Vladimir Jankélévitch (1903-1985) III

Fausse carte d’identité de Vladimir Jankélévitch, 1942.

J’ai vu avec J. mercredi 6 février l’exposition Vladimir Jankélévitch, figures du philosophe à la BNF. Le quartier est en construction depuis des années. La Bibliothèque nationale de France «site François-Mitterrand», créée en 1996-98 par Dominique Perrault, a reçu en 1996 le Prix de l’Union européenne pour l’architecture contemporaine Mies van der Rohe. Ses quatre grandes tours angulaires de 79 mètres et vingt-deux étages ne m’ont jamais semblé bien agréables à voir. Pourquoi avoir construit un jardin de 9 000 m²(50 m x 180 m), entouré d’une allée de 3,75 m de large, soit 10 780 m² au total) et l’avoir fermé au public? Ce géant semble néanmoins fonctionner et attirer les jeunes étudiants. Tant mieux!

L’exposition rétrospective Vladimir Jankélévitch rassemble 120 pièces conservées au département des Manuscrits et données par sa famille à la BnF. Manuscrits, tapuscrits, ouvrages, correspondances, photographies ou documents audiovisuels éclairent la pensée et l’itinéraire de cette grande figure de la philosophie française du XX ème siècle. L’exposition montre bien ses combats dans la Résistance, ses engagements humanistes jusqu’à sa mort en 1985 et l’importance de la musique dans sa vie. Réfugié à Toulouse pendant la seconde Guerre mondiale, il y a mené des actions de résistance tout en faisant paraître des textes comme Du mensonge, Le Nocturne en 1942 ou l’article De la simplicité, en hommage à Henri Bergson, en 1943. Fidèle à cet esprit, il reviendra sans cesse sur l’impossibilité d’oublier ou de banaliser la Shoah, sur les diverses formes de résurgence de l’antisémitisme. Toute sa vie, il combattra aux côtés des persécutés politiques, des victimes du racisme et des réfugiés.

Citations glanées ici et là dans cette exposition:

Vladimir Jankélévitch, Le paradoxe de la morale, Paris, Seuil, 1981, pp. 32-33.

«Seul compte l’exemple que le philosophe donne par sa vie et dans ses actes»

Vladimir Jankélévitch, L’irréversible et la nostalgie , Éditions Flammarion, 1983.

«Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été: désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir été est son viatique pour l’éternité.»

Vladimir Jankélévitch, L’imprescriptible.Pardonner? Dans l’honneur et la dignité. Le Seuil 1986 p.59-60

«Les innombrables morts, ces massacrés, ces torturés, ces piétinés, ces offensés sont notre affaire à tous. Qui en parlerait si nous n’en parlions pas? Qui même y penserait? Dans l’universelle amnistie morale depuis longtemps accordée aux assassins, les déportés, les fusillés, les massacrés n’ont plus que nous pour penser à eux. Si nous cessions d’y penser, nous achèverions de les exterminer et ils seraient anéantis définitivement. Les morts dépendent entièrement de notre fidélité.»

Vladimir Jankélévitch, L’Arc n° 75. 1979

«Je joue du piano…pour rien. Parce que j’en ai envie. C’est une grande partie de ma vie. Ce soir, vous allez m’empêcher d’en faire…Je me demande même si je n’aime pas le piano davantage que la musique. Le piano, c’est un plaisir complet, qui va jusqu’au bout des doigts: il y a un plaisir particulier à enfoncer les touches.»

Vladimir Jankélévitch, France Culture, entretiens rediffusés le 8 juin 1985.

«Mon père n’est pas dans le cimetière où il est enterré. Il est plutôt à sa table de travail et dans le livre qu’il m’a laissé, et dans la pensée qu’il m’a léguée; il est dans…il est dans ces choses-là, mais il n’est pas dans le cimetière. Dans le cimetière, il n’y a rien.»

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