Robert et Sonia Delaunay

Robert Delaunay. Autoportrait. Hiver 1905-06. Paris, Centre Georges Pompidou.

J’ai vu hier en sortant du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris le grand tableau de Robert Delaunay (1885-1941), L’Équipe de Cardiff, 1912-1913. Presenté au salon des indépendants de 1913, il fut acheté pour l’Exposition universelle de 1937 (326 × 208 cm) . On peut lire sur le carton: ” Conçue avec l’efficacité visuelle d’une affiche publicitaire, ” la toile la plus libre et la plus puissante ” du Salon des indépendants de 1913, selon Apollinaire, invite au spectacle de la vie moderne. Delaunay y reconfigure des extraits de revues, photographies, cartes postales en de nouveaux moyens plastiques dans la simultanéité dynamique et la vibration des couleurs. Les joueurs de rugby en action sont les véhicules de la décomposition de la couleur par la lumière. Le biplan, la marque d’aéronautique ” Astra “, la tour Eiffel et la grande roue signalent l’entrée dans l’ère de la sensation forte, de la vision en altitude d’un Paris ” Magic City ” lancé vers l’avenir. Le peintre s’associe à ce brillant élan international de l’art qu’il signe ” Delaunay / New York/ Paris/ Berlin.” Cinq joueurs de rugby sont représentés dans la partie inférieure du tableau. Les joueurs sont peints en pleine action, leurs maillots de couleurs vives sont faits de traits grossiers. Sur le plan supérieur se trouve une affiche publicitaire au slogan « Astra » et derrière de grandes inventions de l’époque.

Portait de Sonia Delaunay (Florence Henry). 1934. Paris, Centre Georges Pompidou.

L’ épouse de Robert, Sonia Delaunay (née Sophie Stern ou bien Sara Illinichtna Stern 1885-1979) me semble une artiste plus complète et plus intéressante bien qu’elle soit moins connue que son second mari. Elle est née en Ukraine dans une famille juive. Son père est ouvrier. À l’âge de cinq ans, Sonia est adoptée par son oncle Terk, avocat à Saint-Pétersbourg. Elle vit dans un milieu cultivé. Elle part en 1903 étudier le dessin à Karlsruhe, en Allemagne, et arrive à Paris en 1905 pour suivre des cours de peinture à Montparnasse. Elle est naturalisée française grâce à un premier mariage avec Wilhelm Uhde (1874-1947), marchand et collectionneur d’art, en décembre 1908. Elle divorce de ce premier mari et épouse Robert Delaunay le 15 novembre 1910 à la mairie du sixième arrondissement. Ils vivent de 1914 à 1921 en Espagne et au Portugal. J’ai pu pu voir récemment certaines des réalisations de Sonia Delaunay au Centre Georges Pompidou lors de l’exposition Elles font l’abstraction. Son oeuvre textile abondante (couvertures, tissus imprimés, livres d’artistes, robes de haute couture) a pu nuire au rayonnement de ses tableaux.

Sonia Delaunay. Les montres Zénith. 1914. Paris, Centre Georges Pompidou.

Le soir, au stade de France, l’Équipe de France créait l’exploit en battant l’équipe de Nouvelle-Zélande (Les All Blacks) 40 à 25.

Robert Delaunay. L’Équipe de Cardiff. 1912-13. Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.