Roberto Juarroz I 1925 – 1995

Les publications de Marie Paule et Raymond Farina sur Facebook et les commentaires de Nathalie de Courson sur son blog (https://patte-de-mouette.fr/) m’ont incité à lire et à relire la poésie de Roberto Juarroz. Il m’a fallu du temps, de la concentration, de la réflexion. Deux de ses poèmes ont attiré particulièrement mon attention.

83.

Vamos por un desfiladero
que se estrecha poco a poco.
Nadie sabe si saldrá.
Nadie sabe si avanza o retrocede.
Nadie sabe si al final está la sombra o la luz.

Esta marcha sigilosa nos confirma
que entre el ojo y su objeto
se interpone una oscura película,
un filtro hecho de sombra
que aisla para siempre la mirada.

Mirar es un gesto hacia adentro,
no hacia afuera.

Décimocuarta poesía vertical. 1994.

Nous allons par un défilé
qui se resserre peu à peu.
Nul ne sait s’il sortira.
Nul ne sait s’il avance ou recule
Nul ne sait si l’ombre est au bout ou la lumière.

Cette marche secrète nous confirme
Qu’entre l’oeil et son objet
s’interpose une pellicule obscure :
un filtre fait d’ombre
qui isole le regard pour toujours.

Regarder est un geste en dedans,
non en dehors.

Quatorzième poésie verticale. Éditions José Corti. 1997. Traduction: Sivia Baron Supervielle.

Un día ya no podremos partir. Repentinamente, se habrá hecho tarde. No importa de dónde o hacia dónde era el viaje. Tal vez hacia el otro extremo del mundo o sólo desde uno hacia su sombra.
Dibujaremos entonces la figura de un pájaro y la fijaremos encima de la puerta como blasón y memento, para recordar que tampoco existe la última partida.
Y la lanza, que ya estaba clavada en el suelo, sólo se hundirá un poco más.
Temperley, Buenos Aires, 1994.
(Diario La Nación, un des derniers poèmes publiés de son vivant)

Roberto Juarroz est né le 5 octobre 1925 à Coronel Dorrego, petite ville de campagne de la province de Buenos Aires. À 10 ans, son père, qui était chef de gare, a été muté dans une ville de la banlieue de Buenos Aires : Adrogué (où Jorge Luis Borges a aussi vécu une période). Juarroz a fait des études de lettres et de philosophie à l’université de Buenos Aires . Il s’est spécialisé dans les sciences de l’information et de la bibliothéconomie. Il a complété ses études en philosophie et en littérature à la Sorbonne à Paris. De 1958 à 1965, il a dirigé la revue de création Poesía = Poesía (20 numéros). Entre 1971 et 1984, il a été directeur du Département de Bibliothécologie et de Documentation de la faculté de philosophie et de lettres de l’Université de Buenos Aires. Le régime de Perón et les militaires l’ayant forcé à l’exil, il a beaucoup voyagé. Il est devenu expert de l’Unesco et de l’OEA dans de nombreux pays d’Amérique centrale. Sa compagne, Laura Cerrato, professeur de littérature anglo-saxonne à l’université de Buenos Aires et poétesse, l’a suivi. Á la fin de sa vie, atteint d’un grave insuffisance rénale, il vivait à Temperley près de Buenos Aires. Il est mort à Buenos Aires le 31 mars 1995.

Poesia Vertical, son premier recueil, est publié à Buenos Aires en 1958 à compte d’auteur. Toute l’oeuvre poétique de Juarroz porte le même titre: Poésie Verticale. Chaque tome est numéroté pour le distinguer des autres.

Bibliographie en espagnol
Poesía Vertical, 1958. Equis.
Segunda Poesía Vertical, 1963. Buenos Aires, Equis.
Tercera Poesía Vertical , 1965. Buenos Aires, Equis. Prologue de Julio Cortázar.
Cuarta Poesía Vertical, 1969. Buenos Aires, Aditor.
Quinta Poesía Vertical, 1974. Buenos Aires, Equis.
Poesía Vertical (antología), 1974. Barcelone, Barral.
Poesía Vertical (1958-1975), 1976. Caracas, Monte Avila.
Poesía Vertical : Antologia mayor, 1978. Buenos Aires, Carlos Lohlé. Prologue de Roger Munier.
Poesía y creación, Diálogos con Guillermo Boido, 1980. Buenos Aires, Carlos Lohlé.
Poesía Vertical : Nuevos poemas, 1981. Buenos Aires, Mano de Obra.
Séptima Poesía Vertical, 1982. Caracas, Monte Avila.
Octava Poesía Vertical, 1984. Buenos Aires, Carlos Lohlé.
Novena Poesía Vertical – Décima Poesía Vertical, 1987. Buenos Aires, Carlos Lohlé.
Poesía Vertical : Antología incompleta, 1987. Madrid, Playor.
Poesía y Iiteratura y hermenéutica, Conversaciones con Teresa Sagui, 1987.
Poesía y realidad, Discurso de incorporación. Academia Argentina de Letras, 1987.
Undécima Poesía Vertical, 1988. Valencia, Pre-textos.
Poesía Vertical (1958-1975), 1988. México, Universidad Nacional Autónoma.
Duodécima Poesía Vertical, 1991. Buenos Aires, Carlos Lohlé.
Poesía Vertical (Antología), 1991. Madrid, Visor.
Poesía y realidad, 1992. Valencia, Pre-textos.
Poesía Vertical 1958-1982, 1993.
Poesía Vertical 1983-1993, 1993.

Bibliographie en français

Poésie verticale. Bruxelles, Le Cormier, 1962. Traduction: Fernand Verhesen.
Poésie verticale II. Bruxelles, Le Cormier, 1965. Traduction: Fernand Verhesen.
Poésie verticale (extraits des volumes I à III). Édition bilingue. Lausanne, Rencontre, 1967. Traduction: Fernand Verhesen.
Poésie verticale IV. Bruxelles, Le Cormier, 1972. Traduction: Fernand Verhesen.
Poésie Verticale. Paris, Fayard, 1980. Collection L’Espace intérieur. Poésie Verticale, Paris, Fayard (réédition augmentée de 52 poèmes), 1989. Traduction: Roger Munier.
Poésie verticale (extraits des volumes I à IV). Éditions Talus d’approche, 1996.
Quinze poèmes. Trans-en-Provence, Unes, 1983. Seconde édition, 1986. Traduction: Roger Munier.
Nouvelle poésie verticale. Paris, Lettres vives, 1984. Traduction: Roger Munier.
Neuvième poésie verticale. Béthune, Brandes, 1986. Traduction: Roger Munier.
Poésie et réalité. Paris, Lettres vives, 1987. Traduction: Jean-Claude Masson.
Poésie verticale. Paris, M.D., édition bilingue, 1987. Traduction: Roger Munier.
Poésie et création. Unes, 1987. José Corti, 2002. Traduction: Fernand Verhesen.
Poésie verticale. Royaumont, Les Cahiers de Royaumont, 1988. Traduction collective.
Onzième poésie verticale. 25 poèmes. Bruxelles, Le Cormier, 1989. Réédition: Paris, Lettres vives, 1991. Traduction: Fernand Verhesen.
Poésie verticale : 30 poèmes. Le Muy, Unes, édition bilingue, 1991. Traduction: Roger Munier.
Onzième poésie verticale. 30 poèmes. Châtelineau (Belgique), 1992. Traduction: Fernand Verhesen.
Douzième poésie verticale. Paris, La Différence, Collection Orphée, 1993. Traduction: Fernand Verhesen.
Treizième poésie verticale. Édition bilingue, José Corti, 1993. Traduction: Silvia Baron Supervielle.
Fragments verticaux. José Corti, 1994. Réédition en 2002. Traduction: Silvia Baron Supervielle.
Quatorzième poésie verticale. Édition bilingue. José Corti, 1997. Traduction: Silvia Baron Supervielle.
Fidélité de l’éclair. Lettres vives, 2001. Traduction: Jacques Ancet.
Quinzième poésie verticale. José Corti, 2002. Traduction: Jacques Ancet.
Poésie verticale. Points Poésie, 2006. Traduction: Roger Munier.

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