Julio Cortázar (Ixelles, Belgique, 26 août 1914-Paris, 12 février 1984).
Le grand écrivain argentin publia la nouvelle Las babas del diablo dans le recueil Las armas secretas de 1959. Il inspira le film de Michelangelo Antonioni, Blow Up de 1966.
L’oeuvre de Julio Cortázar subit une relative traversée du désert dans le monde hispanique, à la différence de celle de Jorge Luis Borges. Marelle (Rayuela), publié en 1963, fut un livre capital pour toute une génération. Je l’aime encore beaucoup. On trouve dans ses contes et nouvelles de véritables chefs d’oeuvre, des textes presque parfaits (Continuidad de los parques, Casa tomada...). Il est enterré avec sa dernière compagne, Carol Dunlop, au cimetière du Montparnasse. Les touristes latinoaméricains visitent sa tombe régulièrement ainsi que celle du poète péruvien César Vallejo. On voit un cronope, personnage qu’il a créé sur sa tombe. Cette sculpture a été réalisée par Julio Silva.
Cimetière du Montparnasse. Tombe de Julio Cortázar.Gabriel García Márquez. 2003.
Gabriel García Márquez:
“Alguien me dijo en París que él escribía en el café Old Navy, del boulevard Saint Germain, y allí lo esperé varias semanas, hasta que lo vi entrar como una aparición. Era el hombre más alto que se podía imaginar, con una cara de niño perverso dentro de un interminable abrigo negro que más bien parecía la sotana de un viudo, y tenía los ojos muy separados, como los de un novillo, y tan oblicuos y diáfanos que habrían podido ser los del diablo si no hubieran estado sometidos al dominio del corazón. Los ídolos infunden respeto, admiración, cariño y, por supuesto, grandes envidias. Cortázar inspiraba todos esos sentimientos como muy pocos escritores, pero inspiraba además
otro menos frecuente: la devoción”.
Carlos Fuentes.
Carlos Fuentes:
“Por fin, en 1960, llegué a una placita parisina sombreada, llena de artesanos y cafés, no lejos del Metro Aéreo. Verlo por primera vez era una sorpresa. En mi memoria, entonces, sólo había una foto vieja, publicada en un número de aniversario de la revista Sur. Un señor viejo, con gruesos lentes, cara delgada, el pelo sumamente aplacado por la gomina, vestido de negro y con un aspecto prohibitivo, similar al del personaje de los dibujos llamado Fúlmine.
El muchacho que salió a recibirme era seguramente el hijo de aquel sombrío colaborador de Sur: un joven desmelenado, pecoso, lampiño, desgarbado, con pantalones de dril y camisa de manga corta, abierta en el cuello; un rostro, entonces, de no más de veinte años, animado por una carcajada honda, una mirada verde, inocente, de ojos infinitamente largos, separados y dos cejas sagaces, tejidas entre sí, dispuestas a lanzarle una maldición cervantina a todo el que se atreviese a violar la pureza de su mirada.
–Pibe, quiero ver a tu papá. (Dijo Carlos Fuentes)
Muy cerca de mi ocaso, yo te bendigo, vida,
porque nunca me diste ni esperanza fallida,
ni trabajos injustos, ni pena inmerecida;
porque veo al final de mi rudo camino
que yo fui el arquitecto de mi propio destino;
que si extraje la miel o la hiel de las cosas,
fue porque en ellas puse hiel o mieles sabrosas:
cuando planté rosales, coseché siempre rosas.
…Cierto, a mis lozanías va a seguir el invierno:
¡mas tú no me dijiste que mayo fuese eterno!
Hallé sin duda largas noches de mis penas;
mas no me prometiste tú sólo noches buenas;
y en cambio tuve algunas santamente serenas…
Amé, fui amado, el sol acarició mi faz.
¡Vida, nada me debes! ¡Vida, estamos en paz!
(Ecrit le 20 mars 1915)
Elevación, 1916
Amado Nervo est un poète et écrivain mexicain qui appartient au mouvement moderniste. Son vrai est Juan Crisóstomo Ruiz de Nervo y Ordaz. Il naît le 27 août 1870 à Tepic (Etat de Jalisco, aujourd’hui Narayit au Mexique) et meurt à Montevideo (Uruguay) le 24 mai 1919. Il réside longtemps à l’étranger comme diplomate et ambassadeur
Il fait ses études dans l’état de Michoacán, étudie les sciences, la philosophie et le droit dans un séminaire. A Mexico, il écrit pour des revues et rencontre certains auteurs mexicains et étrangers comme Rubén Darío. Il publie son premier roman, El bachiller (1895) et des recueils de poèmes comme Perlas negras (1896) et Místicas (1898).
En 1900, il voyage à Paris, comme envoyé spécial du journal El Imparcial à l’Exposition universelle de 1900. Il y rencontre Catulle Mendès, Jean Moréas, et Oscar Wilde. Il y rencontre aussi le grand amour de sa vie, Ana Cecilia Luisa Daillez, dont la mort prématurée en 1912 lui inspirera les poèmes de La Amada Inmóvil (publication posthume en 1922). Il voyage ensuite en Europe et vers 1905 devient secrétaire de l’ambassade du Mexique à Madrid. En 1909, il traduit et commente le Manifeste du futurisme de Marinetti.
En 1914, la Révolution mexicaine interrompt le service diplomatique et Amado Nervo retombe dans la pauvreté. Il retourne au Mexique en 1918, et est envoyé comme ministre plénipotentiaire en Argentine et en Uruguay. Il meurt à Montevideo le 24 mai 1919, à 48 ans. Il est enterré dans la Rotonda de las Personas Ilustres à México dès novembre 1919.
Amado Nervo. Sepulcro en la Rotonda de las Personas Ilustres (México).
26 août 1880: Naissance à Rome de Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, poète français né sujet polonais de l’Empire russe.
Il meurt à Paris le 9 novembre 1918 de «la grippe dite espagnole». Il est déclaré mort pour la France en raison de son engagement durant la guerre.
Au Panthéon, quatre panneaux portent le nom des 560 écrivains morts durant le conflit de 1914-1918. Guillaume Apollinaire figure dans la liste des écrivains morts sous les drapeaux.
La grippe de 1918, dite «grippe espagnole» avait pour origine la Chine (pour le « virus père») et les États-Unis (pour sa mutation génétique). Seule l’Espagne– non impliquée dans la Première Guerre mondiale– publia librement les informations relatives à cette épidémie. Elle est due à une souche (H1N1) particulièrement virulente et contagieuse de grippe qui s’est répandue en pandémie de 1918 à 1919. Elle a fait 50 millions de morts selon l’Institut Pasteur, et jusqu’à 100 millions selon certaines réévaluations récentes. Elle serait la pandémie la plus mortelle de l’histoire dans un laps de temps aussi court, devant les 34 millions de morts (estimation) de la peste noire.
1968-69: Poème étudié en classe de Terminale A2 au Lycée de Montgeron avec notre professeur de Philosophie, André Noiray.
La Chanson du mal-aimé (Guillaume Apollinaire) à Paul Léautaud
Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon
Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d’Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n’es pas l’amour unique
Au tournant d’une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant
C’était son regard d’inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d’une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l’amour même
Lorsqu’il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d’un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu’il revînt
L’époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D’attente et d’amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle
J’ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux
Regrets sur quoi l’enfer se fonde
Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes voeux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre
J’ai hiverné dans mon passé
Revienne le soleil de Pâques
Pour chauffer un coeur plus glacé
Que les quarante de Sébaste
Moins que ma vie martyrisés
Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s’éloigne
Avec celle que j’ai perdue
L’année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus
Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d’ahan
Ton cours vers d’autres nébuleuses
Je me souviens d’une autre année
C’était l’aube d’un jour d’avril
J’ai chanté ma joie bien-aimée
Chanté l’amour à voix virile
Au moment d’amour de l’année
Nació en Bogotá el 25 de agosto de 1923. Falleció en Ciudad de México el 22 de septiembre de 2013. En 1956 se estableció en la capital mexicana.
“Soy un escéptico resignado. Pero en ese escepticismo cabe algunas veces la felicidad.”
“A mayor lucidez mayor desesperanza y a mayor desesperanza mayor posibilidad de ser lúcido.”
“El hombre es una especie que falló como especie, un ser dedicado a destruir el medio en que vive.”
“Aprendí a aceptar las cosas como se nos van presentando, a saber que nada finalmente es grave.”
“Que te acoja la muerte con todos tus sueños intactos.”
“El placer de escribir es encontrar a alguien que le recuerda a uno un personaje transitorio.”
Gabriel García Márquez
“Ocho libros en seis años. Basta leer una sola página de cualquiera de ellos para entenderlo todo: la obra completa de Álvaro Mutis, su vida misma, son las de un vidente que sabe a ciencia cierta que nunca volveremos a encontrar el paraíso perdido. Es decir: Maqroll no es él sólo, que como con tanta facilidad se dice. Maqroll somos todos”.
Mario Benedetti
“Mutis inventa a Maqroll el Gaviero como García Márquez a Macondo, Onetti a Santa María, Rulfo a Comala. Maqroll es también una región de lo imaginario, aunque creada mediante un habilísimo montaje de pequeñas y grandes realidades”.
Jorge Luis Borges est né le 24 août 1899 à Buenos Aires. Il est mort le 14 juin 1986 à Genève. Il considérait Límites comme son meilleur poème.
“En mi opinión, pero no hay razón alguna para que la opinión del poeta valga más que la de los lectores, este poema es el mejor, o mejor dicho el menos malo de los míos.”
LÍMITES
De estas calles que ahondan el poniente,
una habrá (no sé cuál) que he recorrido
ya por última vez, indiferente
y sin adivinarlo, sometido
a quién prefiera omnipotentes normas
y una secreta y rígida medida
a las sombras, los sueños y las formas
que destejen y tejen esta vida.
Si para todo hay término y hay tasa
y última vez y nunca más y olvido
¿quién nos dirá de quién, en esta casa,
sin saberlo, nos hemos despedido?
Tras el cristal ya gris la noche cesa
y del alto de libros que una trunca
sombra dilatada por la vaga mesa,
alguno habrá que no leeremos nunca.
Hay en el sur más de un portón gastado
con sus jarrones de mampostería
y tunas, que a mi paso está vedado
como si fuera una litografía.
Para siempre cerraste alguna puerta
y hay un espejo que se aguarda en vano;
la encrucijada te parece abierta
y la vigila, cuadrifronte, Jano.
Hay, entre todas tus memorias, una
que se ha perdido irreparablemente;
no te verán bajar a aquella fuente
ni el blanco sol ni la amarilla luna.
No volverá tu voz a lo que el persa
dijo en su lengua de aves y de rosas,
cuando el ocaso, ante la luz dispersa,
quieras decir inolvidables cosas.
¿Y el incesante Ródano y el lago,
todo ese ayer sobre el cual hoy me inclino?
Tan perdido estará como Cartago
que con fuego y con sal borró el latino.
Creo en el alba oír un atareado
rumor de multitudes que se alejan;
son los que me han querido y olvidado;
espacio y tiempo y Borges ya me dejan.
1964.
Jorge Luis Borges décoré de la Légion d’honneur par François Mitterrand à l’Élysée, le 19 janvier 1983.
Après le succès de son roman Patria (750 000 exemplaires vendus, 29 éditions, traduit en plus de 10 langues, une série télévisée préparée par HBO España), Fernando Aramburu (Saint-Sébastien 1959), écrivain basque qui vit à Hanovre en Allemagne depuis plus de 30 ans, a publié cette année un texte plus intime, Autorretrato sin mí. Aramburu, jeune, était poète. Il s’est écarté de la poésie, mais s’en rapproche par ce livre, composé de brefs et véritables poèmes en prose. C’est un livre sur la beauté, et particulièrement celle du castillan. Ce n’est pas un livre d’autofiction, mais c’est un livre de mémoires très humain, écrit avec ironie et pudeur. il rappelle l’enfant dans son quartier, la famille, la lecture, la découverte de la littérature, les expériences, la femme, l’amour physique, le plaisir, la paternité, la solitude. Cet autoportrait sans moi est le portrait de chacun d’entre nous.
Le passage suivant se trouve pages 125 et 126.
La vida
Yo quisiera decir sencillamente esta mañana que me gusta la vida. Ni triste ni alegre, con un vaso vacío en la mano, tan sólo eso, aunque nadie me oiga, que estoy aquí tranquilo poniendo en orden las conchas que me salen del costado.
Digo, lo he dicho ya, lo diré mañana si amanece, con toda mi potente debilidad, que sí, que juzgo un hecho venturoso que haya nubes y libros y caras sonrientes, y que ahora mismo, desde el horno, se difunda por la casa el olor honrado del pan.
Me gusta la vida, qué se le va a hacer, desde la primera vez que la vi, cuando era chiquita, cuando ni puesta en pie me llegaba a la rodilla. Aquella vida gimiente y descalza que aún no conocía el óxido de los días acumulados. Aquella vida que todavía, de vez en cuando, levanta su pequeño sol en el recuerdo.
Y más tarde no digamos, joven y hermosa, pródiga en noches apasionadas, con aquella gracia incomparable que tenía al desvertirse en la luz modesta del cuarto de estudiante y cuando derramaba sus cabellos olorosos sobre mí antes de darse cálida y entera.
A veces mancha y duele la vida, y uno se retira en silencio a un rincón de su desgracia a esperar que la vida amaine y se enciendan de nuevo las horas azules del gozo. Y aún así, mira por dónde, me gusta la vida. Porque me tiene que gustar. Porque es lo único que hay y yo, a fuerza de vivir y compartir el aire con la gente, no sé qué otra cosa podría hacer sino sacarle gusto a la vida, a esta vida tantas veces malvada que te da un palazo por las buenas y se va.
Así es mi vida,
piedra,
como tú. Como tú,
piedra pequeña;
como tú,
piedra ligera;
como tú,
canto que ruedas
por las calzadas
y por las veredas;
como tú,
guijarro humilde de las carreteras;
como tú,
que en días de tormenta
te hundes
en el cieno de la tierra
y luego
centelleas
bajo los cascos
y bajo las ruedas;
como tú, que no has servido
para ser ni piedra
de una lonja,
ni piedra de una audiencia,
ni piedra de un palacio,
ni piedra de una iglesia…
como tú,
piedra aventurera…
como tú,
que tal vez estás hecha
sólo para una honda…
piedra pequeña
y
ligera…
Versos y oraciones del caminante, Madrid, 1920.
Comme toi
Ainsi est ma vie,
pierre,
comme toi. Comme toi,
petite pierre;
comme toi
pierre légère;
comme toi,
galet qui roule
sur les chemins
et les trottoirs;
comme toi,
humble caillou des routes;
comme toi
qui par les jours d’orage
t’aplatis
dans la boue de la terre
et puis
scintilles
sous les sabots
et sous les roues;
comme toi, qui n’as même pas servi
à être pierre
d’une halle de marché,
ni pierre d’un tribunal,
ni pierre d’un palais,
ni pierre d’une église;
comme toi,
pierre aventureuse;
comme toi
qui, peut-être, n’es faite
que pour une fronde,
pierre petite
et
légère…
Le poète espagnol León Felipe s’appelait en réalité Felipe Camino Galicia de la Rosa. Il est né à Tábara (Zamora) le 11 de abril de 1884 et est mort à Ciudad de México, le 18 de septiembre de 1968. Son père était notaire et l’obligea à faire des études de pharmacie. Sa vie fut aventureuse. Il s’occupa de plusieurs pharmacies dans différentes petites villes d’Espagne et fut aussi acteur d’une petite troupe de théâtre. Il passa même trois ans en prison, accusé d’escroquerie. Il partit une première fois d’Espagne pour vivre en Guinée Equatoriale, au Mexique et aux Etats-Unis et ne revint en Espagne que peu avant le début de la Guerre Civile. Militant de la cause républicaine, il partit définitivement au Mexique en 1938 comme conseiller culturel du Gouvernement de la République. On associe généralement sa poésie à celle de Walt Whitman, dont il fut le traducteur.
J’ai lu les poèmes de León Felipe dès 1969, lors de mon premier voyage à Madrid. Ses livres étaient alors interdits dans l’Espagne franquiste, mais on pouvait trouver l’Antología rota, publiée par Losada en Argentine en 1957, dans le quartier étudiant de Argüelles.
Plus tard, bien sûr, j’ai souvent écouté la version de ce poème mis en musique par Paco Ibáñez.
Il y a quelques jours, je suis tombé sur cette version du groupe Evoéh, tiré d’un disque de 2015 El poeta del viento: Homenaje a León Felipe.
Dans le parcours Illustres! C215 autour du Panthéon, on peut retrouver Guillaume Apollinaire 11 rue Champollion sur une porte du cinéma La Filmothèque du Quartier Latin et lire un de ses Poèmes à Lou.
Gabriel García Márquez (Santi Burgos). Madrid, Mayo de 1996.
El País, 11 de mayo de 2018
Viendo llover en Galicia (Gabriel García Márquez)
Mi muy viejo amigo, el pintor poeta y novelista Héctor Rojas Herazo -a quien no veía desde hacía mucho tiempo- debió sufrir un estremecimiento de compasión cuando me vio en Madrid abrumado por un tumulto de fotógrafos, periodistas y solicitantes de autógrafos, y se acercó para decirme en voz baja: “Recuerda que de vez en cuando debes ser amable contigo mismo”. En efecto, fiel a mi determinación de complacer todas las demandas sin tomar en cuenta mi propia fatiga, hacía ya varios meses -quizá varios años- en que no me ofrecía a mí mismo un regalo merecido. De modo que decidí regalarme en la realidad uno de mis sueños más antiguos: conocer Galicia.Alguien a quien le gusta comer no puede pensar en Galicia sin pensar antes que en cualquier otra cosa en los placeres de su cocina. “La nostalgia empieza por la comida”, dijo el che Guevara, tal vez añorando los asados astronómicos de su tierra argentina, mientras se hablaba de asuntos de guerra en las noches de hombres solos en la sierra Maestra. También para mí la nostalgia de Galicia había empezado por la comida, antes de que hubiera conocido la tierra. El caso es que mi abuela, en la casa grande de Aracataca, donde conocí mis primeros fantasmas, tenía el exquisito oficio de panadera, y lo practicaba aun cuando ya estaba vieja y a punto de quedarse ciega, hasta que una crecida del río le desbarató el horno y nadie en la casa tuvo ánimos para reconstruirlo. Pero la vocación de la abuela era tan definida, que cuando no pudo hacer panes siguió haciendo jamones. Unos jamones deliciosos, que, sin embargo, no nos gustaban a los niños -porque a los niños no les gustan las novedades de los adultos-, pero el sabor de la primera prueba se me quedó grabado para siempre en la memoria del paladar. No volví a encontrarlo jamás en ninguno de los muchos y diversos jamones que comí después en mis años buenos y en mis años malos, hasta que probé por casualidad -40 años después, en Barcelona- una rebanada inocente de lacón. Todo el alborozo, todas las incertidumbres y toda la soledad de la infancia me volvieron de pronto en ese sabor, que era el inconfundible de los lacones de la abuela. De aquella experiencia surgió mi interés de descifrar su ascendencia, y buscando la suya encontré la mía en los verdes frenéticos de mayo hasta el mar y las lluvias feraces y los vientos eternos de los campos de Galicia. Sólo entonces entendí de dónde había sacado la abuela aquella credulidad que le permitía vivir en un mundo sobrenatural donde todo era posible, donde las explicaciones racionales carecían por completo de validez, y entendí de dónde le venía la pasión de cocinar para alimentar a los forasteros y su costumbre de cantar todo el día. “Hay que hacer carne y pescado porque no se sabe qué le gusta a los que vengan a almorzar”, solía decir cuando oía el silbato del tren. Murió muy vieja, ciega, y con el sentido de la realidad trastornado por completo, hasta el punto de que hablaba de sus recuerdos más antiguos como si estuvieran ocurriendo en el instante, y conversaba con los muertos que había conocido vivos en su juventud remota. Le contaba estas cosas a un amigo gallego la semana pasada, en Santiago de Compostela, y él me dijo: “Entonces tu abuela era gallega, sin ninguna duda, porque estaba loca”. En realidad, todos los gallegos que conozco, y los que vi ahora sin tiempo para conocerlos, me parecen nacidos bajo el signo de Piscis.
No sé de dónde viene la vergüenza de ser turista. A muchos amigos, en pleno frenesí turístico, les he oído decir que no quieren mezclarse con los turistas, sin darse cuenta de que, aunque no se mezclen, ellos son tan turistas como los otros. Yo, cuando voy a conocer algún lugar sin disponer de mucho tiempo para ir más a fondo, asumo sin pudor mi condición de turista. Me gusta inscribirme en esas excursiones rápidas, en las que los guías explican todo lo que se ve por las ventanas del autobús, a la derecha y a la izquierda, señores y señoras, entre otras cosas porque así sé de una vez todo lo que no hay que ver después, cuando salgo solo a conocer el lugar por mis propios medios. Sin embargo, Santiago de Compostela no da tiempo para tantos pormenores: la ciudad se impone de inmediato, completa y para siempre, como si se hubiera nacido en ella. Siempre he creído, y lo sigo creyendo, que no hay en el mundo una plaza más bella que la de Siena. La única que me ha hecho dudar es la de Santiago de Compostela, por su equilibrio y su aire juvenil, que no permite pensar en su edad venerable, sino que parece construida el día anterior por alguien que hubiera perdido el sentido del tiempo. Tal vez esta impresión no tenga su origen en la plaza misma, sino en el hecho de estar -como toda la ciudad, hasta en sus últimos rincones- incorporada hasta el alma a la vida cotidiana de hoy. Es una ciudad viva, tomada por una muchedumbre de estudiantes alegres y bulliciosos, que no le dan ni una sola tregua para envejecer. En los muros intactos, la vegetación se abre paso por entre las grietas, en una lucha implacable por sobrevivir al olvido, y uno se encuentra a cada paso, como la cosa más natural del mundo, con el milagro de las piedras florecidas.
Llovió durante tres días, pero no de un modo inclemente, sino con intempestivos espacios de un sol radiante. Sin embargo, los amigos gallegos no parecían ver esas pausas doradas, sino que a cada instante nos daban excusas por la lluvia. Tal vez ni siquiera ellos eran conscientes de que Galicía sin lluvia hubiera sido una desilusión, porque el suyo es un país mítico -mucho más de lo que los propios gallegos se lo imaginan-, y en los países míticos nunca sale el sol. “Si hubieran venido la semana pasada, habrían encontrado un tiempo estupendo”, nos decían, avergonzados. “Este tiempo no corresponde a la estación”, insistían, sin acordarse de Valle-Inclán, de Rosalía de Castro, de los poetas gallegos de siempre, en cuyos libros llueve desde el principio de la creación y sopla un viento interminable, que es tal vez el que siembra ese germen lunático que hace distintos y amorosos a tantos gallegos.
Llovía en la ciudad, llovía en los campos intensos, llovía en el paraíso lacustre de la ría de Arosa y en la ría de Vigo, y en su puente, llovía en la plaza, impávida y casi irreal, de Cambados, y hasta en la isla de la Toja, donde hay un hotel de otro mundo y otro tiempo, que parece esperar a que escampe, a que cese el viento y resplandezca el sol para empezar a vivir. Andábamos por entre esta lluvia como por un estado de gracia, comiendo a puñados los únicos mariscos vivos que quedan en este mundo devastado, comiendo unos pescados que siguen siendo peces en el plato y unas ensaladas que seguían creciendo en la mesa, y sabíamos que todo aquello estaba allí por virtud de la lluvia, que nunca acaba de caer. Hace ahora muchos años, en un restaurante de Barcelona, le oí hablar de la comida de Galicia al escritor Álvaro Cunqueiro, y sus descripciones eran tan deslumbrantes que me parecieron delirios de gallego. Desde que tengo memoria les he oído hablar de Galicia a los gallegos de América, y siempre pensé que sus recuerdos estaban deformados por los espejismos de la nostalgia. Hoy me acuerdo de mis 72 horas en Galicia y me pregunto si todo aquello era verdad, o si es que yo mismo he empezado a ser víctima de los mismos desvaríos de mi abuela. Entre gallegos -ya lo sabemos- nunca se sabe.
La huella gallega del realismo mágico de García Márquez (Aníbal Malvar), Público, 11/08/2018.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
–Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.