Ignacio Latierro, cofondateur de Lagun. (Javier Hernández Juantegui)
La librairie Lagun ( compañero en euskera ) de San Sébastien (Donostia, Urdaneta, 3 où elle se trouve depuis 2001 ) va fermer ce week-end définitivement à cause de la baisse de son chiffre d’affaires.
Créée en 1968, pendant 55 ans elle a été un symbole de culture et de liberté. Ses fondateurs Ignacio Latierro, María Teresa Castells (1935-2017) et Ramón Recalde (1930-2016) étaient des démocrates antifranquistes. Elle s’est installée d’abord Plaza de la Constitución, dans la vieille ville, fief des nationalistes. Elle a dû subir dans les années 70 les bombes incendiaires de l’extrême droite (Guerrilleros de Cristo Rey), puis dans les années 90 les menaces et les attaques des nationalistes radicaux qui soutenaient l’ETA (militants de la kale borroka). Ces derniers en vinrent même à saccager la boutique et à brûler des livres au milieu de la place, y compris les manuels d’euskera (11 janvier 1997).
Ignacio Latierro a confirmé la décision de fermeture. La librairie avait été fondée dans le contexte d’effervescence culturelle qui a marqué les dernières années du franquisme. Elle vendait les romans du boom latino-américain, mais aussi les livres de sciences humaines et d’histoire, interdits par la dictature (ainsi ceux de Ruedo Ibérico, la maison d’édition installée à Paris en 1961 par cinq réfugiés espagnols, dont José Martínez Guerricabeitia, principal animateur de la maison. Sa librairie se trouvait rue de Latran n°6. V arrondissement. Elle disparaîtra en 1982.)
Les trois fondateurs étaient des militants engagés et très courageux. Ramón Recalde fut mitraillé par les terroristes de l’ETA le 14 septembre 2000 quand il rentrait chez lui. Cet avocat, militant du FLP, puis du PSOE, emprisonné et torturé pendant la période franquiste survécut, mais garda de graves séquelles après cet attentat. La librairie dut fermer pendant plusieurs mois. Recalde a publié en 2004 Fe de vida, XVII Prix Comillas de biographie.
Les photos prises pendant la guerre civile espagnole par Robert Capa, Gerda Taro ou Agustí Centelles sont aujourd’hui très célèbres. On a découvert plus récemment celles d’ Antoni Campañá (1906-1989). La plus connue est : Barcelone. Milicienne sur une barricade au carrefour des Ramblas et de la Calle Hospital le 25 juillet 1936.
Barcelone. Milicienne sur une barricade au carrefour des Ramblas et de la Calle Hospital le 25 juillet 1936 (Antoni Campañá).
On connaît depuis peu son identité. Il s’agit d’Anita Garbín Alonso, une couturière anarchiste. Elle se trouve sur une barricade devant le drapeau rouge et noir des anarchistes de la CNT-FAI. On voit au fond La Casa de los Paraguas. Cette maison insolite, remodelée parJosep Vilaseca en 1883, est ornée d’ombrelles et d’un dragon. C’ est aujourd’hui une succursale bancaire. Le cliché a été souvent reproduit par les anarchistes sur des affiches, des livres, des fresques. On a même surnommé cette femme, jusque-là anonyme, “ la Madona anarquista ”.
Ce n’est qu’en 2018 que l’on a su qui était l’auteur de la photographie : Antoni Campañà. Son petit-fils, Toni Monné a découvert alors deux caisses rouges qui contenaient des milliers de photos de la guerre (1200 copies et 5000 négatifs) lorsqu’on allait détruire la vieille maison familiale de San Cugat del Vallès. Le photographe les a cachées jusqu’à sa mort en 1989. Pendant la dictature franquiste, Campañá était surtout connu pour ses photos artistiques, ses photos de sport, de fêtes et des clichés qui mettaient en valeur le développement touristique. Pendant la guerre, ce n’était pas un photographe engagé. Il photographiait les réfugiés qui fuyaient la répression franquiste, mais aussi les églises détruites et les religieuses assassinées. Il venait d’une famille bourgeoise, nationaliste et catholique. En 1944, Francisco Lacruz a utilisé certaines de ses photos dans son livre El alzamiento, la revolución y el terror en Barcelona 19 de julio de 1936 – 26 de enero de 1939. A ce moment-là, Campañà a décidé de cacher les autres photos prises pendant la guerre. Et il a été un peu oublié.
Anita Garbín Alonso, elle, est née à Almería, en Andalousie en 1915. Ses parents ont émigré à Barcelone en 1920. Elle a 21 ans en 1936. Elle est divorcée d’un premier mari et a une fille de trois ans, Liberty. A la fin de la Guerre Civile, avec ses cinq frères et soeurs, elle a fui en France et a vécu à Béziers. Comme beaucoup d’exilés, cette couturière n’est jamais retournée en Espagne. Elle est morte en 1977 et est enterrée dans le cimetière de la ville. Anita appartenait à une famille anarchiste, mais elle était aussi catholique. Elle allait régulièrement à l’église, allumait des cierges et priait.
Autoportrait (Antoni Campañà), 1936.
Une sélection des photos de Campañà a été exposée en 2021 au Musée national d’Art de Catalogne (MNAC) de Barcelone (La guerra infinita. Antoni Campañà. La tensión de la mirada. 1906-1989). François Gómez Garbín, neveu d’ Anita, et son épouse, Liliane Hoffman, ont visité l’exposition et ont reconnu leur tante Anita. Ils ont rencontré aussi Toni Monné.
Une autre exposition (Icônes cachées. Les images méconnues de la guerre d’Espagne) vient de commencer à Montpellier ( du 29 juin au 24 septembre 2023 au Pavillon Populaire, Esplanade Charles de Gaulle ). L’ identité de cette icone anarchiste a été révélée par les journaux espagnols ces jours-ci.
Pepito Lumbreras Garbín, fils d’Anita et de José Lumbreras, un communiste espagnol, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, comme ses cousins Alain Gómez Garbín et François Gómez Garbín sont aujourd’hui retraités. Ils ont récupéré la nationalité espagnole grâce à la Loi de Mémoire Historique (Ley de Memoria Histórica) de 2007. Chez les Garbín, on ne parlait jamais de la guerre civile. La mère était anarchiste, le père communiste. Le passé était trop douloureux.
Antoni Campañà. Icônes cachées. Les images méconnues de la guerre d’Espagne 1936-1939. Montpellier, Pavillon Populaire, Esplanade Charles de Gaulle du 29 juin au 24 septembre 2023.
Mardi 27 juin, deux missiles sol-air S-300 ont frappé la ville ukrainienne de Kramatorsk, située dans l’est du pays (150 000 habitants avant la guerre). On dénombre onze morts (dont trois enfants) et une soixantaine de blessés. L’attaque a détruit le restaurant Ria Pizza, un établissement apprécié par les journalistes et les militaires. Les frappes russes ont touché aussi des habitations, des commerces, un bureau de poste et d’autres bâtiments.
[ Le Monde, 28/06/2023
Trois personnalités colombiennes, dont l’écrivain Héctor Abad Faciolince, ont été légèrement blessées dans le bombardement qui a visé mardi soir un restaurant bondé de Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, ont annoncé les intéressés. « Alors que nous dînions dans le restaurant Ria Pizzeria avec Victoria Amelima, une extraordinaire écrivaine ukrainienne, et la grande journaliste (colombienne) Catalina Gómez, le restaurant a été la cible d’une frappe de missile russe », indique un communiqué signé d’Héctor Abad Faciolince et Sergio Jaramillo. Ecrivain à la renommée internationale, Héctor Abad Faciolince est notamment l’auteur de L’oubli que nous serons, succès littéraire dont un film a été tiré en 2020. Sergio Jaramillo, homme politique colombien, fut l’un des principaux négociateurs de l’accord de paix signé en 2016 avec la guérilla marxiste des FARC. Tous deux, ainsi que la journaliste Catalina Gómez Ángel, ont été « légèrement blessés » dans l’attaque et hospitalisés, selon leur communiqué. ]
Victoria Amelina est dans un état critique. Son roman Un hogar para Dom, publié en 2017, vient de paraître en espagnol chez Avizor Ediciones. Héctor Abad Faciolince et Sergio Jaramillo séjournaient en Ukraine pour exprimer la solidarité de l’Amérique latine.
Sergio Jaramillo et Héctor Abad Faciolince.
Héctor Abad Faciolince est un célèbre écrivain et journaliste colombien. Il est né le 1 octobre 1958 à Medellín. Son père, Héctor Abad Gómez, médecin social, professeur d’université et personnalité humaniste de la ville, fut un défenseur des droits de l’homme en Colombie dans les années 1970 et 1980, jusqu’à son assassinat dans la rue Argentina de Medellín le 25 août 1987 par des militaires ou des paramilitaires. Il avait 65 ans.
Principales œuvres :
Tratado de culinaria para mujeres tristes. Première edition Medellín, 1996, Celacanto editores. Reedité par Alfaguara en 1997. (Traité culinaire à l’usage des femmes tristes. Paris, Éditions JC Lattes. Traduction : Claude Bleton.)
Fragmentos de amor furtivo. Editorial Alfaguara, 1998.
Asuntos de un hidalgo disoluto. Première édition Tercer Mundo, 1994. Réédité par Alfaguara en 1999.
Basura. Lengua de Trapo, 2000. Premier Prix Casa de América de Narrativa Americana Innovadora.
El olvido que seremos. Planeta, 2006. (L’oubli que nous serons. Gallimard Du monde entier, 2010. Préface de Mario Vargas Llosa, Traduction Albert Bensoussan). Ce livre raconte la vie et la mort de son père et l’histoire tragique de son pays.
El amanecer de un marido. Seix Barral, 2008.
Traiciones de la memoria, 2009. (Trahisons de la mémoire. Éditions Gallimard, collection Arcades, 2016. Traduction Albert Bensoussan.)
La Oculta, 2014. (La Secrète. Éditions Gallimard Du monde entier, 2016. Traduction Albert Bensoussan).
Salvo micorazón, todo está bien. Alfaguara. 2022.
Le réalisateur espagnol Fernando Trueba a réalisé en 2020 un film L’Oubli que nous serons (El olvido que seremos), d’après le roman éponyme, avec Javier Cámara.
« C’est l’un des paradoxes les plus tristes de ma vie : presque tout ce que j’ai écrit, je l’ai écrit pour quelqu’un qui ne peut pas me lire, et ce livre même n’est rien d’autre que la lettre adressée à une ombre. »
Les deux œuvres qui ont le plus inspiré Héctor Abad Faciolince sont Les Mots de la tribu de Natalia Ginzburg et la Lettre au père de Franz Kafka.
Critique de Nathalie de Courson dans La Cause Littéraire le 11 décembre 2017.
Missak Manouchian au jardin du Luxembourg à Paris.
Le 18 juin 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian, le 21 février 2024, 80 ans après son exécution. Il sera accompagné de son épouse Mélinée Manouchian. Missak Manouchian est né en 1906 en Arménie. Il rejoint la France en 1925 après le génocide arménien. Écrivain et poète, il adhère au Parti communiste en 1934. En 1943, il devient le chef des FTP-MOI de la région parisienne. Le 16 novembre 1943, à l’issue d’une filature policière de plusieurs mois, il est arrêté alors qu’il avait rendez-vous avec Joseph Epstein. Interrogé et torturé, il est condamné à mort et fusillé avec ses 21 camarades au Mont-Valérien le 21 février 1944. Olga Bancic, seule femme du groupe condamnée à mort avec eux, est, elle, transférée en Allemagne et guillotinée. A travers leur entrée au Panthéon, c’est l’engagement des étrangers en résistance qui est enfin mis en lumière. (Hauts lieux de la mémoire en Île-de-France.)
Hommage à Joseph Epstein, chef des FTPF de l’Île-de-France, fusillé le le 11 avril 1944 au Mont-Valérien et à Celestino Alfonso, communiste, volontaire en Espagne républicaine, résistant FTP-MOI.
Dernière lettre écrite de Missak Manouchian à sa femme Mélinée le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant qu’il soit fusillé au fort du Mont Valérien.
21 février 1944
Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous… J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération.
Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine.
Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu.
Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel
P.S. J’ai quinze mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène.
Cette lettre n’a été envoyée à la famille que le 28 novembre 1944.
Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, 1955 (chanson de Léo Ferré, 1959). J’ai toujours aimé la version chantée par Marc Ogeret…
Dans le journal El País, on peut lire un très bel article de l’écrivain et journaliste Manuel Vicent après la mort soudaine de son fils Mauricio le 11 juin 2023. Ce dernier avait 59 ans et fut le correspondant de El País et de la radio Ser à La Havane de 1991 à 2011.
El País, 18/06/2023
Mientras viva (Manuel Vicent)
Llegó la muerte sigilosamente de madrugada y con una certera puñalada se llevó al ser que más queríamos. Qué artera ha sido la muerte, que en vez de dármela a mí eligió solo herirme en ese punto que más me podía doler. Nunca hay suficientes lágrimas a la hora de enterrar a un hijo. Ningún dolor puede ser tan profundo. Sé muy bien que con el tiempo todo se desvanece, pero, mientras viva, ni el tiempo ni la muerte podrán arrebatarme nunca el amor que sentía por mi hijo y el que él me regalaba con su furiosa alegría de vivir. La gloria es la única inmortalidad que está en poder de los humanos. “No consientas ―dice Isócrates― que toda tu naturaleza sea destruida a la vez; por el contrario, ya que te tocó en suerte un cuerpo mortal, intenta dejar el recuerdo inmortal de tu espíritu”. Cuando empezó a ejercer de corresponsal en La Habana, mi hijo me pidió algunos consejos. Le dije: ”Mauri, no uses adjetivos en los que podrías verte involucrado y desprotegido. El verbo es la acción con que se definen los hechos. Así lo han usado siempre los grandes periodistas. El prestigio de un corresponsal consiste en estar bien informado. Sé leal, solidario y generoso con los compañeros. Por lo demás, hazme el favor de no vivir tan deprisa”. Eso es lo que pasó, que el fuego de su vida encontró demasiado pronto sus cenizas. Vuela ahora mi pensamiento hacia los días felices del pasado, a los veranos compartidos con los amigos en que salíamos juntos a navegar. Esta vez la quilla partirá en dos su memoria y las olas batirán con ella los costados del barco. Llegará el otoño y su silueta se confundirá con una de las hojas doradas arrastrada por el viento y luego se irán alejando su voz y sus risas hasta perderse en la niebla de un extraño aeropuerto donde se embarcan solo las almas y allí ante la última aduana le diré: buen viaje, Mauri. Llámame en cuanto llegues a La Habana.
Glenda Jackson (Bernarda), Joan Plowright (La Poncia) dans La maison de Bernarda Alba.
Glenda Jackson est née le 9 mai 1936 à Birkenhead, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Fille d’un maçon et d’une femme de ménage, elle quitte l’école à 16 ans et travaille comme préparatrice en pharmacie. Elle intègre une troupe de théâtre amateur. Malgré le manque de soutien familial, elle est reçue à la prestigieuse Académie royale d’art dramatique de Londres. Elle connaît le succès en 1964 dans Hamlet de William Shakespeare, puis dans Marat-Sade, la pièce de Peter Weiss, mise en scène par Peter Brook. Au cinéma, elle a reçu deux Oscars : en 1971 pour Love de Ken Russell (Women in Love, d’après le roman de D.H.Lawrence Femmes amoureuses) et en 1974 pour Une maîtressedans les bras, une femme sur le dos de Melvin Frank (A touch of Class)
Elle se lance en politique pour combattre Margaret Thatcher qu’elle accuse de détruire la société britannique. Entre 1992 et 2015, elle siège à la Chambre des communes comme députée travailliste de Hampstead and Highgate (district londonien de Camden). Elle consacre une attention particulière aux pauvres, aux chômeurs et aux malades. Elle est nommée sous-secrétaire d’état aux transports dans le gouvernement de Tony Blair de 1997 à 1999. Elle en devient une farouche opposante après l’invasion de l’Irak en 2003.
En avril 2013, lors des hommages parlementaires rendus à Margaret Thatcher à la suite de son décès, elle dresse la liste des dégâts matériels et moraux du thatchérisme qu’elle a pu constater dans sa circonscription : hôpitaux sans argent et sans médicaments, écoles sans moyens et sans livres pour faire cours, des milliers de sans-abris supplémentaires à la suite des fermetures d’hôpitaux psychiatriques. Elle ajoute que, pendant le mandat de Margaret Thatcher, tout ce qui était traditionnellement considéré comme un vice, comme la cupidité, l’égoïsme, le dédain pour les plus fragiles, la rapacité, était vu comme des vertus.
Elle est morte le 15 juin 2023 à 87 ans.
Je me souviens de sa présence au cinéma, de sa voix grave et de son interprétation extraordinaire dans La Casa de Bernarda Alba de Federico García Lorca, sous la direction de Núria Espert au Lyric Hammersmith en 1986 (Téléfilm de 1991. Mise en scène : Stuart Burge et Núria Espert). Elle a toujours refusé toute sophistication et recherché l’authenticité.
Julio Cortázar a écrit une nouvelle, publiée en 1980 Queremos tanto a Glenda que j’ai relue hier.
Nous l’aimons tant, Glenda. Traduction : Laure Guille-Bataillon et Françoise Campo-Timal, Gallimard, 1982 ; réédition, Gallimard, Folio n° 5728, 2014.
Résumé : Un groupe de fans de l’actrice Glenda Garson (adaptation du nom de l’actrice Glenda Jackson) commence à voler tous les films de l’actrice pour les remplacer par des versions éditées cherchant à montrer « la perfection de l’actrice ». Lorsque Glenda annonce sa retraite, le groupe est heureux de considérer que leur travail est terminé. Cependant, lorsque l’actrice change d’avis, ils décident de prendre des mesures drastiques.
« De golpe los errores, las carencias se nos volvieron insoportables ; no podíamos aceptar que Nunca se sabe por qué terminara así, o que El fuego de la nieve incluyera la infame secuencia de la partida de póker (en la que Glenda no actuaba pero que de alguna manera la manchaba como un vómito, ese gesto de Nancy Phillips y la llegada inadmisible del hijo arrepentido). »
Nous l’aimons tant, Glenda et autres récits.
« Soudain les erreurs, les faiblesses des mises en scène nous furent insupportables ; nous ne pouvions par accepter que On ne sait jamais pourquoi finisse ainsi et que Le feu de la neige comprenne l’infâme séquence de la partie de poker (où Glenda n’apparaissait pas, mais qui l’atteignait quand même comme une éclaboussure de vomi, ce geste de Nancy Philipps et l’inadmissible arrivée du fils repenti). »
La Grande Librairie, une émission littéraire (sic) le 31 mai dernier sur France 5 (Présentateur : Augustin Trappenard). Faïza Guène, autrice de Kiffe Kiffe demain (Hachette littérature, 2004) éreinte La Métamorphose de Franz Kafka, tout en confondant auteur et personnage. ” En gros, c’est un mec qui se lève un matin, il a la flemme, il va pas au travail et il se transforme en cafard. ” ” J’ai envie de lui mettre un coup de baygon à la page 50. ” Philippe Besson en rajoute : « C’est un texte aussi que je supporte pas, j’ai beaucoup de mal. Je trouve ça en fait “malaisant” tout le temps c’est-à-dire, je me sens très mal avec ce type qui se débat en cafard, où y a jamais aucun espoir, je suis consterné par ça. » Médiocrité de l’époque, nullité de la télévision.
Les mains de Gabriel García Márquez (Kim Manresa)
RFI ,18/04/2014
García Márquez, el autor que revelaba los secretos del escritor
García Márquez, el escritor fallecido este 17 de abril a los 87 años de edad, revelaba sin misterios las claves de la creación literaria. El Nobel colombiano evocó algunas de ellas en esta entrevista concedida a la periodista de RFI Conchita Penilla para un documental de France 3 difundido en 1998. En la intimidad del escritor y la página en blanco ocurre un misterioso proceso de creación que Gabriel García Márquez, el novelista fallecido este jueves en su residencia de Ciudad de México a los 87 años de edad, evocaba con mucha generosidad. Éste fue el caso de una de las últimas largas entrevistas que concedió a un canal de televisión. Se trata del documental “La escritura embrujada” para el programa “Un siglo de escritores” de la cadena de televisión pública francesa France 3 difundido en marzo de 1998 y realizado por la periodista de RFI Conchita Penilla. En ese encuentro con la periodista colombiana, García Márquez rinde homenaje a los autores que ejercieron una gran influencia en su obra, en particular Franz Kafka. Pero, ¿por qué el libro de un escritor de origen judío nacido en Praga en 1883 podía inspirar a un colombiano nacido cerca al mar Caribe en 1927? García Márquez explica que cuando terminó el bachillerato “ya tenía una noción de lo que era un cuento”, pero “no los sabía escribir (…) siempre les faltaba algo”. La lectura de una novela corta de Kafka le permitió superar ese obstáculo mayor.
‘Metamorfosis’ gracias a Kafka “Cuando entré a la facultad de derecho, en Bogotá, una noche entré a la pensión de estudiantes donde vivía. Tenía un amigo que leía mucho y me pasó un librito pequeño amarillo y me dijo: ‘Léete eso’. Yo leía mucho, leía todo lo que me caía en las manos y abrí este libro y decía: ‘Una mañana, después de un sueño tormentoso, Gregorio Samsa se encontró convertido en un gigantesco insecto’”. El Nobel de literatura olvidó la reacción física de su cuerpo en ese instante, pero recuerda en cambio la sensación que experimentó: “Fue como si me hubiera caído de la cama”. Para el joven que soñaba con convertirse en escritor, leer esa frase de Kafka fue una “revelación”. Por primera vez vislumbró la existencia de una puerta que él también podría abrir. “Antes de ese momento (la lectura de La Metamorfosis), yo probablemente había pensado que eso no se podía hacer. Y esto a pesar de que me había tragado completitas Las mil y una noches. Pero aquí había algo importante, una cuestión de método para contar algo, lo que yo no tenía. Fue una verdadera resurrección”. El novelista colombiano recuerda que luego de esa lectura se levantó y escribió su primer cuento (La tercera resignación), el primero que publicó en el diario El Espectador donde trabajó durante algunos años como periodista. A partir de ahí, todas sus lecturas se orientaron hacia la novela contemporánea. La clave de la ficción es la credibilidad Si el método es fundamental, uno de los mayores descubrimientos que hizo García Márquez durante su carrera fue el papel que desempeña el destinatario final de la obra, el lector. “Un escritor puede escribir lo que le de la gana siempre que sea capaz de hacerlo creer. El problema de la ficción, el problema de la literatura, es precisamente el problema de la credibilidad”. De algún modo llegó a la conclusión de que debía convencer a los lectores de la misma manera en que su abuela lo convencía a él cuando contaba ciertas historias imposibles de creer: “Mi abuela era capaz de decir las cosas más extraordinarias y menos verosímiles pero con una ‘cara de palo’ tal que no cabía ninguna duda de que ella lo creía y que por consiguiente era verdad”. Adoptar una ‘cara de palo’, es decir, el rostro impasible y grave del que está seguro de lo que dice, sólo es posible si el propio autor está íntimamente convencido de lo que está narrando. Por eso García Márquez lanza esta advertencia a manera de consejo a quienes se dedican a la ficción: “Lo que uno no cree, no puede hacerlo creer”. Si, de acuerdo, pero ¿cómo? ¿Cuál es el camino? Porque si el principio es relativamente fácil de entender, ponerlo en práctica parece extremadamente difícil, sólo accesible a unos pocos. García Márquez no negaba esa inmensa dificultad, ese privilegio de unos pocos. Para esto también tenía un análisis muy lúcido, basado en su propia experiencia. “A veces hay el talento sin la vocación y hay la vocación sin el talento. Cuando uno nace con esas dos virtudes no hay nada que lo detenga, yo desde que nací sabía que iba a ser escritor, quería ser escritor, tenía la voluntad, la disposición, el ánimo y la aptitud para ser escritor. Siempre escribí, nunca pensé que pudiera hacer otra cosa. Estaba dispuesto a morirme de hambre pero ser escritor”.
Lisez la biographie Kafka. Tome I. Le temps des décisions de Reiner Stach (traduction de l’allemand par Régis Quatresous, Le Cherche Midi, 956 p., 29,50 €.) et les deux tomes de La Pléiade Journaux et lettres III, IV : 1897-1924.
La bonne nouvelle du printemps : Dominique Gaultier, directeur du Dilettante, publie un gros recueil (1008 pages) qui regroupe les carnets et chroniques d’André Blanchard qui avaient été publiés chez d’autres éditeurs : De littérature et d’eau fraîche (carnets 1988-1989), Erti, 1992 ; Messe basse (carnets 1990-1992), Erti, 1995 ; Impasse de la défense (carnets 1993-1995), Erti, 1998 ; Petites nuits (carnets 2000-2002), Maé-Erti, 2004 ; Impressions, siècle couchant (chroniques), Erti, 1998 ; Impressions, siècle couchant II (chroniques), Erti, 2001. Un grand merci à lui ! Toute l’oeuvre de cet auteur méconnu est maintenant publiée au Dilettante.
On y trouve cette lettre de l’éditeur à son auteur, décédé à Vesoul le 29 septembre 2014.
Cher André, Voilà près de quarante ans que je frime en rappelant ce qu’est un dilettante sur tous les rabats des livres que je publie : Personne qui s’adonne à une occupation, à un art en amateur, pour son seul plaisir. Personne qui ne se fie qu’à l’impulsion de ses goûts. Avec vous, pourtant, j’ai dérogé à cette règle : je me suis préoccupé de trésorerie plutôt que de plaisir et vous avez pâti de ma mesquinerie. En 1988, petit éditeur famélique, j’ai reçu votre premier manuscrit par la poste. J’ai été emballé, je l’ai publié. C’était un carnet de pensées, de lectures, de réflexions, de libertés, autant dire le carnet d’un dilettante. D’ailleurs c’était son titre : En dilettante. Nous le rebaptisâmes Entre chien et loup. J’étais emballé, mais j’étais fauché, et lucide aussi, il faut bien l’avouer – des carnets, les carnets d’un inconnu… à qui diable allais-je pouvoir les fourguer ? – aussi vous ai-je demandé, à l’avenir, de songer plutôt à un roman. Vous demander un roman ! Qu’est-ce qui m’a pris ? Vous avez essayé, je vous ai refusé et je vous ai perdu. Vous avez écrit d’autres carnets que d’autres ont publiés et que personne ou presque n’a lus. Quel dommage ! J’aurais dû vous faire confiance. Je n’aurais sans doute pas réussi beaucoup mieux sur le plan commercial, mais, du moins, vous aurais-je épargné cet humiliant refus, et à moi, le ridicule. Aujourd’hui que je suis moins fauché grâce à des romans que je n’ai jamais eu à réclamer, je peux enfin réparer cette bévue : ce précieux volume contient tout ce que j’aurais dû éditer. Vous n’êtes plus là pour le voir, hélas, mais je vais me battre pour vous trouver les lecteurs que vous méritez.
Pardonnez-moi, cher André, tout ce temps perdu.
Dominique Gaultier
Nota bene : lors de la réédition en 2007 de Entre chien et loup, André Blanchard évoqua, dans sa préface, ses débuts d’écrivain.
André Blanchard, De littérature et d’eau fraîche. Carnets 1988-1989.
« Désormais, fini de jouer l’ingénu : je garde sous le boisseau mes voeux de Premier de l’an. Que la nouvelle année n’attende rien de moi. Faisons comme si nous ne connaissions pas – ce qui ne va pas être dur. Et si d’aventure nous avons à traiter affaire ensemble, il sera assez tôt pour les présentations : – 1988 ? Ah ! Enchanté ! Moi, c’est Blanchard, avec un D comme déchéance , etc. »
” Des soucis en broussaille. “
” Des lendemains qui chantent faux. “
” Le bonheur ? Chacun sait ce que cela ne veut pas dire. “
” Retomber en enfance. – Dessine-moi une illusion.”
Les oiseaux. Belopolie, 2022. Collection “Penser, décider, agir”.
« C’était le temps où les années enferment tant de choses, de sentiments, de pensées qu’elles durent, chacune, une sorte d’éternité. Et c’est lorsque, fâché contre moi-même, rembruni, j’allais reprendre ma marche que la haute, l’éclatante tirade retentissait à nouveau. Et alors, rien n’était plus pareil. Il faisait aussi sombre, aussi froid mais l’oiseau m’annonçait que les beaux jours étaient en marche, au loin. Il les voyait, lui, de la plus haute branche ou de l’antenne de télévision où il était juché. On ne l’entendrait plus de la journée mais un soir, pas forcément celui du même jour, il ratifiait sa promesse. Chaque année, j’ai passé de longs moments, accoudé à l’appui de ma fenêtre, sous les combles, à ne rien faire que l’écouter, infime point sombre d’où rayonnait le chant augural et glorieux. » (page 9)
Épilogue
” En France, le nombre d’oiseaux a chuté d’un tiers en quinze ans. Les populations d’espèces communes ont baissé de près de 28 % entre 1989 et 2021, ce qui représente 560 à 620 millions d’oiseaux disparus. En cause, la destruction des espaces naturels comme lieux de développement et d’alimentation, les pollutions liées au produits phytosanitaires, les nuisances lumineuses et sonores.” (page 31)
Rafael Cadenas et ses enfants, Paula et Silvio. Madrid, Bibliothèque nationale. Jeudi 20 avril 2023. (Álvaro García)
Le poète vénézuélien Rafael Cadenas, 93 ans, a reçu hier, lundi 24 avril, à Alcalá de Henares des mains du roi Felipe VI le Prix Cervantès 2022. Il s’agit de la récompense littéraire la plus prestigieuse en langue espagnole. C’est la première fois qu’un écrivain vénézuelien est primé. Après Ida Vitale, Joan Margarit, Francisco Brines et Cristina Peri Rossi, c’est le cinquième poète de suite qui reçoit ce prix. Malgré son âge, il a pu faire le voyage et c’est lui qui a commencé la lecture publique de l’ensemble de L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche qui se fait tous les ans à la même date au Cercle des Beaux-Arts de Madrid.
Madrid, Círculo de Bellas Artes (Antonio Palacios). 1921-26. Calle de Alcalá n°42.
Colección Visor de Poesía, n.° 1012. 2017. 14 euros.
Fracaso
Cuanto he tomado por victoria es sólo humo.
Fracaso, lenguaje del fondo, pista de otro espacio más exigente, difícil de entreleer es tu letra.
Cuando ponías tu marca en mi frente, jamás pensé en el mensaje que traías, más precioso que todos los triunfos. Tu llameante rostro me ha perseguido y yo no supe que era para salvarme. Por mi bien me has relegado a los rincones, me negaste fáciles éxitos, me has quitado salidas. Era a mí a quien querías defender no otorgándome brillo. De puro amor por mí has manejado el vacío que tantas noches me ha hecho hablar afiebrado a una ausente. Por protegerme cediste el paso a otros, has hecho que una mujer prefiera a alguien más resuelto, me desplazaste de oficios suicidas.
Tú siempre has venido al quite.
Sí, tu cuerpo, escupido, odioso, me ha recibido en mi más pura forma para entregarme a la nitidez del desierto. Por locura te maldije, te he maltratado, blasfemé contra ti.
Tú no existes. Has sido inventado por la delirante soberbia.
¡Cuánto te debo! Me levantaste a un nuevo rango limpiándome con una esponja áspera, lanzándome a mi verdadero campo de batalla, cediéndome las armas que el triunfo abandona. Me has conducido de la mano a la única agua que me refleja. Por ti yo no conozco la angustia de representar un papel, mantenerme a la fuerza en un escalón, trepar con esfuerzos propios, reñir por jerarquías, inflarme hasta reventar. Me has hecho humilde, silencioso y rebelde. Yo no te canto por lo que eres, sino por lo que no me has dejado ser. Por no darme otra vida. Por haberme ceñido.
Me has brindado sólo desnudez.
Cierto que me enseñaste con dureza ¡y tú mismo traías el cauterio!, pero también me diste la alegría de no temerte.
Gracias por quitarme espesor a cambio de una letra gruesa. Gracias a ti que me has privado de hinchazones. Gracias por la riqueza a que me has obligado. Gracias por construir con barro mi morada. Gracias por apartarme. Gracias.
Falsas maniobras 1966.
Échec
Tout ce que j’ai cru victoire n’est que fumée.
Échec, langue de fond, piste d’un autre espace plus exigeant, difficile de lire entre tes lignes.
Quand tu mettais ta marque sur mon front, jamais je n’aurais imaginé que tu m’apportais un message plus précieux que tous les triomphes. Ta face flamboyante m’a poursuivi et moi je n’ai pas su que c’était pour me sauver. Pour mon bien tu m’as remisé dans les coins, refusé les succès faciles, fermé les issues. C’est moi que tu voulais défendre en m’empêchant de briller. Par pur amour pour moi tu as modelé le vide qui, durant des nuits enfiévrées, m’a fait parler à une absente. Si tu as toujours donné priorité aux autres, si tu t’es arrangé pour qu’une femme me préfère un homme plus décidé, si tu m’as licencié de postes suicidaires, c’était pour me protéger.
Tu es toujours intervenu à temps.
Qui, ton corps couvert de plaies, de crachats, ton corps odieux m’a reçu dans ma plus simple forme pour me livrer à la transparence du désert. C’est folie de t’avoir maudit, maltraité, de t’avoir blasphémé.
Tu n’existes pas. Un orgueil délirant t’a inventé.
Je te dois tant ! En me nettoyant avec une éponge rêche, en me lançant sur mon vrai champ de bataille, en me donnant les armes que le triomphe dédaigne, tu m’as levé au dessus de la mêlée. Tu m’as pris par la main et conduit à la seule eau qui puisse me refléter. Grace à toi je ne connais pas l’angoisse de jouer un rôle, de m’accrocher à tout prix à un échelon, de me faire pistonner à la force du poignet, de me battre pour arriver plus haut, de me gonfler jusqu’à éclater. Tu m’as fait humble, silencieux, rebelle. Je ne te chante pas pour ce que tu es, mais pour ce que tu ne m’ as pas laissé être. Pour ne m’avoir donné que cette vie-là. Pour m’ avoir restreint.
Tu m’as seulement offert la nudité.
Tu m’as élevé à la dure, c’est vrai. Mais toi-même apportais le cautère. Et le bonheur de ne pas te craindre.
Merci de m’ enlever de l’ épaisseur en l’ échangeant contre des caractères gras. Merci à toi de m’avoir privé d’enflures. Merci pour la richesse à laquelle tu m’as contraint. Merci d’avoir construit ma demeure avec de la boue. Merci de m’écarter. Merci.