un resistente contra los nazis. Celestino Alfonso se convertirá este miércoles en el primer ciudadano de esta nacionalidad en entrar en el templo laico de las glorias francesas. Se escribe entrar en cursiva, porque físicamente sus restos seguirán en el cementerio de Ivry, al sur de París.

Pero su nombre quedará inscrito, junto a otros 22 miembros de un grupo de la Resistencia contra la ocupación alemana de Francia, a la entrada de la cripta donde el líder del grupo, el armenio Missak Manouchian, y su mujer, Mélinée, reposarán eternamente en el mismo lugar que Voltaire, Rousseau o Victor Hugo.

Francia, por iniciativa del presidente Emmanuel Macron, saldará una deuda con los extranjeros que dieron su sangre por un país que no siempre les trató como debía. Manouchian, Alfonso y otros camaradas ―apátridas, judíos, armenios, polacos, húngaros, italianos, rumanos…— protagonizaron uno de los momentos trágicos y heroicos de la II Guerra Mundial…

En Ivry hay una calle dedicada a Celestino Alfonso. Ni la familia ni los expertos consultados tienen noticia de que en España haya una placa u otra forma de conmemoración. “En su pueblo no hay nada, ni una calle, nada”, lamenta el hispanista Rabaté. “En cambio, hay una calle dedicada al general franquista Moscardó.”

(Marc Bassets. El País, 18 février 2024)

L’Affiche rouge.

“Alfonso. Español. Rojo. Siete atentados.”

POUR CITER CET ARTICLE : https://maitron.fr/spip.php?article9851, notice ALFONSO Celestino par Gautier Mergey, version mise en ligne le 10 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2022.

CELESTINO ALFONSO

Né le 1er mai 1916 à Ituero de Azaba (Espagne), fusillé par condamnation le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; menuisier, manœuvre ; communiste, volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI.

Celestino Alfonso naquit à Ituero de Azaba, village espagnol de la région de Salamanque, près de la frontière portugaise. Ses parents, Ventura Alfonso et Faustina Matos, étaient tous deux natifs des environs. En 1927, munis d’une autorisation de séjour, Celestino Alfonso et ses parents immigrèrent en France. Ils devaient finalement s’établir à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Celestino Alfonso travailla comme menuisier et comme manœuvre jusqu’en août 1936, date de son départ pour l’Espagne en guerre. Il fut incorporé dans les Brigades internationales : il servit dans la IIIe Brigade jusqu’en avril 1937, puis dans la XIVe Brigade en qualité de commissaire politique de compagnie. En novembre de la même année, il revint en France pendant un mois en permission régulière puis retourna en Espagne où il continua à combattre jusqu’en 1939.
À son retour en France, Celestino Alfonso fut interné au camp d’Argelès (Pyrénées-Orientales). Il en sortit le 7 décembre 1939 pour intégrer une compagnie de travailleurs étrangers (CTE). En juin 1940, revenu à Paris, il travailla jusqu’au 17 janvier 1941, date à laquelle il fut arrêté et interné à la caserne des Tourelles. En février, il fut libéré et partit travailler en Allemagne jusqu’au 18 juin 1941. Par la suite, il trouva de l’embauche au camp de Satory (Seine-et-Oise, Yvelines), au garage Chaillot rue de Chaillot à Paris, et à Villacoublay (Yvelines) aux Établissements ACO. Parallèlement, il militait à la section espagnole du Parti communiste clandestin. Son rôle consistait en la diffusion de tracts. En novembre 1942, suite à l’arrestation de plusieurs de ses camarades, craignant de l’être à son tour, il quitta Paris et se rendit à Orléans (Loiret). Il aurait, selon ses dires, travaillé dans cette ville pour le compte des autorités allemandes jusqu’en juillet 1943.
De retour à Paris, Celestino Alfonso entra en contact avec Missak Manouchian, commissaire militaire des FTP-MOI : sous le pseudonyme de « Pierrot », Alfonso intégra une équipe spéciale constituée de Leo Kneller et de Marcel Rayman (« Michel »). Avec ces derniers, désigné comme tireur d’élite, il prit part à plusieurs opérations. Le 28 juillet 1943, avenue Paul-Doumer (XVIe arr.), l’équipe lança une grenade contre la voiture du général Von Schaumburg. Toutefois, cet officier nazi, commandant du Grand Paris, ne se trouvait pas, alors, dans son véhicule. Le 9 août 1943, Alfonso récupéra de l’argent et des documents chez une militante du XIIIe arrondissement. Le 19 août, au parc Monceau (XVIIe arr.), il fut désigné pour exécuter un officier allemand qui, chaque jour, venait lire son journal dans le parc. Mais l’action la plus retentissante de cette équipe spéciale demeura l’attentat du 28 septembre 1943, réalisé sous la direction de Missak Manouchian. Ce jour-là, Rayman, Kneller et Alfonso furent désignés pour exécuter un général allemand repéré et filé par les FTP depuis plusieurs mois. Rayman et Alfonso abattirent leur cible au moment où celle-ci montait dans sa voiture, rue Pétrarque (XVIe arr.). Dans les jours suivants, les résistants auraient appris, par la presse, l’identité de l’officier : il s’agissait de Julius Ritter, général SS supervisant le Service du travail obligatoire en France.
Filés par les Brigades spéciales, les FTP-MOI furent démantelés par la vague d’arrestations de l’automne 1943 : Celestino Alfonso fut appréhendé entre son domicile du 16 rue de Tolbiac (XIIIe arr.) et Ivry-sur-Seine, où habitaient ses parents. Au moment de son arrestation, il vivait maritalement avec Adoracio Arrias, native d’Espagne, dont la famille était établie à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine). Le jeune couple avait un fils prénommé Jean.
Incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Celestino Alfonso fut condamné à mort comme ses compagnons. Il écrivit une dernière lettre pour ses parents, ses frères et sœurs, sa femme et son fils (Cf. ci-dessous). L’abbé Franz Stock qui accompagna les victimes écrivit dans son journal : « Alfonso Célestino (Espagnol), qui avait commis beaucoup d’attentats, dit toutefois à la fin : « Priez pour moi ». Au poteau, il pria avec moi le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie », cette dernière en espagnol. Il avait fait la guerre civile en Espagne. »
Le jeune résistant espagnol a été fusillé le 21 février 1944 au fort du Mont-Valérien, avec vingt et un autres membres du groupe Manouchian. Sur la célèbre Affiche rouge publiée alors par la propagande officielle, le portrait de Celestino Alfonso apparaissait au-dessus de celui de Missak Manouchian, avec cette mention : « Alfonso – Espagnol rouge – 7 attentats ».
Après la Libération, le 18 mars 1945, la municipalité d’Ivry-sur-Seine organisa des obsèques solennelles pour dix-huit fusillés originaires de la commune. À cette occasion, la dépouille d’Alfonso fut exhumée du cimetière parisien d’Ivry pour être inhumée dans le carré des fusillés, au cimetière communal nouveau d’Ivry.
Par un avis en date du 14 mai 1945, le Secrétariat général aux Anciens Combattants décerna à Celestino Alfonso la mention « Mort pour la France ». Le 27 juillet suivant, une rue d’Ivry reçut son nom.

Dernière lettre

21 février 1944
Chers femme et fils,
« Aujourd’hui à 3 heures je serai fusillé, je ne suis qu’un soldat qui meurt pour la France. Je vous demande beaucoup de courage comme j’en ai moi-même, ma main ne tremble pas, je sais pourquoi je meurs et j’en suis très fier. Ma vie a été un peu courte, mais j’espère que la vôtre sera plus longue. Je ne regrette pas mon passé, si je pouvais encore revivre, je serais le premier. Je voudrais que mon fils est [sic] une belle instruction, à vous tous vous pourrez réussir. Ma chère femme, tu vendras mes vêtements pour te faire un peu d’argent. Dans mon colis tu trouveras 450 francs que j’avais en dépôt à Fresnes. Mille baisers pour ma femme et mon fils. Mille baisers pour tous. Adieu à tous. Celestino Alfonso. »
C.A.

Paris. 16 rue de Tolbiac.

Darío Villalba 1939 – 2018

La Espera blanca, 1993.

Le Monde de ce jour indique que la Galerie Poggi qui se trouve maintenant dans de nouveaux locaux face au Centre Pompidou (135 rue Saint-Martin, Paris IV) présente jusqu’au 27 janvier de grands formats de Darío Villalba, peintre et photographe espagnol, peu connu en France. Ce fils de diplomate, a vécu aux États-Unis, en Allemagne, en France, en Grèce. Sa famille l’a toujours aidé même lorsqu’il a pratiqué le patinage artistique, sport qui n’existait pas dans l’Espagne franquiste d’alors. Il a participé aux Jeux Olympiques de Cortina d’Ampezzo en 1956. Il fut Prix National des Arts Plastiques en 1983 et membre de la Real Academia de Bellas Artes de San Francisco en 2002.

“Decía que pintaba cuando hacía fotografía y que hacía fotografía cuando pintaba.” Sa série la plus connue est celle des “Encapsulados”. Il s’agit d’une sorte de cocons qui contiennent des images de marginaux ( prisonniers, malades mentaux, sans-abris, personnes âgées ) qui semblent flotter dans un monde parallèle. Andy Warhol a essayé de l’enrôler dans le pop art ( pop soul) ce que Villalba a refusé. Des artistes espagnols, bien différents de lui, comme Luis Gordillo ou Eduardo Arroyo, l’ont appuyé et ont souligné son importance.

Ces jours-ci, nous avons vu au musée Carmen Thyssen de Málaga une belle exposition, Fieramente humanos. Retratos de santidad barroca. On y trouve des oeuvres des grands artistes du baroque méditerranéen (Ribera, Cano, Murillo, Giordano, Velázquez, Ribalta, Martínez Montañés, Juan de Mena), mais aussi trois oeuvres contemporaines (Equipo Crónica, Darío Villalba, Antonio Saura). Ce choix, a posteriori, me paraît judicieux étant donné l’influence qu’a eue l’art baroque sur ces artistes espagnols. L’oeuvre de Darío Villalba, peintre original, catholique et homosexuel mérite d’être davantage reconnue.

Místico (Darío Villalba) 1974. Colección de Arte ABANCA.