La planche de vivre 2

Como recojo en lo último del día,
a fuerza de honda, a fuerza de meneo,
en una piedra el sol que ya no veo,
porque ya está su flor en su agonía,

así recoge dentro el alma mía
por esta soledad de mi deseo
siempre en el pasto y nunca en el sesteo,
lo que le queda siempre a mi alegría:

una pena final como la tierra,
como la flor del haba blanquioscura,
como la ortiga hostil desazonada,

indomable y cruel como la sierra,
como el agua de invierno terca y pura,
recóndita y eterna como nada.

(Miguel Hernández, El rayo que no cesa, 1936.)

Miguel Hernández Cartagena 1933.

Comme je recueille à la fin du jour,
A coups de fronde et de dextérité,
Sur une pierre, le soleil qu’on ne voit,
Sa fleur déjà entrée en agonie,

Ainsi se recueille au fond de mon âme,
Par ce languir de mon désir
Encore pâturant, jamais reposant,
Ce qui demeure toujours de ma joie:

Une douleur dernière, comme la terre,
Comme la fleur de fève claire-obscure,
Comme l’ortie hostile et courroucée,

Indomptable et cruelle comme monts déchirés,
Comme l’eau de l’hiver opiniâtre et pure,
Comme le rien éternel et secret.

(Traduction: René Char et Tina Jolas, La Planche de vivre, 1981)

René Char 1971.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.