Francis Scott Fitzgerald

Francis Scott Fitzgerald. 1925.
 Incipit. The Great Gatsby. Gatsby le Magnifique. 1925.

« In my younger and more vulnerable years my father gave me some advice that I’ve been turning over in my mind ever since. “Whenever you feel like criticizing any one,” he told me, “just remember that all the people in this world haven’t had the advantages that you’ve had.” »

« Quand j’étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit:  — Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi. » (Traduction Victor Llona, première version, 1926, Edition Simon Kra)

«Quand j’étais plus jeune, c’est-à-dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit: – Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi » (Traduction Victor Llona, deuxième version,  1945, Grasset)

« Dès mon âge le plus tendre et le plus facile à influencer, mon père m’a donné un certain conseil que je n’ai jamais oublié: — Chaque fois que tu te prépares à critiquer quelqu’un, m’a-t-il dit, souviens-toi qu’en venant sur terre tout le monde n’a pas eu droit aux mêmes avantages que toi. » (Traduction Jacques Tournier, 1990, Livre de Poche)

« Quand j’étais plus jeune et plus influençable, mon père m’a donné un conseil que je n’ai cessé de méditer depuis: “Chaque fois que tu as envie de critiquer quelqu’un, me dit-il, souviens-toi seulement que tout le monde n’a pas bénéficié des mêmes avantages que toi.” » (Traduction Julie Wolkenstein, 2011, POL )

« Quand j’étais plus jeune et plus vulnérable, mon père, un jour, m’a donné un conseil que je n’ai pas cessé de retourner dans ma tête:  “Chaque fois que tu seras tenté de critiquer quelqu’un, m’a-t-il dit, songe d’abord que tout un chacun n’a pas eu en ce bas monde les mêmes avantages que toi.” » (Traduction Philippe Jaworski, 2012, Pléiade et Folio)

Dernière phrase. The Great Gatsby. Gatsby le Magnifique. 1925.

«So we beat on, boats against the current, borne back ceaselessly into the past»

« C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé. » (Traduction Victor Llona, première version, 1926, Edition Simon Kra)

« Car c’est ainsi que nous allons, barques luttant contre un courant qui nous ramène sans cesse vers le passé. » (Traduction Victor Llona, deuxième version,  1945, Grasset)

« Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre passé. » (Traduction Jacques Tournier 1990)

«C’est ainsi que nous nous débattons, comme des barques contre le courant, sans cesse repoussés vers le passé.» (Traduction Julie Wolkenstein, 2011, POL )

« C’est ainsi que nous avançons, barques à contre-courant, sans cesse ramenés vers le passé. » (Traduction Philippe Jaworski, 2012, Pléiade et Folio)

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The Crack-up. La Fêlure. Février 1936.

“Of course all life is a process of breaking down, but the blows that do the dramatic side of the work – the big sudden blows that come, or seem to come, from outside – the ones you remember and blame things on and, in moments of weakness, tell your friends about, don’t show their effect all at once. There is another sort of blow that comes from within – that you don’t feel until it’s too late to do anything about it, until you realize with finality that in some regard you will never be as good a man again. The first sort of breakage seems to happen quick – the second kind happens almost without your knowing it but is realized suddenly indeed.”

«Toute vie est bien entendu un processus de démolition, mais les atteintes qui font le travail à coups d’éclat – les grandes poussées soudaines qui viennent ou semblent venir du dehors, celles dont on se souvient, auxquelles on attribue la responsabilité des choses, et dont on parle à ses amis aux instants de faiblesse, n’ont pas d’effet qui se voie tout de suite. Il existe des coups d’une autre espèce, qui viennent du dedans – qu’on ne sent que lorsqu’il est trop tard pour y faire quoi que ce soit, et qu’on s’aperçoit définitivement que dans une certaine mesure on ne sera plus jamais le même. La première espèce de rupture donne l’impression de se produire vite – l’autre se produit sans presque qu’on le sache, mais on en prend conscience vraiment d’un seul coup.» (Traduction D. Aubry, Folio, 1963)

Sartoris (William Faulkner) 1929.

« Lui qui n’avait pas attendu que le temps et tout ce qu’apporte le temps lui apprissent que le suprême degré de la sagesse était d’avoir des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu’on les poursuit. » 

« …Who had not waited for Time and its furniture to teach him that the end of wisdom is to dream high enough not to lose the dream in the seeking of it. » (Flags in the Dust, 1929)

William Faulkner.

Lady Bird (Greta Gerwig)

Vu dimanche 1 avril à la Ferme du Buisson (Noisiel) :
Lady Bird (2017) 94 min. Réal. et Sc.: Greta Gerwig. Dir. Photo: Sam Lévy. Int: Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Lucas Hedges, Timothée Chalamet, Beanie Feldstein, Lois Smith, Stephen Mc Kinley, Odeya Rush.

2002 dans la ville de Sacramento (capitale de l’état de Californie) après le 11 septembre. Christine «Lady Bird» Mc Pherson est une adolescente de 17 ans qui se bat pour ne pas ressembler à sa mère, infirmière psychiatrique qui travaille sans répit pour garder sa famille à flot après que le père, dépressif depuis de nombreuses années, a perdu son emploi. «Lady Bird», perdue entre ses premiers ébats amoureux, veut s’éloigner de sa ville et de sa famille pour aller étudier à New York.

Lady Bird peut se traduire par coccinelle ou demoiselle. C’est le surnom que Christine McPherson s’est choisi. Il fait d’elle ce qu’elle n’est pas: une dame, un oiseau, la bête à bon Dieu qui est en anglais l’animal de la Vierge. Ce sobriquet représente tout ce qu’elle veut quitter: la virginité, l’école catholique et ses sacrements, Sacramento, sa ville natale mortifère.

La cinéaste, native aussi de cette ville, évoque une citation de la romancière Joan Didion, née aussi là en 1934 :« Quiconque parle d’hédonisme californien n’a jamais passé Noël à Sacramento.» La Californie n’est pas le paradis qu’elle représente pour beaucoup.

Le film est construit en courtes séquences. Les changements de ton sont nombreux. Il s’ouvre sur Lady Bird et sa mère qui rentrent chez elles après une visite à la faculté proche où la jeune fille va s’inscrire. Toutes les deux pleurent en écoutant la fin du roman de de John Steinbeck, “Les Raisins de la colère” (1939). C’est un moment de communion plutôt rare. En effet, elles ne cessent de s’affronter tout au long du film. Ces deux femmes sont pourtant assez semblables. Greta Gerwig affirme: «Les Raisins de la colère est pour moi une œuvre majeure qui m’a aidée à comprendre la Californie, et l’origine de la plupart des gens qui peuplent l’univers de ce film. C’est sûrement aussi l’histoire de la famille de Lady Bird. Sacramento se situe dans une vallée agricole où de nombreux fermiers se sont exilés pendant la Grande Dépression”.

La plupart des personnages sont attachants. Christine cherche à fuir sa ville, sa famille comme beaucoup d’adolescents de 17 ans. Marion, la mère, tient la famille à bout de bras. L’affrontement entre les deux femmes constitue le centre du film. Le père, lui, lutte depuis des années contre la dépression comme le père Leviatch, l’animateur du groupe de théâtre. La différence entre les classes sociales apparaît nettement. Les difficultés économiques ne sont pas gommées comme souvent dans le cinéma américain ou français. Christine envie les autres jeunes qui ont ce qu’elle n’a pas. Sa famille habite du mauvais côté de la voie ferrée.

Christine réussira à intégrer une université de l’Est et bénéficiera d’une bourse et de l’aide de ses parents. L’épilogue du film a lieu donc à New York. Lady Bird redevient Christine et laisse un message sur le répondeur de ses parents. Elle ne perçoit la beauté des choses que quand elles ne sont plus là. Le cercle est bouclé.

Saoirse Ronan, Laurie Metcalf, Tracy Letts, Lucas Hedges, Lois Smith, Stephen Mc Kinley sont d’excellents acteurs. Lois Smith, qui intreprète avec humour le rôle de Soeur Sarah Joan, jouait déjà dans A l’Est d’Eden (1955) d’Elia Kazan. Elle suggère à Christine que l’attention que l’on prête aux êtres, aux choses, au réel, est une forme de l’amour. On peut penser à la philosophe Simone Weil qui dans La condition ouvrière (1937) dit :
« Ce n’est pas vainement qu’on nomme attention religieuse la plénitude de l’attention. La plénitude de l’attention n’est pas autre chose que la prière. »

Filmographie de Greta Gerwig:
2008: Nights and Weekends (co-réalisé avec Joe Swanberg)
2017: Lady Bird

Jaime Gil de Biedma

Jaime Gil de Biedma 1929-1990. 

                                                         

Años triunfales

                                                           […] y la más hermosa
                                                           sonríe al más fiero de los vencedores.
                                                          Rubén Darío   

Media España ocupaba España entera
con la vulgaridad, con el desprecio
total de que es capaz, frente al vencido,
un intratable pueblo de cabreros.

Barcelona y Madrid eran algo humillado.
Como una casa sucia, donde la gente es vieja,
la ciudad parecía más oscura
y los Metros olían a miseria.

Con la luz de atardecer, sobresaltada y triste,
se salía a las calles de un invierno
poblado de infelices gabardinas
a la deriva bajo el viento.

Y pasaban figuras mal vestidas
de mujeres, cruzando como sombras,
solitarias mujeres adiestradas
—viudas, hijas o esposas—

en los modos peores de ganar la vida
y suplir a sus hombres. Por la noche,
las más hermosas sonreían
a los más insolentes de los vencedores.

Moralidades, 1966

Victor Hugo – Charles Baudelaire

Portrait de Charles Baudelaire (Gustave Courbet) 1848-49. Montpellier, Musée Fabre.

Lettre à Charles Baudelaire

Hauteville House, dimanche 30 août 1857

J’ai reçu, Monsieur, votre noble lettre et votre beau livre. L’art est comme l’azur, c’est le champ infini. Vous venez de le prouver. Vos Fleurs du mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. Continuez. Je crie bravo de toutes mes forces à votre vigoureux esprit. Permettez-moi de finir ces quelques lignes par une félicitation. Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu’il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu’il appelle sa morale. C’est là une couronne de plus.
Je vous serre la main, poëte.
Victor Hugo

Portrait en pied de Victor Hugo (Edmond Bacot), 1862.

Le Bleu du Ciel (Georges Bataille)

”   Je la voyais en général dans un bar-restaurant derrière la Bourse. Je la faisais manger avec moi. Nous arrivions difficilement à finir un repas. Le temps passait en discussions.
C’était une fille de vingt-cinq ans, laide et visiblement sale (les femmes avec lesquelles je sortais auparavant étaient, au contraire, bien habillées et jolies). Son nom de famille, Lazare, répondait mieux à son aspect macabre que son prénom. Elle était étrange, assez ridicule même. Il était difficile d’expliquer l’intérêt que j’avais pour elle. Il fallait supposer un dérangement mental. Il en allait ainsi, tout au moins, pour ceux de mes amis que je rencontrais en Bourse.
Elle était, à ce moment, le seul être qui me fit échapper à l’abattement: elle avait à peine passé la porte du bar – sa silhouette décarcassée et noire à l’entrée, dans cet endroit voué à la chance et à la fortune, était une apparition du malheur – je me levais, je la conduisais à ma table. Elle avait des vêtements noirs, mal coupés et tachés. Elle avait l’air de ne rien voir devant elle, souvent elle bousculait les tables en passant. Sans chapeau, ses cheveux courts, raides et mal peignés, lui donnaient des ailes de corbeau de chaque côté du visage. Elle avait un grand nez de juive maigre, à la chair jaunâtre, qui sortait de ces ailes sous des lunettes d’acier.
Elle mettait mal à l’aise: elle parlait lentement avec la sérénité d’un esprit étranger à tout; la maladie, la fatigue. le dénuement ou la mort ne comptaient pour rien à ses yeux. Ce qu’elle supposait d’avance, chez les autres était l’indifférence la plus calme. Elle exerçait une fascination, tant par sa lucidité que par sa pensée d’hallucinée. Je lui remettais l’argent nécessaire à l’impression d’une minuscule revue mensuelle à laquelle elle attachait beaucoup d’importance. Elle y défendait les principes d’un communisme bien différent du communisme officiel de Moscou. Le plus souvent, je pensais qu’elle était positivement folle, que c’était, de ma part, une plaisanterie malveillante de me prêter à son jeu. Je la voyais, j’imagine, parce que son agitation était aussi désaxée, aussi stérile que ma vie privée, en même temps aussi troublée. Ce qui m’intéressait le plus était l’avidité maladive qui la poussait à donner sa vie et son sang pour la cause des déshérités. Je réfléchissais: ce serait un sang pauvre de vierge sale.”

(Roman achevé en mai 1935, publié en 1957)

Georges Bataille fit la connaissance de Simone Weil en 1931 au temps du «Cercle communiste démocratique»  et pendant sa collaboration à la revue La Critique sociale où elle écrivait aussi.

Boris Souvarine, qui dirigea le « Cercle Communiste démocratique », groupe oppositionnel antistalinien, reprocha à Georges Bataille d’avoir pris pour modèle de l’étrange personnage de Lazare dans Le Bleu du Ciel, Simone Weil. Bataille la décrit comme une femme laide, bonne, intelligente, et militante politique. Sa présence est un besoin pour le narrateur, Troppmann.

Après la seconde guerre mondiale et la mort de Simone Weil le 24 août 1943 au sanatorium d’ Ashford (Angleterre), il la décrira ainsi:
«J’ajouterai ici que j’ai rencontré autrefois Simone Weil. Bien peu d’êtres humains m’ont intéressé au même point. Son incontestable laideur effrayait, mais personnellement je prétendais qu’elle avait aussi, en un sens, une véritable beauté. Elle séduisait par une autorité très douce et très simple; c’était certainement un être admirable, asexué, avec quelque chose de néfaste. Toujours noire, les vétements noirs, les cheveux en aile de corbeau, le teint bistre. Elle était sans doute très bonne, mais à cour sûr un Don Quichotte qui plaisait par sa lucidité, son pessimisme hardi, et par un courage extrême que l’impossible attirait. Elle avait bien peu d’humour, pourtant je suis sûr qu’intérieurement elle était plus fêlée, plus vivante qu’elle ne croyait elle-même. De son amie [c’est-à-dire de Simone Weil], Simone Pètrement n’a pas vu le côté néfaste, ni l’extraordinaire inanité. Je le dis sans vouloir la diminuer: il y avait en elle une merveilleuse volonté d’inanité: c’est peut-être le ressort d’une âpreté géniale, qui rend ses livres si prenants.»

Georges Bataille, «La victoire militaire et la banqueroute de la morale qui maudit» dans Critique n°40, septembre 1949.

Simone Weil

Antonio Machado

Baeza, Calle de san Pablo. Estatua de Antonio Machado. 2008.

La saeta

¿Quién me presta una escalera,
para subir al madero,
para quitarle los clavos
a Jesús el Nazareno?
Saeta popular.

¡Oh, la saeta, el cantar
al Cristo de los gitanos
siempre con sangre en las manos
siempre por desenclavar!

¡Cantar del pueblo andaluz
que todas las primaveras
anda pidiendo escaleras
para subir a la cruz.!

¡Cantar de la tierra mía
que echa flores
al Jesús de la agonía
y es la fe de mis mayores!

¡Oh, no eres tú mi cantar
¡No puedo cantar, ni quiero
a este Jesús del madero
sino al que anduvo en el mar!

Campos de Castilla, 1912.

CXXX. La saeta

Qui me prête une échelle
pour aller sur la croix,
enlever les clous
de Jésus le Nazaréen ?
Saeta populaire.

Oh ! La saeta le couplet
au Christ des gitans,
avec toujours aux mains du sang,
et toujours sur sa croix cloué !

Oh! chanson du peuple andalou,
qui à chaque printemps,
demande des échelles
pour monter à la croix !

Chant de ma terre,
jetant des fleurs
au Christ de l’agonie,
qui est la foi de mes ancêtres !

Tu n’es pas le chant de mon coeur !
Je ne veux ni ne peux
chanter ce Christ en croix
mais celui qui marchait sur la mer.

Champs de Castille, Solitudes, Galeries et autres poèmes et Poésies de la guerre. Traduction Sylvie Léger et Bernard Sesé. Paris, NRF Poésie Gallimard n°144 1981.

Cristo crucificado (Diego Velázquez) 1632 Madrid. Museo del Prado.

Joan Manuel Serrat, 1974.

https://www.youtube.com/watch?v=bRgOX70qYh8

Miguel Hernández

Le poète espagnol Manuel Hernández est mort à l’ infirmerie de la Prison d’ Alicante à le 28 mars 1942 à 5h32. Il avait 31 ans.

Escribí en el arenal

Escribí en el arenal
los tres nombres de la vida:
vida, muerte, amor.

Una ráfaga de mar,
tantas claras veces ida,
vino y los borró.

Miguel Hernández, Cancionero y romancero de ausencias, 1938-1941

Miguel Hernández en la cárcel.

 

La Belle et la Belle (Sophie Fillières)

Vu dimanche 25 mars à la Ferme du Buisson (Noisiel) :

La Belle et la Belle (2018) 95 min. Réal. et Sc.: Sophie Fillières . Int: Sandrine Kimberlain, Agathe Bonitzer, Melvil Poupaud, Lucie Desclozeaux, Laurent Bateau, Brigitte Roüan .

Margaux, 20 ans, fait la connaissance de Margaux, 45 ans. Tout les unit. En réalité, elles ne forment qu’une seule et même personne, à deux âges différents de leur vie…On les voit d’abord séparément. La Margaux plus âgée est professeur d’histoire-géographie et vit à Lyon. Elle bénéficie d’un congé de formation pour préparer l’Agrégation. La plus jeune étudie peu et vit au jour le jour avec plusieurs petits amis. Elle finissent par se rencontrer dans la salle de bains de leur amie, Esther, lors d’une fête. Le personnage masculin (Melvil Poupaud) est à la fois l’amour de jeunesse de Margaux quadragénaire et l’amant de passage de la jeune Margaux.

L’histoire n’a aucun interêt. Il s’agit d’un surréalisme de pacotille, d’une comédie très laborieuse. Les répétitions et les coquetteries abondent. Les personnages sont dans l’ensemble superficiels et creux. Ils n’ont aucune réalité sociologique. Les acteurs ne jouent pas très bien. Seul a attiré mon attention le personnage d’Esther, bien interprété par Lucie Desclozeaux. Margaux vient de Lyon assister à son enterrement (!). Je peux aussi souligner un travail assez intéressant sur la langue .

Mais, je ne vois nulle part une réflexion sur la vie, le temps qui passe, les expériences et les épreuves. Je perçois à tout instant, en revanche, le manque de rythme. On pourrait conseiller aux réalisatrices et réalisateurs français  actuels de revoir quelques-unes des comédies de Howard Hawks ou de Billy Wilder, par exemple.

https://www.youtube.com/watch?v=bLghvEJAMgc

Filmographie de Sophie Fillières:
1994: Grande Petite
2000: Aïe
2005: Gentille
2009: Un chat un chat
2014: Arrête ou je continue
2017: La Belle et la Belle

Henri Michaux-Continuum

Les Masques du vide (Henri Michaux) 1942

Des oeuvres intéressantes à voir  à la galerie Thessa Herold, 7 rue de Thorigny, Paris, 3 ème jusqu’au 21 Avril .  Elles vont des années 30 jusqu’aux années 80

« Plus tard, les signes, certains signes. Les signes me disent quelque chose. J’en ferais bien, mais un signe, c’est aussi un signal d’arrêt. Or en ce temps je garde un autre désir, un par-dessus tous les autres. Je voudrais un continuum. Un continuum comme un murmure, qui ne finit pas, semblable à la vie, qui est ce qui nous continue, plus important que toute qualité.

Impossible de dessiner comme si ce continuum n’existait pas. C’est lui qu’il faut rendre.

Echecs. Echecs. Essais. Echecs. »

(Henri Michaux, Emergences. Résurgences. Genève, Skira, Les Sentiers de la création, 1972.)

“Un jour, j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers. (…) Etre rien et rien que rien (…). vidé de l’abcès d’être quelqu’un, je boirai à nouveau l’espace nourricier. (…) Perdu en un endroit lointan (ou même pas) sans nom, sans identité.”

(Peintures, GLM,  1939)

Henri Michaux

MA VIE (Henri Michaux)

Tu t’en vas sans moi, ma vie.
Tu roules.
Et moi j’attends encore de faire un pas.
Tu portes ailleurs la bataille.
Tu me désertes ainsi.
Je ne t’ai jamais suivie.

Je ne vois pas clair dans tes offres.
Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes.
A cause de ce manque, j’aspire à tant.
A tant de choses, à presque l’infini…
A cause de ce peu qui manque, que jamais tu
n’apportes.

1932

Henri Michaux “La Nuit Remue” Gallimard 1935

Je me souviens aussi de ma lecture d’ Ecuador en 2015, ce récit de voyage écrit par Henri Michaux, après un voyage de l´auteur, malade, à travers les Andes, l’Équateur, et le Brésil et publié en 1929. Il était accompagné par son ami, le grand poète écuatorien, Alfredo Gangotena (1904-1944).

Alfredo Gangotena.