
Marie Paule et Raymond Farina ont publié avant-hier sur Facebook un poème de Sophia de Mello Breyner (1919-2004) : Au fond de la mer (Fundo do mar).
https://www.facebook.com/profile.php?id=100008812303816
Cette grande poétesse portugaise est enterrée depuis 2016 dans le Panthéon national à Lisbonne. Je relis ensuite d’autres textes d’elle dans Malgré les ruines et la mort (Éditions de la Différence, 2000. Traduction Joaquim Vidal) et La Poésie du Portugal des origines au XX ème siècle (Éditions Chandeigne, 2021. Traductions de Max de Carvalho et Michel Chandeigne).
J’ai choisi aujourd’hui trois poèmes de Sophia de Mello Breyner dans Malgré les ruines et la mort.

Nâo procures…(Sophia de Mello Breyner)
Nâo procures verdade no que sabes
Nem destino procures nos teus gestos
Tudo quanto acontece é solitário
Fora de saber fora das leis
Dentro de um ritmo cego inumerável
Onde nunca foi dito nenhum nome.
Ne cherche pas…
Ne cherche pas la vérité dans ce que tu sais
Ne cherche pas dans tes gestes le destin
Tous ce qui advient est solitaire
En dehors du savoir en dehors des lois
A l’intérieur d’un rythme aveugle et sans limite
Où aucun nom ne fut jamais prononcé.
Este é o tempo…(Sophia de Mello Breyner)
Este é o tempo
Da selva mais obscura
Até o ar azul se tornou grades
E a luz do sol se tornou impura
Esta é noite
Densa de chacais
Pesada de amargura
Este é o tempo em que os homens renunciam.
Voici le temps…
Voici le temps
De la jungle la plus obscure
Même l’air bleu devint barreaux
Et impure la lumière du soleil
Voici la nuit
Dense de chacals
Lourde d’amertume
Voici le temps où les hommes renoncent.
Oásis (Sophia de Mello Breyner)
Penetraremos no palmar
A água será clara o leite doce
O calor será leve o linho branco e fresco
O silêncio estará nu – o canto
Da flauta será nítido no liso
Da penumbra
Lavaremos nossas mãos de desencontro e poeira
Oasis
Nous pénétrerons dans la palmeraie
L’eau sera claire le lait très doux
La chaleur légère le lin blanc et frais
Le silence sera nu –net le chant
De la flûte dans la sérénité
De la pénombre
Nous laverons nos mains
De la poussière et des vaines rencontres
Malgré les ruines et la mort. Éditions de la Différence, 2000. Traduction Joaquim Vital.

