Marta Pessarrodona 1941

Marta Pesarrodona.

Nit trista de Sant Joan

No vam saltar ni l’última foguera.
Nit sense sorolls ni xiuxiueig de brases.
Nit de somnífer, letífera remor.

(¿Quant de temps ha calgut
per saber cobejar el corb
—aquest literari animalot
de color d’ala de mosca?)

Nit per no viure-la:
dolor adeu, adeu amor.
Ho havíem cremat ja tot.

La Fête de Saint-Jean (Jules Breton 1827-1906), 1875. Philadelphia Museum of Art

Joan Salvat-Papasseit 1894-1924

Joan Salvat-Papasseit.

Joan Salvat-Papasseit (1894-1924), est un écrivain et poète moderniste espagnol d’expression catalane. Influencé par Apollinaire et Marinetti, il est considéré comme le principal représentant du courant futuriste dans la littérature catalane. Il a écrit aussi de nombreux articles de critique sociale en castillan (Fumées d’usine) et en catalan.
Mort prématurément, il laisse une œuvre inclassable, empreinte d’idéalisme et formellement novatrice. Sa poésie est à la fois avant-gardiste et marquée par la tradition catalane. Son premier recueil, Poemes en ondes hertzianes (1919) est illustré par le peintre hispano-uruguayen Joaquín Torres García (1874-1949). Il publie ensuite La gesta dels estels (1922) et El poema de la rosa als llavis (1923).
La ville de Barcelone lui a rendu hommage en 1992 en érigeant sur le port, au Moll de Bosch i Alsina, une statue en bronze le représentant avec sur le socle, le poème Nocturn per a acordió. Ses poèmes ont été mis en musique et popularisés dans les années 60 par les chanteurs catalans de la Nova Cançó: Lluís Llach, Ovidi Montllor, Joan Manuel Serrat et Carles Andreu.
Joan Salvat-Papasseit est né à Barcelone le 16 mai 1894. Son père, Joan, disparaît en 1901 lors du naufrage du Montevideo, navire de la Compañía Trasatlántica Española qui faisait le trajet Barcelone-Cadix. Il doit travailler pour aider sa famille et suit des cours à l’école de la Llotja.
L’engagement politique de Salvat-Papasseit prend de plus en plus de place après la Semaine tragique de Barcelone (entre le 26 juillet et le 2 août 1909). Le pédagogue libertaire Francisco Ferrer (1859-1909) est fusillé le 13 octobre, après avoir été désigné comme le responsable de ces événements. Salvat-Papasseit se rapproche alors des milieux anarchistes et lit Nietzsche, Ibsen, Gorki, Tolstoi, Zola et Kropotkine. Il devient secrétaire général de l’Ateneo Enciclopédico Popular. Il sera aussi plus tard bibliothécaire de cet organisme. Ses plus proches amis sont alors Emilio Eroles, Joan Alavedra i Segurañas (1896-1981) et Antonio Palau y Dulcet (1867-1954). Ils forment en 1911 le groupe Col·lectors d’escopinyes i bolets. Ils composent des poèmes et des pamphlets qu’ils distribuent dans les rues de Barcelone. En 1912, il rencontre Carme Eleuterio i Ferrer, une couturière qui habite dans son quartier. Il l’épouse en 1918. En 1913, il devient ami de Daniel Cardona et se rapproche des cercles nationalistes radicaux. En 1914, il entre au comité de rédaction de la revue libertaire Los Miserables. Il y reste jusqu’en 1916 et signe ses articles sous le nom de Gorkiana. Il travaille aussi comme surveillant sur le port.
En 1916, il adhére à la Juventud socialista Barcelonesa et publie dans des revues socialistes. Il est condamné à une peine de deux mois et un jour de prison pour son article: Un pueblo:Portugal. Il travaille ensuite dans plusieurs librairies et est rédacteur en chef de la revue Un enemic del Poble (Un enemigo del Pueblo).
Pour soigner sa tuberculose, il doit fréquenter plusieurs sanatoriums. C’est pourtant un poète résolument optimiste qui a toujours cru en sa guérison: «Tout le secret de mon optimisme vient, et de cela seulement, de ce que j’ai beaucoup souffert». Sa première fille Salomé naît en 1919. Sa seconde fille, Núria, naît elle en 1922, mais ne vit que deux ans. Il se définissait lui-même comme un «poèteavantgardistecatalan».
Il est mort à Barcelone le 7 août 1924 à l’âge de 30 ans.

Statue à l’effigie de Joan Salvat-Papasseit (Robert Krier). Barcelone, Moll de la Fusta. 1992.

Fiestas de San Juan – Joan Salvat-Papasseit (1894-1924)

FESTES DE FOGUERES DE SANT JOAN 2019. ELX.

Festes Patronals en honor a Sant Joan Baptista al barri del Raval

El 24 de juny és el dia de Sant Joan, i en el seu honor se celebren les festes al barri del Raval. És tradicional la plantà d’una foguera gran i diverses petites als voltants de l’Església de Sant Joan. Són molts els veïns que acudeixen al recinte a gaudir dels típics sopar de cabasset, la banyaeta, actuacions, revetlles, etc., a més de les processons i actes religiosos, com ara el tridu i les serenates.

La nit de Sant Joan es procedeix a la cremà de les fogueres entre el goig dels més joves, que finalment acaben banyats per l’aigua amb la qual els bombers sufoquen el foc de les fogueres.

La plantà tindrà lloc el 21 de juny i la cremà el 24 de juny.

Vetlla, revetlla (Joan Salvat-Papasseit)

                     A Jaume Llongueres

Sant Joan
noça i bateig de sang!
Les noies riuen amb llur galant.

Quina vesprada
festa pel cor:
cada abraçada deixarà enyor,
cada besada un infant nou.

Pluja de ruda sobre els pitralls,
qui diu l’amada,
qui diu l’amant.

El càntir s’ompli
d’aigua amb anís,
que es vessi tota
sines endins.

No hi haurà festa si el foc no és alt,
si molt no es besa
y l’amor es plany.

A la fontada vinguen cançons
la matinada veurem el sol:

haurem menjada coca amb llardons.

La gesta dels estels (Mostra de poemes), 1922.

Veille et nuit de fête (Joan Salvat-Papasseit)

                                       A Jaume Llongueres

Á la Saint-Jean
noce et baptême de sang!
Les jeunes filles rient avec leurs galants.

Quelle soirée
fête pour le coeur:
chaque étreinte laissera des regrets,
chaque baiser un nouvel enfant.

Pluie d’asplenium sur les corps
qui dit l’aimée,
qui dit l’amant.

Le cruche se remplit
d’eau et d’anis,
qu’elle se déverse
sur les potrines.

Il n’y aura pas de fête si le feu n’est pas haut,
si l’on ne s’embrasse pas assez
et si l’amour se plaint.

Á la fontaine en fête que se succèdent les chansons
à l’aube nous verrons le soleil:

nous aurons mangé la tourte aux lardons.

(Traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu)

Epitalami d’unes noces de maig (Joan Salvat-Papasseit)

Amic, quin trot galant
si aquesta nit avances la nit de Sant Joan –
la nit de Sant Joan que és nit de meravella,
i és damunt cada bes que neixen les estrelles.

Digue-li al teu amor l’enveja que li hauran altres donzelles
i eixuga-li aquell crit——-mica de plor,
que és en la noia verge quan el seu cos floreix una rosella.

I para compte al goig del seu desmai.

Que Cupidell us furti
i no pugueu vestir-vos si feu curta l’empresa.

Óssa menor (Fi dels poemes d’avant-guarda), 1925

Epithalame pour noces de mai (Joan Salvat-Papasseit)

Ami quel trot galant
si cette nuit tu devances la Saint-Jean –
nuit de la Saint-Jean nuit de merveille
pour chaque baiser naît une étoile.

Dis à ton amour la jalousie qu’éprouveront les autres donzelles
étouffe ce cri pleur léger
qui sort de la jeune vierge quand son corps fait fleurir un coquelicot.

Sois attentif à la joie de son évanouissement.

Que Cupidon vous vole
et que vous ne puissiez vous vêtir à nouveau si vous écourtez votre étreinte.

Petite ourse (Fin des poèmes d’avant-garde), 1925

(Traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu)

Joan Salvat-Papasseit (1894-1924).

Guillaume Apollinaire

Portrait de Guillaume Apollinaire (Jean Metzinger 1883-1956), 1910. Collection particulière.

Guillaume Apollinaire (1880-1918) s’est engagé dans l’armée bien que n’ayant pas la nationalité française. Il a été blessé à la tempe le 17 mars 1916 devant Berry-au-Bac (Aisne) par un éclat d’obus alors qu’il lisait le Mercure de France. Il est évacué vers une ambulance et opéré dans la nuit. Il est trépané le 9 mai 1916 à la villa Molière, annexe du Val-de-Grâce, boulevard Montmorency. Affaibli par cette blessure de guerre, il meurt chez lui, au 202 boulevard Saint-Germain, le 9 novembre 1918 de la grippe “espagnole ». Paul Léautaud écrit dans son Journal le 11 novembre 1918 qu’il est décédé d’une «grippe intestinale compliquée de congestion pulmonaire» . Alors qu’il agonise par asphyxie, les Parisiens défilent sous ses fenêtres en criant «À bas Guillaume!», faisant référence non au poète, mais à l’empereur Guillaume II d’Allemagne qui a abdiqué le même jour. Il est enterré le 13 novembre au cimetière du Père-Lachaise, division 86.

En mai 1921, ses amis constituent un comité afin de collecter des fonds pour l’exécution d’un monument funéraire par Pablo Picasso. Soixante-cinq artistes offrent des œuvres. La vente aux enchères a lieu à la Galerie Paul Guillaume les 16 et 18 juin 1924. Elle rapporte 30 450 francs. En 1927 et 1928, Picasso propose deux projets. Aucun n’est retenu. Le premier est jugé obscène par le comité. Pour le second – une construction de tiges en métal – Picasso s’est inspiré du «monument en vide» créé par l’oiseau du Bénin pour Croniamantal dans Le Poète assassiné. À l’automne 1928, il réalise quatre constructions avec l’aide de son ami, le sculpteur et peintre espagnol, Julio González (1876-1942), que le comité refuse; trois sont conservés au Musée Picasso à Paris, la quatrième appartient à une collection privée. Sa tête sculptée de Dora Maar, censéé représenter le poète, sera installée dans le square de Saint-Germain-des-Prés en 1955.

C’est le peintre Serge Férat (1881-1958), ami d’Apollinaire, qui dessinera finalement le monument-menhir en granit surmontant la tombe. Elle porte également une double épitaphe extraite du recueil Calligrammes, trois strophes discontinues de Colline, qui évoquent son projet poétique et sa mort, et un calligramme de tessons verts et blancs en forme de cœur qui se lit «mon cœur pareil à une flamme renversée».

Les collines

(…)

Je me suis enfin détaché
De toutes choses naturelles
Je peux mourir mais non pécher
Et ce qu’on n’a jamais touché
Je l’ai touché je l’ai palpé

Et j’ai scruté tout ce que nul
Ne peut en rien imaginer
Et j’ai soupesé maintes fois
Même la vie impondérable
Je peux mourir en souriant (…)

Habituez-vous comme moi
À ces prodiges que j’annonce
À la bonté qui va régner
À la souffrance que j’endure
Et vous connaîtrez l’avenir

Ondes, Calligrammes, 1918

Jorge Luis Borges e Islandia

Jorge Luis Borges y Adolfo Bioy Casares.

Adolfo Bioy Casares, Borges, Editorial Destino, 2006.

«BORGES: Un viaje es una serie de incomodidades.
BIOY: Sí, pero son incomodidades que se transforman en buenos recuerdos. No se puede pedir nada más que buenos recuerdos.
BORGES: Es cierto. Hay que pedir un buen pasado. Lo único a que puede un hombre aspirar es a un buen pasado. No: quizá también se pueda aspirar a un buen futuro. Lo que es imposible es un buen presente. El que pide un buen presente no tiene noción de la realidad.»

Jorge Luis Borges sentía una misteriosa fascinación por Islandia. Visitó el país tres veces: en 1971, 1976 y 1982. Se casó con María Kodama bajo el culto de los dioses paganos Odin y Thor y oficialmente en abril de 1986. Falleció en Ginebra dos meses más tarde el 14 de junio de 1986. Tenía 86 años.

Cita con Maria Kodama. Entrevista (Clarín, 31/07/2016)

“–En el libro usted habla del amor que Borges sentía aunque no lo decía “hasta que me lo reveló en Islandia”. ¿Qué pasó en Islandia?
Y es aquí cuando María Kodama más se sonroja y se ríe.
–Islandia fue el principio de una relación de amor muy especial entre él y yo. Se manifiesta en Islandia porque ir allí fue la materialización de una historia que venía de antes.
–¿Hasta ese momento usted era sólo una discípula?
–No, mucho mucho antes era una discípula… Pero en términos literarios estaba muy bien que fuera en Islandia.”

Lápida de Borges. Cementerio de Plainpalais, Ginebra, Suiza.

Borges está enterrado en el cementerio de Plainpalais de Ginebra. En la lápida de su tumba aparece tallada la imagen de siete guerreros que blanden sus armas. Y, debajo, una frase en anglosajón (inglés antiguo) que pertenece a un antiguo poema que conmemora la batalla de Maldon, ocurrida en el año 991, en el que un ejército sajón debió enfrentar a una horda de vikingos. La frase es AND NE FORTHEDON NA, “y que no temieran”, parte de la arenga que el líder sajón dio a sus hombres antes de la batalla: les dijo que no temieran ante la muerte, y que tuvieran coraje.

En el reverso está también tallada una frase: “Hann tekr sverðit Gram ok leggr í meðal þeira bert”, que proviene de la Völsunga saga, una serie de relatos escrita en el siglo XIII (su padre, Jorge Guillermo Borges 1874 – 1938, se la regaló en inglés cuando era un adolescente). Significa: “Él tomó la espada Gram y la colocó entre ellos desenvainada”. Es a su vez el epígrafe de un cuento de Borges, “Ulrica“, incluido en El libro de arena (1975), único relato de amor del autor y cuyo protagonista se llama Javier Otálora. Debajo hay una talla de un barco que fue tomado de una piedra vikinga. Ese barco simboliza la eternidad y el viaje final del hombre. y bajo ésta se puede ver una tercera inscripción: «De Ulrica a Javier Otárola», lo que permite interpretar esta última inscripción como una dedicatoria de María Kodama a Jorge Luis Borges. La segunda mujer del escritor argentino encargó la talla de la lápida al escultor argentino Eduardo Longato.

Lápida de Borges. Cementerio de Plainpalais, Ginebra, Suiza.

Jorge Luis Borges

Jorge Luis Borges en Madrid en 1980 (Antonio Suárez).

A Islandia

De las regiones de la hermosa tierra
que mi carne y su sombra han fatigado
eres la más remota y la más íntima,
Última Thule, Islandia de las naves,
Del terco arado y del constante remo,
de las tendidas redes marineras,
de esa curiosa luz de tarde inmóvil
que efunde el vago cielo desde el alba
y del viento que busca los perdidos
Velámenes del viking. Tierra sacra
que fuiste la memoria de Germania
y rescataste su mitología
de una selva de hierro y de su lobo
y de la nave que los dioses temen,
labrada con las uñas de los muertos.
Islandia, te he soñado largamente
desde aquella mañana en que mi padre
le dio al niño que he sido y que no ha muerto
una versión de la Völsunga Saga
que ahora está descifrando mi penumbra
con la ayuda del lento diccionario.
Cuando el cuerpo se cansa de su hombre,
cuando el fuego declina y ya es ceniza,
bien está el resignado aprendizaje
de una empresa infinita; yo he elegido
el de tu lengua, ese latín del Norte
que abarcó las estepas y los mares
de un hemisferio y resonó en Bizancio
y en las márgenes vírgenes de América.
Sé que no lo sabré, pero me esperan
los eventuales dones de la busca,
no el fruto sabiamente inalcanzable.
Lo mismo sentirán quienes indagan
los astros o la serie de los números…
Sólo el amor, el ignorante amor, Islandia.

El oro de los tigres, 1972.

A l’Islande

De tous les pays de ce monde de beauté
que lassèrent ma chair et l’ombre de ma chair
nul n’est plus près du fond intime de mon coeur
que toi, Thulé dernière, Islande des vaisseaux,
de la constante rame et du soc obstiné,
des filets de pêcheur tendus comme des murs,
de cette étrange lumière de soir figé
qu’épand le vague ciel entre deux lentes nuits,
du vent qui cherche les voilures égarées
du Viking; terre sainte à qui la Germanie
dut sa mémoire, dut le rachat de ses mythes,
dut ta forêt de fer et son loup et la nef
faite d’ongles de morts, horrible aux dieux eux-mêmes.
Islande, j’ai rêvé de toi bien longuement
depuis ce vieux matin où mon père donna
à l’enfant que j’étais et que je suis encore
une version de la Völsunga Saga;
ma pénombre aujourd’hui s’attaque au texte même
non sans l’aide parfois du lent dictionnaire.
Un jour vient où le corps se lasse de son homme,
un jour vient où le feu décline et devient cendre;
heureux alors l’apprentissage résigné
d’une science interminable. J’ai choisi
ta langue, ce latin du Nord qui domina
les steppes et les océans d’un hémisphère,
qu’entendirent Byzance et la vierge Amérique.
Vraiment la posséder, je m’en sais incapable,
mais les dons hasardeux de la quête m’attendent;
j’en oublierai le fruit doctement défendu.
Font-ils mieux, les chercheurs d’étoiles ou de nombres?
Islande, à toi l’amour, seul l’ignorant amour.

L’or des tigres. 1976. Editions Gallimard. Mis en vers français par Ibarra.

Islandia

Qué dicha para todos los hombres,
Islandia de los mares, que existas.
Islandia de la nieve silenciosa y del agua ferviente.
Islandia de la noche que se aboveda
sobre la vigilia y el sueño.
Isla del día blanco que regresa,
joven y mortal como Baldr.
Fría rosa, isla secreta
que fuiste la memoria de Germania
y salvaste para nosotros
su apagada, enterrada mitología,
el anillo que engendra nueve anillos,
los altos lobos de la selva de hierro
que devorarán la luna y el sol,
la nave que Alguien o Algo construye
con uñas de los muertos.
Islandia de los cráteres que esperan,
y de las tranquilas majadas.
Islandia de las tardes inmóviles
y de los hombres fuertes
que son ahora marineros y barqueros y párrocos
y que ayer descubrieron un continente.
Isla de los caballos de larga crin
que engendran sobre el pasto y la lava,
isla del agua llena de monedas
y de no saciada esperanza.
Islandia de la espada y de la runa,
Islandia de la gran memoria cóncava
que no es una nostalgia.

Historia de la noche, 1977.

Islande

Quelle joie pour tous les hommes,
Islande des mers, que tu existes.
Islande de la neige silencieuse et de l’eau fervente.
Islande de la nuit comme une voûte
sur la veille et le sommeil.
Islande du jour blanc qui revient,
jeune et mortel comme Baldr.
Froide rose, île secrète
qui fus la mémoire de Germanie
et préservas pour nous
sa mythologie éteinte, enterrée,
l’anneau qui engendre neuf anneaux,
les grands loups de la forêt de fer
qui dévoreront le lune et le soleil,
la nef que Quelqu’un ou Quelque chose construit
avec des ongles de morts.
Islande des cratères qui attendent,
et des tranquilles troupeaux de brebis.
Islande des soirs immobiles
et des hommes forts
qui sont maintenant matelots et bateliers et paroissiens
et qui hier découvrirent un continent.
Islande des chevaux à longs crins
qui engendrent sur l’herbe et la lave,
île à l’eau pleine de monnaies
et à l’espoir non rassasié.
Islande de l’épée et de la rune,
Islande de la grande mémoire concave
qui n’est pas une nostalgie.

Histoire de la nuit, 1977. Mis en vers français par Ibarra. Éditions Gallimard, 1983.

Charles Baudelaire

Caricature de Charles Baudelaire. 1863. (Sébastien Charles Giraud 1819-1892). Collection particulière.

Le 4 février 1857, Charles Baudelaire remet à l’éditeur Auguste Poulet-Malassis, installé à Alençon, un manuscrit contenant 100 poèmes. Ce chiffre lui apparaît comme un nombre d’or, symbole de perfection. Tirée à 1 300 exemplaires, la première édition des Fleurs du Mal est mise en vente le 25 juin et vendue 3 francs.

LXIX. La musique

La musique souvent me prend comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J’escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;

Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre ;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l’immense gouffre
Me bercent. D’autres fois, calme plat, grand miroir
De mon désespoir!

Les Fleurs du mal. Section Spleen et Idéal. 1857.

Baudelaire développe dans ce poème la conception qu’il expose dans sa lettre du 17 février 1860 à Richard Wagner: “…j’ai éprouvé souvent un sentiment d’une nature assez bizarre, c’est l’orgueil et la jouissance de comprendre, de me laisser pénétrer, envahir, volupté vraiment sensuelle, et qui ressemble à celle de monter dans l’air ou de rouler sur la mer.”

C’est aujourd’hui la Fête de la Musique. Le solstice d’été.

Illustration pour Les Fleurs du Mal. 1899. (Armand Rassenfosse 1862-1934)

Jorge Luis Borges

Jorge Luis Borges. 1921.

Gunnar Thorgilsson
(1816 – 1879)

La memoria del tiempo
está llena de espadas y de naves
y de polvo de imperios
y de rumor de hexámetros
y de altos caballos de guerra
y de clamores y de Shakespeare.
Yo quiero recordar aquel beso
con el que me besabas en Islandia.

Historia de la noche, 1977.

Gunnar Thorgilsson
(1816 – 1879)

La mémoire du temps
Est pleine d’épées et de navires
Et de poudre d’empires
Et de rumeurs d’hexamètres
Et de hauts coursiers de guerre
Et de clameurs et de Shakespeare.
Je veux me souvenir du baiser
Que tu me donnais en Islande.

Jorge Luis Borges. Histoire de la nuit, 1977. (Traduit par Silvia Baron Supervielle). Poèmes d’amour. NRF, Gallimard, 2004.

Nostalgia del presente

En aquel preciso momento el hombre se dijo:
Qué no daría yo por la dicha
de estar a tu lado en Islandia
bajo el gran día inmóvil
y de compartir el ahora
como se comparte la música
o el sabor de la fruta.
En aquel preciso momento
el hombre estaba junto a ella en Islandia.

La cifra, 1981.

Nostalgie du présent

Á cet instant précis l’homme se dit:
Que ne donnerais-je pour la joie
d’être en Islande à tes côtés
sous le grand jour immobile
et de partager le présent
comme on partage la musique
ou la saveur d’un fruit.
Á cet instant précis
l’homme était près d’elle en Islande

Le chiffre, 1981. (Traduit par Silvia Baron Supervielle). Poèmes d’amour. NRF, Gallimard, 2004.

Volcan Hekla (Islande). 1 488 m. La croyance locale voulait que ce soit l’entrée des Enfers.

Miguel Hernández 1910 – 1942

Miguel Hernández.

El Diario.es, 19/06/2019

Por Miguel Hernández y todos sus compañeros

Si realmente España es un estado de derecho y la Constitución es el baluarte que garantiza nuestros derechos y libertades, la Universidad de Alicante deberá corregir con urgencia este acto inquisitorial

Me llamo Floren Dimas y desde 1995 vengo realizando un trabajo de investigación sobre la represión franquista en la Región de Murcia. Hasta el momento llevo revisados más de 7.000 sumarios del Ejército de Tierra, 650 de la Marina y 45 del Ejército del Aire.

En el extracto que he realizado de cada uno de ellos figura, aparte de los procesados, los denunciantes y los testigos, los componentes de toda la maquinaria represora franquista: los presidentes de los tribunales militares, vocales, ponentes, fiscales y supuestos defensores de los consejos de guerra; los jueces instructores, secretarios de causas, comisarios y agentes de policía, implicados en detenciones, registros e interrogatorios; jefes de Falange y delegados del Servicio de Información e Investigación de Falange, miembros del Servicio de Información de la Guardia Civil, Auditoría militar de guerra, directores y responsables de prisiones y de campos de contración y de colonias penitenciarias; en fin, todo el universo opresivo que se cernió sobre los vencidos, quedan reflejados en un trabajo en el que he invertido veinticuatro años de mi vida y que espero que vea la luz dentro de poco.

En relación con la censura aplicada por la Universidad de Alicante, para ocultar al conocimiento público el nombre de una de las piezas clave del engranaje inquisitorial, que llevó al poeta Miguel Hernández a morir en una infecta mazmorra, como lo hicieron decenas de miles de españoles ante los pelotones de fusilamiento, no puedo por menos que expresar mi indignación más rotunda, ante esta medida que nuevamente pretende coartar la libertad de expresión, y poner en riesgo la propia razón de ser del trabajo de investigación histórica.

Si realmente España es un estado de derecho y la Constitución es el baluarte que garantiza nuestros derechos y libertades, la Universidad de Alicante deberá corregir con urgencia este acto inquisitorial. O tendremos que pensar que España es otra cosa.

(Floren Dimas Balsalobre. Oficial del Ejército del Aire (RTD), investigador histórico y delegado regional de la asociacion memorialista AGE, miembro de Anemoi, (Colectivo de militares demócratas españoles) y de ACMYR (Asociación Civil Mlicia y República), cofundador de la primera asociación memorialista registrada en España.)

Postal que Miguel Hernández realizó para su hijo con el poema Rueda que irás muy lejos.

Miguel Hernández 1910 – 1942

Miguel Hernández amortajado (Eusebio de Oca), 1942.

El País, 11/05/2014 Una sentencia que llegó al Supremo y al Constitucional

La condena a muerte del poeta Miguel Hernández fue injusta y su proceso estuvo plagado de irregularidades, según los familiares del escritor, que falleció en una cárcel de Alicante, en 1942 y la Comisión Cívica para la Recuperación de la Memoria Histórica de Alicante. La familia de Miguel Hernández inició en 2010 una cruzada para que un tribunal democrático anulara la sentencia por la que un consejo de guerra franquista condenó a muerte al poeta en 1940. Franco le conmutó la pena a 30 años para evitar que se convirtiera en otro Lorca, pero en 1942, como consecuencia de las duras condiciones de la prisión, falleció. Los descendientes del poeta acudieron al Supremo con el objetivo de que quedara claro que aquel 28 de marzo de 1942 murió un hombre “inocente”, en palabras de su nuera, Lucía Izquierdo.
La Sala de lo Militar del Tribunal Supremo, un año más tarde, en febrero de 2011 denegó la revisión de la sentencia del consejo de guerra que condenó a muerte al poeta Miguel Hernández. El Tribunal rechazó la petición de la familia del poeta para interponer recurso extraordinario de Revisión, frente a la sentencia de fecha 18 de enero de 1940, dictada por el Consejo de guerra Permanente número 5 de Madrid contra Miguel Hernández, como autor de un delito de Adhesión a la Rebelión previsto en el artículo 238.2º del Código de Justicia Militar del año 1890.
La Sala denegó la interposición del recurso por inexistencia de los presupuestos del mismo, “según lo dispuesto en la ley de Memoria Histórica”, dado que dicha condena producida por motivos políticos e ideológicos ha sido reconocida por esta ley como radicalmente injusta, y declarada su ilegitimidad por vicios de fondo y forma, careciendo actualmente de vigencia jurídica.
Los familiares no se dieron por vencidos y acudieron al Tribunal Constitucional para plantear la nulidad de la condena a muerte del poeta en 1940. En un auto, del 26 de septiembre de 2012, el Alto Tribunal tampoco admitió a trámite el recurso de amparo presentado por la familia de Miguel Hernández en el que solicitaba la inconstitucionalidad de la resolución del Tribunal Supremo inadmitiendo la demanda de revisión de la sentencia que, en 1940 en un juicio sumarísimo y sin ningún tipo de garantías, condenó a muerte al inmortal poeta, según informó la Comisión Cívica de Alicante para la Recuperación de la Memoria Histórica.
El abogado de la familia, Carlos Candela, lamentó que el Tribunal “no examine a fondo el recurso” y se limite en unas pocas frases a “manifestar la inexistencia de violación de un derecho fundamental tutelable de amparo”, según dijo Candela.

El País, 18/06/2019
La Universidad de Alicante, tras la petición de un familiar, elimina de dos artículos digitales el nombre del alférez que participó en el consejo de guerra que condenó a muerte al poeta Miguel Hernández

Miguel Hernández salió de la cárcel de Sevilla inesperadamente en septiembre de 1939 y volvió a Orihuela. Fue delatado y detenido en la prisión de la plaza del Conde de Toreno en Madrid. Fue juzgado y condenado a muerte en marzo de 1940 por un Consejo de Guerra presidido por el juez Manuel Martínez Margallo en el que actuó como secretario el alférez Antonio Luis Baena Tocón. José María de Cossío y otros intelectuales amigos, entre ellos Luis Almarcha Hernández, amigo de la juventud y vicario general de la diócesis de Orihuela (posteriormente obispo de León en 1944), intercedieron por él y se le conmutó la pena de muerte por la de treinta años de cárcel. También entonces influyó mucho la gestión del propio Cossío, que acudió al secretario de la Junta Política de FET y de las JONS, Carlos Sentís, y a Rafael Sánchez Mazas, vicesecretario de la misma, pero que tenía relación con el general José Enrique Varela, Ministro del Ejército, que en carta le contestó a Sánchez Mazas a mitad de 1940: “Tengo el gusto de participarle que la pena capital que pesaba sobre Don Miguel Hernández Gilabert, por quien se interesa, ha sido conmutada por la inmediata inferior, esperando que este acto de generosidad del Caudillo, obligará al agraciado a seguir una conducta que sea rectificación del pasado”. Pasó luego a la prisión de Palencia, donde decía que no podía llorar, porque las lágrimas se congelaban por el frío; en septiembre de 1940 y en noviembre, al penal de Ocaña (Toledo). En 1941, fue trasladado al reformatorio de Adultos de Alicante, donde compartió celda con Buero Vallejo. Allí enfermó. Padeció primero bronquitis y luego tifus, que se le complicó con tuberculosis. Falleció en la enfermería de la prisión alicantina a las 5:32 de la mañana del 28 de marzo de 1942, con tan sólo 31 años de edad. Se cuenta que no pudieron cerrarle los ojos, hecho sobre el que su amigo Vicente Aleixandre compuso un poema. Fue enterrado el 30 de marzo, en el nicho número mil nueve del cementerio de Nuestra Señora del Remedio de Alicante.

Manuel Martínez Margallo
Hasta hace poco, no se conocía qué juez había condenado a Miguel Hernández a muerte, aunque después se le conmutó por 30 años de cárcel. Lo reveló Juan Antonio Ríos Carratalá, autor del libro «Nos vemos en Chicote» (Renacimiento), publicado este año (2019), en el que se cuenta cómo en el popular bar de la Gran Vía de Madrid compartían tragos los periodistas y escritores que serían procesados con quienes serían sus jueces. En este caso, está la figura de Manuel Martínez Margallo, que pasó de ser escritor de revistas humorísticas como «La Codorniz» a juez de sus compañeros de profesión. Firmaba sus relatos como Manuel Lázaro. «Y se entregó con inquina inimaginable», cuenta el biografo de Miguel Hernández, José Luis Ferris.

Wikipedia Antonio Luis Baena Tocón (1915-1998) fue un militar y funcionario español que, en los años posteriores a la guerra civil española, formó parte de diversos tribunales militares de la dictadura de Francisco Franco.

Entre 1939 y 1943, con la graduación de alférez, Baena Tocón fue destinado al Juzgado Especial de Prensa,encargado de perseguir y depurar a aquellas personas que hubiesen escrito en medios de comunicación durante la República. A las órdenes del juez instructor se encargó de investigar la Hemeroteca Municipal de Madrid, anotando los nombres de escritores y periodistas junto con comentarios sobre el carácter de los presuntos delitos que habrían cometido en sus piezas literarias.

Además, fue miembro de varios consejos de guerra relacionados con el Juzgado Especial de Prensa, destacando el instruido contra el poeta Miguel Hernández, condenado a muerte en marzo de 1940 –la pena fue posteriormente conmutada por 30 años de prisión–. Baena Tocón figuró como secretario del mismo, a pesar de no tener la titulación necesaria para ello al haber aprobado tan solo unas pocas asignaturas de Derecho.

En junio de 1966 Antonio Luis Baena Tocón fue nombrado interventor delAyuntamiento de Córdoba, puesto que desempeñó hasta su jubilación. Anteriormente había sido habilitado como viceinterventor de la Diputación Provincial. Ambas plazas, como era normal durante la dictadura, fueron otorgadas en virtud de sus méritos al servicio del régimen.

En junio de 2019 la Universidad de Alicante, a solicitud de su hijo, borró de sus archivos digitales toda referencia a la participación de Antonio Luis Baena Tocón en el juicio a Miguel Hernández. Rápidamente se generó un efecto Streisand, convirtiendo el nombre de Baena Tocón en trending topic.

Miguel Hernández (Sciammarella). El País, 19 de junio de 2019.