León Felipe

León Felipe

COMO TÚ… ( León Felipe 1884-1968 )

Así es mi vida,
piedra,
como tú. Como tú,
piedra pequeña;
como tú,
piedra ligera;
como tú,
canto que ruedas
por las calzadas
y por las veredas;
como tú,
guijarro humilde de las carreteras;
como tú,
que en días de tormenta
te hundes
en el cieno de la tierra
y luego
centelleas
bajo los cascos
y bajo las ruedas;
como tú, que no has servido
para ser ni piedra
de una lonja,
ni piedra de una audiencia,
ni piedra de un palacio,
ni piedra de una iglesia…
como tú,
piedra aventurera…
como tú,
que tal vez estás hecha
sólo para una honda…
piedra pequeña
y
ligera…

Versos y oraciones del caminante, Madrid, 1920.

Comme toi 

Ainsi est ma vie,
pierre,
comme toi. Comme toi,
petite pierre;
comme toi
pierre légère;
comme toi,
galet qui roule
sur les chemins
et les trottoirs;
comme toi,
humble caillou des routes;
comme toi
qui par les jours d’orage
t’aplatis
dans la boue de la terre
et puis
scintilles
sous les sabots
et sous les roues;
comme toi, qui n’as même pas servi
à être pierre
d’une halle de marché,
ni pierre d’un tribunal,
ni pierre d’un palais,
ni pierre d’une église;
comme toi,
pierre aventureuse;
comme toi
qui, peut-être, n’es faite
que pour une fronde,
pierre petite
et
légère…

Le poète espagnol León Felipe s’appelait en réalité Felipe Camino Galicia de la Rosa. Il est né à Tábara (Zamora) le 11 de abril de 1884 et est mort à Ciudad de México, le 18 de septiembre de 1968. Son père était notaire et l’obligea à faire des études de pharmacie. Sa vie fut aventureuse. Il s’occupa de plusieurs pharmacies dans différentes petites villes d’Espagne et fut aussi acteur d’une petite troupe de théâtre. Il passa même trois ans en prison, accusé d’escroquerie. Il partit une première fois d’Espagne pour vivre en Guinée Equatoriale, au Mexique et aux Etats-Unis et ne revint en Espagne que peu avant le début de la Guerre Civile. Militant de la cause républicaine, il partit définitivement au Mexique en 1938 comme conseiller culturel du Gouvernement de la République. On associe généralement sa poésie à celle de Walt Whitman, dont il fut le traducteur.

J’ai lu les poèmes de León Felipe dès 1969, lors de mon premier voyage à Madrid. Ses livres étaient alors interdits dans l’Espagne franquiste, mais on pouvait trouver l’Antología rota, publiée par Losada en Argentine en 1957, dans le quartier étudiant de Argüelles.

Plus tard, bien sûr, j’ai souvent écouté la version de ce poème mis en musique par Paco Ibáñez.

Il y a quelques jours, je suis tombé sur cette version du groupe Evoéh, tiré d’un disque de 2015 El poeta del viento: Homenaje a León Felipe.

https://www.youtube.com/watch?v=H2o9h1Wv46o

Zamora. Parque León Felipe. Homenaje en el centenario de su nacimiento (1984). Escultura de Baltasar Lobo.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.