Mariluz Escribano Pueo est une poétesse presque totalement inconnue en France.
En Espagne, sa poésie est mieux étudiée depuis les années 2000. Son premier recueil de poésie n’a été édité qu’en 1991. Elle avait 56 ans. En 2022, Remedios Sánchez a publié son œuvre complète chez Cátedra dans la belle collection Letras Hispánicas.
Mariluz Escribano Pueo est née à Grenade le 19 décembre 1935. Son père, Agustín Escribano, était le directeur de l’École Normale. Sa mère, Luisa Pueo y Costa était la nièce du célèbre homme politique et économiste Joaquín Costa (1846-1911). Elle était professeur à l’École Normale et Secretaire de la Residencia de Señoritas Normalistas, une institution créée sur le modèle de la Residencia de Estudiantes de Madrid.
Son père s’était opposé à des militaires et au commandant phalangiste José Valdés Guzmán (1891-1937). Après le soulèvement franquiste, celui-ci est devenu Gouverneur civil de Grenade. On le considère comme le principal responsable de la répression dans cette ville et avec Ramón Ruiz Alonso de l’exécution de Federico García Lorca. Quand Mariluz Escribano avait neuf mois, le 12 septembre 1936, son père a été fusillé contre les murs du cimetière de la ville. Les historiens (Ian Gibson, Paul Preston) estiment que 5 000 personnes ont été fusillées dans la ville pendant la Guerre Civile.
Luisa Pueo y Costa, après la mort de son mari, a dû subir les représailles des rebelles qui ont saisi tous ses biens et ses comptes bancaires. Elle a dû partir à Palencia et elle n’est rentrée à Grenade qu’en 1940. Elle a pu alors à nouveau exercer son métier mais elle était étroitement surveillée par les autorités.
Mariluz Escribano a joué toute son enfance dans La Huerta de San Vicente, la résidence d’été de la famille García Lorca, de 1926 à 1936. En effet, sa mère était très amie avec avec cette famille et avec Carmen López García, cousine germaine de Federico, qui s’était chargée de cette propriété quand la famille du poète s’est exilée aux États-Unis.
Mariluz Escribano a épousé jeune Nicolás Marín López (1929-1985), professeur de Littérature.
Mariluz Escribano a obtenu sa licence de Philosophie et Lettres à L’Université de Grenade. Elle a été professeur de 1964 à 1967 à l’Antioch College de l’Ohio, première université américaine ouverte aux femmes et aux Noirs.
Docteur en Philologie Hispanique, elle a exercé comme Professeur de Didactique de la Langue et de Littérature, d’abord à l’École Normale (1967-1987) et ensuite à la Faculté des Sciences de l’ Education (1987-2015).
En 1985, son mari est mort dans un accident de voiture. Elle a dû élever seule ses cinq enfants.
La publication tardive de ses poèmes s’explique par le contexte de la guerre civile et la longue dictature franquiste qui ont fortement marqué sa vie.
Femme engagée contre la dictature, elle a milité dans des groupes féministes tels que Mujeres Universitarias o Mujeres por Granada. Elle a aussi publié régulièrement dans des journaux comme Patria et au début des années 70 dans Ideal, Diario Regional de Andalucía. Elle a dirigé à partir de sa fondation en 2005 la revue EntreRíos, Revista de Artes y Letras où ont publié de nombreux écrivains espagnols importants.
Elle est décédée à Grenade le 20 juillet 2019. Elle avait 83 ans.
Oeuvres
1991 Sonetos del alba. Málaga, editorial Guadalhorce. Réédition : Granada, Dauro, 2005 . 1993 Desde un mar de silencio. Granada, Cuadernos del Tamarit. 1995 Canciones de la tarde. Libros del Jacarandá, editorial Torremozas, 1995. 2013 Umbrales de otoño. Madrid, Hiperión, 2013. 2015 El corazón de la gacela. Granada, Valparaíso, 2015. 2018 Geografía de la memoria. Barcelona, Calambur, 2018.
Statue de Mariluz Escribano près de l’entrée du parc Federico García Lorca de Grenade
En la huerta de San Vicente
En la luna buscábamos sus huellas, en el piano la flor de sus canciones, en los búcaros las hojas del otoño, esa luz desvaída que reside en el sueño.
Era, entonces, el estío en la huerta, —mejor fin de verano— y época de cosecha de ciruelos, manzanos y membrillos
Rosas y niñas y mastranzos en el negror verde de la acequia, jilgueros en los chopos, últimas golondrinas, geometría de vencejos dibujando el cobalto de los cielos.
Y el silencio se agranda en el silencio, y las conversaciones languidecen, y lloran las palabras y los lutos por Federico ausente como un muerto, por tantos muertos con el pecho herido
Granada. Huerta de San Vicente.
Los ojos de mi padre
Los ojos de mi padre, los ojos de mi padre, mirándome en la patria cereal de los trigos, en un tiempo de cunas mecidas por el viento de la guerra, mirando cómo crezco en los abecedarios y conquisto sonidos primitivos balbuceos, palabras necesarias, porque él me empuja y vuelve, desde su corazón y sus espigas, su corazón de tierra y manantiales, patria de tierra y gritos apagados. Mi padre es un silencio que mira como crezco. Sus manos me conforman, me miran la estatura, la dimensión del cuerpo, averiguan gozosas que me elevo en trigal. Las manos de mi padre tocan mi cuerpo y cantan, y yo sé que me acunan con nanas de caballos, con la salmodia triste del judío, del converso que habita por su sangre. Pero paseo con mi padre. Abandono en sus manos mis manos tan pequeñas, y al calor de su sangre mis pulsaciones tienen una ambición de tiempos.
En las luces inquietas de la tarde, al borde de la noche, vamos pisando hierbas, territorios, ríos como torrentes, manantiales, horizontes donde la niebla habita, paisajes metalúrgicos y bosques, ciudades, vientos, cordilleras, blancas constelaciones. Camino con mi padre. Me nombra a las palomas, pájaros migratorios, aguanieves que rozan las praderas, alcaudones de viento, golondrinas, gorriones, avefrías. Y todo pasa y llega de su mano, y a mi infancia regresa el calor confortable de su sangre Cuando llegan los días de septiembre, láminas del otoño, las madrugadas frías y estrelladas detienen sus palabras. Pero es sólo un instante de sangre y de fusiles porque mi padre vuelve del silencio y pasea conmigo el callado silencio de las calles, y los campos sembrados y las constelaciones, y su voz de madera me acompaña, me mira cómo crezco. Todo el mundo conoce que heredé de mi padre una bandera.
Umbrales de otoño, Hiperión, 2013.
Cuando me vaya
Dejaré un silencio en el recuerdo, sonidos de una voz que fue muy joven, y un aroma de sándalo y cipreses para que no me olvides.
Y ahora, cuando el sol desaparece, y hay promesa de una noche clara, las estrellas se esconden y están muertas de tanta nívea luz.
Dejaré abierta la ventana. Un gorrión divulgará mi huida, y un frescor de mañana anunciará mi marcha, con trémula voz para llamarte.
Cuando me vaya, perderé las praderas, los bosques encendidos de noviembre, el verde del jardín en primavera, la tenue luz de los planetas, la sonrisa de un niño, el calor de un amigo, lágrimas de dolor por los caminos que transité tan alta, la caricia de un perro que dio fuego a mis manos.
Cuando me vaya, habré perdido tantas cosas que creceré en trigal por no morirme.
Geografía de la memoria. Barcelona, Calambur, 2018.
Concha Méndez est une personnalité très originale de la Génération de 1927 : championne de natation, gymnaste, poète, autrice dramatique, scénariste, éditrice, imprimeuse, vendeuse de livres etc.
Elle est l’aînée d’une très riche famille madrilène de 11 enfants. Elle fait des études dans un école française, mais jusqu’à quatorze ans seulement. Ses parents l’empêchent de suivre des études supérieures.
Elle passe ses étés à Saint-Sébastien et y rencontre Luis Buñuel. Elle est sa fiancée jusqu’au départ de celui-ci pour Paris (1919-1926).
À partir de 1925, elle devient l’amie de Federico García Lorca, Rafael Alberti, Luis Cernuda, Maruja Mallo, María Zambrano. Elle participe à la fondation du Lyceum Club Femenino, dirigée par María de Maeztu et fait partie des créatrices surnommées Las Sinsombrero qui s’opposent aux règles misogynes de la société de son époque.
Ses relations avec ses parents sont conflictuelles. Elle s’enfuit de la maison paternelle en 1929 et séjourne à Londres, Montevideo, Buenos Aires.
Elle rentre en 1932 en Espagne et Federico García Lorca la présente au poète et imprimeur Manuel Altolaguirre qui l’épouse le 5 juin 1932. Leurs témoins : Juan Ramón Jiménez, Luis Cernuda, Federico García Lorca, Vicente Aleixandre et Jorge Guillén.
Manuel Altolaguirre, Concha Méndez.
Ils ouvrent ensemble dans leur appartement de Madrid (calle de Viriato,73) une petite maison d’imprimerie qui édite les livres de leurs amis (Editorial La Tentativa Poética), et la revue Héroe. Ils impriment aussi Caballo Verde para la Poesía que dirige Pablo Neruda.
Grâce à une bourse de la Junta de Ampliación de Estudios, ils vivent deux ans à Londres et rentrent en Espagne en 1935. Ils ont une fille Paloma. En 1933 ils avaient perdu un premier enfant, Juan, à la naissance.
Quand éclate la Guerre civile, angoissée pour le sort de sa fille, Concha Méndez quitte le pays et séjourne avec elle en Angleterre, en Belgique et en France. Elle rejoint son mari à Barcelone en 1938. Ils collaborent à la revue culturelle la plus importante de l’Espagne républicaine, Hora de España.
Avec sa famille, elle s’exile en France en 1939, où ils sont accueillis par Paul et Nusch Éluard. Ils résident quatre ans à La Havane (Cuba) où ils gèrent l’Imprimerie La Verónica, puis s’installent au Mexique en 1944.
Manuel Altolaguirre la quitte pour la cubaine María Luisa Gómez Mena. Ils mourront tous deux dans un accident de voiture en juillet 1959 près de Burgos alors qu’ils revenaient du festival de cinéma de Saint-Sébastien.
Concha Méndez revient à trois reprises pour des visites ponctuelles en Espagne mais n’y résidera plus. Elle meurt dans sa maison de México à 86 ans.
En 1991, Ses mémoires (Memorias habladas, memorias armadas) furent publiées à partir de vingt-huit heures d’enregistrements réalisés par sa petite-fille Paloma Ulacia Altolaguirre.
Oeuvres :
1926 Inquietudes: poemas. Madrid, Imprenta de Juan Pueyo. 1928 Surtidor : poesías. Madrid, Imprenta ARGIS. 1930 Canciones de mar y tierra. Buenos Aires, Talleres Gráficos Argentinos. 1931 El personaje presentido y El ángel cartero. Madrid. Théâtre. 1932 Vida a vida. Madrid, La tentativa poética. 1935 El carbón y la rosa. Madrid. Théâtre. 1936 Niño y sombras. Madrid, Héroe. 1939 Lluvias enlazadas. La Habana, El Ciervo Herido. 1944 Poemas. Sombras y sueños. Ciudad de México, Rueca. Villancicos de Navidad. Ciudad de México, Rueca. El Solitario. Misterio en tres actos. 1976 Antología poética. Ciudad de México, Joaquín Mortiz. 1979 Vida a vida y vida o río. Madrid, Caballo Griego para la Poesía. 1981 Entre el soñar y el vivir. Ciudad de México, universidad Nacional Autónoma de México. 1990 Memorias habladas, memorias armadas. Madrid, Mondadori. 1995 Poemas (1926-1986). Madrid, Hiperión. 2008 Con el alma en vilo. Málaga. 2009 Poesía completa. Málaga, Centro Cultural Generación del 27.
J’ai choisi quatre poèmes lus dans l’anthologie préparée par James Valender pour la maison d’édition de Séville Renacimiento.
Torremolinos. Mirador de Sansueña, Calle Castillo del Inglés, 9 (CFA).
No vengas
No vengas, Muerte, todavía, que aún tengo que tejer la larga escala que ha de subirme allá donde deseo; debo cumplir mi dharma, hacer, hacer, hacer las cosas que aquí debo.
Porque tengo una deuda para conmigo misma. Vine para algo más que para pasar como sombra. Dentro de mí una luz quiere salir afuera. No vengas todavía, dale tiempo a mi tiempo
Entre el soñar y el vivir, 1981.
Ne viens pas
Ne viens pas, Mort, pas encore, j’ai encore à tisser la grande échelle qui va me hisser là où j’aspire ; je dois accomplir mon dharma, faire, faire, faire les choses que je dois ici-bas.
Parce que j’ai une dette envers moi-même. Je vins pour un peu plus que passer comme une ombre. Au-dedans de moi une lumière veut sortir au-dehors. Ne viens pas encore, donne du temps à mon temps.
Los caminos del alma / Les chemins de l’âme (Paradigme, 2017) – Traduit de l’espagnol par Jeanne Marie.
Al nacer cada mañana
A Maruja Mallo
Al nacer cada mañana, me pongo un corazón nuevo que me entra por la ventana.
Un arcángel me lo trae engarzado en una espada, entre lluvia de luceros y de rosas incendiadas, y de peces voladores de cristal picos y alas.
Me prendo mi corazón nuevo de cada mañana; y al arcángel doy el viejo en una carta lacrada.
BUENOS AIRES
Canciones de mar y tierra, 1930.
Quisiera tener varias sonrisas de recambio
Quisiera tener varias sonrisas de recambio y un vasto repertorio de modos de expresarme. O bien con la palabra, o bien con la manera, buscar el hábil gesto que pudiera escudarme…
Y al igual que en el gesto buscar en la mentira diferentes disfraces, bien vestir el engaño; y poder, sin conciencia, ir haciendo a las gentes, con sutil maniobra, la caricia del daño.
Yo quisiera ¡y no puedo! ser como son los otros, los que pueblan el mundo y se llaman humanos: siempre el beso en el labio, ocultando los hechos y al final… el lavarse tan tranquilos las manos.
Bruselas, 1937.
Lluvias enlazadas. La Habana, 1939.
«Sobre la caliente arena»
Góngora
No es la planta del pie sino del alma quien pisa ardiente arena del desierto y así camina sin saber adónde, acompañada sólo de los vientos.
Que todo es viento y pasa en esta vida , en huracanes, o con soplo leve, mientras que ardiendo, resbalando arenas, su paso sigue la que nos sostiene.
Barcelona, 1938.
Lluvias enlazadas. La Habana. 1939.
Recuerdos
Recuerdos que ya sois sombras, no os apartéis de mí, que recuerdo que se borra es que perdió el existir.
Yo quiero guardarlos todos a la luz de mi memoria, que aquel que borra recuerdos es como un ser sin historia.
Le journaliste Daniel Gascón, dans El País du 5 juillet 2025 , nous rappelle l’existence des oeuvres d’un grand écrivain catalan un peu oublié aujourd’hui dans son pays et toujours très peu connu en France, Jesús Moncada. Il faut le relire. La maison d’édition Anagrama vient de republier en castillan vingt ans après sa mort ses deux principaux romans.
Jesús Moncada est né à Mequinenza en Aragon le 1 décembre 1941. Il est mort à Barcelone le 13 juin 2005 à 63 ans.
Peintre, photographe, écrivain et traducteur en langue catalane (Guillaume Apollinaire, Alexandre Dumas, Jules Verne, Boris Vian), il a publié trois romans, publiés en castillan chez Anagrama et trois recueils de nouvelles chez Xordica.
1988 Camino de Sirga (Camí de sirga). 1992 La galería de las estatuas (La galeria de les estàtues).
1997 Memoria estremecida (Estremecida memória).
1981 Historias de la mano izquierda (Históries de la mà esquerra). 1985 El Café de la Rana (El Cafè de la Granota). 1999 Calaveras atónitas (Calaveres atònites).
La plus grande partie de son oeuvre se passe en Aragon dans la vieille ville de Mequinenza. Elle est située à l’est de la province de Saragosse, à la confluence de l’Èbre et du Sègre. L’économie de cette petite ville était fondée sur les mines de lignite et le transport sur l’Èbre de ce type charbon grâce à une flottille de 16 llaüts ou laúdes, bateaux qui pouvaient transporter entre 18 et 30 tonnes.
La construction du barrage de Mequinenza, entre 1957 et 1964, a entraîné la destruction de la vieille ville. Le lac de retenue est connu sous le nom de « Mer d’Aragon ». Il s’étend sur les provinces de Saragosse et Huesca. 110 kilomètres de longueur, 75 km2 de surface, plus de 500 kilomètres de côtes.
Mequinenza est une ville bilingue. Bien que la langue officielle soit le castillan, la langue maternelle d’une grande partie de la population est le «mequinenzano», un dialecte du catalan occidental.
Jesús Moncada a fait ses études à Saragosse. Il a travaillé ensuite pour la maison d’édition Montaner y Simón avec l’écrivain catalan Pere Calders (1912-1994) qui l’a encouragé dans sa vocation d’écrivain.
Il s’est toujours senti profondément enraciné dans sa petite ville natale en partie disparue. Il a créé à partir de là un espace mythique et humoristique. Il se place sous l’influence de Giuseppe Tomasi di Lampedusa (Le guépard, 1958) Lorrenç Villalonga ( Béarn ou le cabinet des poupées de cire, 1956) et même de William Faulkner (L’Intrus dans la poussière, 1948).
Camino de sirga raconte l’histoire de ce lieu à travers la mémoire de ses habitants. Cette avalanche de souvenirs, qui remontent parfois jusqu’au XIXe siècle, est provoquée par la construction du barrage et l’inondation imminente de la petite ville.
“¿Cómo habían acumulado sus bienes la mayoría de las familias poderosas de la villa? Años de malas cosechas, de enfermedades, de miserias que agravaban las deudas con la complicidad legal de papeles astutos firmados con una cruz por gente analfabeta, eran la base de las fortunas de los Torres, de los Salleres, de los Albera, de los Vallcorna…”
Oeuvres traduites en français : 1992 Les bateliers de l’Èbre, Le Seuil. Traduction Bernard Lesfargues. Nouvelle publication en 2010 sous le titre Le testament de l’Èbre par les éditions Autrement. 2001 Frémissante mémoire, Gallimard. Traduction Mathilde Bensoussan. 2010 Anthologie de contes. Éditions Trabucaire. Traduction Émilienne Rotureau Gilabert.
Les cendres de l’écrivain ont été dispersées sur l’emplacement de l’ancienne Mequinenza inondée.
Le musée de la ville a créé une route littéraire qui traverse les lieux que Jésus Moncada a immortalisé dans ses œuvres. Le point de départ est le musée d’Histoire de Mequinenza. L’itinéraire est le suivant : la vieille ville, le mur et la rivière, la maison de l’auteur, le cinéma Goya, la rue San Francisco, l’église, la place de la Mairie, le terrain de football, le château ou les bars que fréquentaient les mineurs et les marins.
Y así nos entendimos (Correspondencia 1949-1990) María Zambrano, Ramón Gaya. editorial Pre-Textos, 2018.
Je viens de terminer la correspondance qu’ont échangée la philosophe María Zambrano et le peintre Ramón Gaya de 1949 à 1990. J’ai acheté ce livre à la Feria del Libro de Madrid au stand de la belle maison d’édition Pre-Textos, fondée à Valence en 1976. On trouve dans son catalogue des auteurs comme Gerardo Diego, Juan Ramón Jiménez, José Jiménez Lozano, Ramón Gaya, María Zambrano, Miguel de Unamuno, José Luis Pardo, Andrés Trapiello, Elias Canetti, Anton Tchekhov, Adalbert Stifter, Rudyard Kipling, Darío Jaramillo, Rafael Cadenas, Giorgio Agamben, Gilles Deleuze…
Je pense que l’oeuvre Ramón Gaya mériterait d’être mieux connue en France.
Ramón Gaya. Avignon, 1962.
Ramón Gaya est un peintre et écrivain espagnol. Il est né à Murcie le 10 octobre 1910. Son père, Salvador Gaya était un lithographe catalan. Ramón Gaya découvre dans la bibliothèque familiale des écrivains comme Tolstoï, Nietzsche et Galdós qui l’accompagneront toute sa vie. Très jeune, il commence à peindre avec deux amis de son père, les peintres Pedro Flores et Luis Garay. En 1928, il obtient une bourse de la Municipalité de Murcie pour compléter sa formation. Il se rend à Madrid et visite le musée du Prado qu’il appellera toujours son « rocher espagnol ». Il considère Velázquez comme son maître absolu. Il rend visite à Juan Ramón Jiménez, le grand poète de son époque, et fait la connaissance des intellectuels de la génération de 1927. Certains deviendront ses amis (Luis Cernuda, José Bergamín). Après Madrid, il se rend à Paris, visite les musées, fait la connaissance de Pablo Picasso et expose à la galerie Aux quatre chemins. Il est déçu par les pratiques de l’avant-garde et rentre en Espagne. Á partir de 1932, il participe aux Misiones Pedagógicas. Ce projet culturel novateur de la République consiste à rapprocher la culture du monde rural, des villageois, des paysans. Ramón Gaya participe au projet du théâtre universitaire La Barraca, comme scénographe. Il réalise plusieurs copies de tableaux du musée du Prado. Il parcourt les villages d’Espagne avec un musée ambulant (El Museo del pueblo) .
Fe Sanz Molpeceres, 1934.
Le 24 juin 1936, il épouse Fe Sanz Molpeceres (1908- 1939), professeur de littérature et amie de la philosophe María Zambrano (1904-1991). La vie du peintre, comme celle de beaucoup d’Espagnols républicains, est bouleversée quand éclate la guerre civile le 18 juillet 1936. Après le bombardement de leur maison de Madrid, le couple part à Valence où naît leur fille Alicia en avril 1937. Ramón Gaya rejoint l’Alliance des intellectuels antifascistes. Il participe au congrès de 1937 qui réunit plus d’une centaine d’intellectuels venus de tous les pays. À Valence est créee la revue Hora de España. Il fait partie de sa rédaction avec Rafael Dieste, Manuel Altolaguirre, Juan Gil Albert, Antonio Sánchez Barbudo, María Zambrano. Il y publie des poèmes et des textes en prose et surtout conçoit les vignettes qui marqueront le style de la revue. En 1937, deux de ses tableaux (Épouvante. Bombardement à Almeria et Paroles aux morts. Portrait de Juan Gil Albert) sont exposés au pavillon de la République Espagnole à l’Exposition universelle de Paris. En 1939, après la défaite de la République, sa femme, qui essayait de gagner la France avec la population civile, meurt le 3 février 1939 dans le bombardement de la gare de Figueras. Leur fille Alicia survit par miracle. Ramón Gaya franchit les Pyrénées avec l’armée républicaine. Il est interné dans le camp de concentration de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). À sa libération, il séjourne à Cardesse chez son ami, le peintre anglais Cristobal Hall (1897-1949) et son épouse Trinidad Japp (1909-1989). Il confie sa fille à ce couple qui a une fille de quatre ans, Anne Pauline. Il s’embarque comme des centaines de républicains espagnols sur le navire Sinaia vers le Mexique et l’exil. Ramón Gaya s’établit à Mexico et se consacre à nouveau à la peinture et à l’écriture. Il collabore à plusieurs revues littéraires mexicaines comme Taller, Romance, Letras de México, El Hijo pródigo, Las Españas. Il se lie d’amitié avec des poètes tels qu’ Octavio Paz, Xavier Villaurrutia, Tomás Segovia. Il fréquente d’autres exilés comme Álvaro de Albornoz, sa fille Concha de Albornoz, Juan Gil-Albert, Luis Cernuda, José Bergamín. A partir de 1952, il voyage en Europe et visite Paris, Venise, Florence, Rome, Lisbonne. Il s’installe à Rome en 1956. Il voit régulièrement María Zambrano qui habite avec sa soeur Araceli Piazza del Popolo n°3, mais aussi des intellectuels italiens comme Elena Croce, Tomas Carini, Italo Calvino, Nicola Chiaromonte, Carlo Levi, Pietro Citati, Cristina Campo, Giorgio Agamben. En Italie, il peint les rues de Rome, l’atmosphère de Venise, les ponts de Florence, le Tibre, l’Arno. En 1960 est publié en italien son livre Il sentimento de la Pittura. En mars de la même année, il revient en Espagne après vingt et un ans d’exil et expose à la Galerie Mayer de Madrid. Pendant un séjour à Valence, il fait la connaissance d’Isabel Verdejo, qu’il épousera le 16 mars 1966. En 1969, il publie son ouvrage fondamental, Velázquez, pájaro solitario. À partir des années 1970, Ramón Gaya s’installe à Barcelone d’abord, puis à Valence.
Son œuvre est largement reconnue alors dans son pays en Espagne : 1989. Exposition rétrospective au Musée d’Art Contemporain de Madrid. 10 octobre 1990. Inauguration à Murcie du musée qui lui est consacré avec une collection de plus de cinq cents œuvres. Il est dirigé par Manuel Fernández-Delgado. 1997. Il reçoit le prix national des arts plastiques. 1999. Il est nommé docteur honoris causa par l’université de Murcie. 2000. Exposition rétrospective à l’IVAM (Institut Valencien d’Art Moderne). 2002. Il reçoit le Prix Velázquez, décerné par le Ministère de la Culture espagnol pour saluer l’œuvre et le parcours d’un artiste contemporain espagnol ou hispano-américain. 2003. Exposition rétrospective au Musée national Centre d’art Reina Sofía de Madrid.
Il meurt à Valence le 15 octobre 2005 à 95 ans.
Oeuvres :
El sentimiento de la pintura. Editorial Arion, Madrid, 1960. Velázquez, pájaro solitario. Editorial R.M., Barcelona, 1969. Traduction : Vélasquez oiseau solitaire. Paris, Quai Voltaire, 2009. Diario de un pintor, 1952–1953. Pre-Textos, Valencia, 1984. Obra completa, tomo I. Pre-Textos, Valencia, 1990. Obra completa, tomo II. Pre-Textos, Valencia, 1992. Obra completa, tomo III. Pre-Textos, Valencia, 1994. Obra completa, tomo IV (cartas a Juan Guerrero, con prólogo de Nigel Dennis). Pre-Textos, Valencia, 2000. Ramón Gaya de viva voz (entrevistas, edición y prólogo de Nigel Dennis). Pre-Textos, Valencia, 2007. Obra completa. Edición de Nigel Dennis e Isabel Verdejo, prólogo de Tomás Segovia, Pre-Textos, Valencia, 2010, 1.000 págs. Cartas a sus amigos. Edición de Isabel Verdejo y Nigel Dennis, prólogo de Andrés Trapiello, Pre-Textos, Valencia, 2016, 728 págs.
Homenaje a Vincent, con un limón, 1987.
Diario de Ramón Gaya. 1953. París, viernes 16 de enero: “Van Gogh no buscó un estilo, sino una forma de expresión, una forma de expresión que tampoco era una manera. Cae, a veces, en una manera, pero, como los grandes artistas, huye enseguida; los otros, los pequeños, cuando caen en una manera creen haber encontrado un estilo. El gran artista huye del estilo también, porque el estilo es la no expresión, la inmovilidad, una especie de expresión, quieta, de sí mismo.”
Del Sentimiento de la pintura. 1959.
“Ser pintor no es gustar de lo pictórico -como supone un extendido error moderno- ser pintor no es más que una forma como otra de ser hombre, una de las encarnaciones posibles del hombre.”
“(para algunos de amigos pintores)… la pintura es un fin en sí misma, mientras que para mí no es más que un medio, claro está, que me tiraniza, que me ha tiranizado siempre, pero que nunca he podido considerar como un fin. Y no sólo la pintura; el arte todo, con su grandeza indudable, jamás pudo parecerme sino un tránsito que lo reclamaba todo del artista, que actuaba en él como una fatalidad, que lo minaba, que se lo comía entero, pero que no era un fin. En ese mismo carácter implacable veía yo su transitoriedad.”
“El hombre moderno ha envejecido tanto que apenas si recuerda algunos trazos de su ser original y le es ya muy difícil reconocer y escuchar esa voz rica de la ignorancia y, sin embargo, hoy sabemos que es indispensable para él, pues sólo será un hombre vivo, es decir, actual, en la medida que pueda y sepa obedecer, ser fiel a esa voz de origen”.
Anotación sobre los problemas del artista.
“El artista se plantea problemas humanos, de conducta, de conciencia, porque en él, ser hombre es un deber más que una… fatalidad. En cambio, no debe plantearse problemas artísticos, porque lo artístico es en él un valor humano.”
Velázquez, pájaro solitario, 1969.
“En la obra de Velázquez la realidad ha entrado, con gustosa mansedumbre, como en un redil abierto, libre, y si permanece en él, no es porque haya quedado atrapada, encerrada, sino precisamente para poder dar testimonio continuado, constante, de su libertad.”
“El niño de Vallecas es todo él como una elevación, como una ascensión. Todos los retratos velazqueños vienen a ser como altares, pero El niño de Vallecas es el altar mayor de su obra, el escalón supremo de su obra desde donde poder saltar, pasar al otro lado de todo, más allá de todo. En ese rostro tierno, manso, santo, animado por una sutil mueca agridulce, es donde con más limpieza parece producirse el sacrificio de la realidad, y también el sacrificio del arte.”
El Niño de Vallecas, 1987.
“Pintar es asomarse a un precipicio, entrar en una cueva, hablarle a un pozo y que el agua responda desde abajo. Pintura no es hacer, es sacrificio, es quitar, desnudar, y trozo a trozo el alma irá acudiendo sin trabajo”.
«El arte no es una religión sino una fe, y el artista no es un sacerdote sino un creyente. Ser artista no es oficiar sino creer».
Balcón español Madrid
«El encanto de Madrid es muy secreto. Se ha pensado en la simpatía, en la gracia, hasta en el agua de Lozoya; todo esto es verdad y, claro, contribuye a conquistarnos, pero lo que hace de Madrid una ciudad única es el aire, el aire de sierra, de montería, de lugar de caza. Su frío es muy limpio, no subterráneo como el de París, sino de piedra viva, de piedra cumbre. En París —una de las ciudades más bellas que existen— nunca he podido librarme de una penosa sensación de sótano, de rata húmeda, de cañería, de alcantarilla, de tinta, de mancha ciudadana, de albañal romántico, mientras que Madrid, a pesar de sus barrios bajos, de sus pobres, de sus traperos, de sus almonedas, no nos da nunca; todo lo salva, lo levanta eso: el aire. Pero un elemento así, tan incorpóreo, es muy difícil de ver; sin la ayuda de Velázquez creo que nunca lo habría descubierto del todo. Delante de sus retratos de caza fue donde se me reveló Madrid; recuerdo que venía de contemplar en Goya algo mucho más visible, o sea, el madrileñismo, un madrileñismo que es cierto, pero que no es esencial. El madrileñismo no es Madrid, sino su marco, el marco que lo caracteriza, que lo facilita, pero el carácter no es nunca la esencia de nada. La esencia de Madrid es el aire. Y sólo el gran sevillano —la sensibilidad más serena, más invulnerable que ha existido— podía darnos esa versión tan desnuda. Porque Velázquez nunca se dejó deslumbrar por esa primer corteza que tiene el mundo —esa corteza que permite a las cosas vivir su intemperie—, sino que su mirada llegó hasta el centro mismo de la vida. Por eso, en su retrato de Madrid no hay nada, sino aire, un aire azulado, aristocrático, de altura. Velázquez comprendió y nos hizo comprender que Madrid es el Guadarrama.»
Je reprends un texte de la poétesse péruvienne Blanca Varela déjà publié sur ce blog en juillet 2023. Il s’agit d’ une des grandes figures de la poésie latino-américaine du XX ème siècle
Morir cada día un poco más recortarse las uñas el pelo los deseos aprender a pensar en lo pequeño y en lo inmenso en las estrellas más lejanas e inmóviles en el cielo manchado como un animal que huye en el cielo espantado por mí.
Mourir chaque jour un peu plus couper ses ongles ses cheveux ses désirs apprendre à penser à ce qui est petit et à ce qui est immense aux étoiles les plus lointaines et immobiles dans le ciel taché comme un animal qui fuit dans le ciel effrayé à ma vue
Manuel Altolaguirre. Placa en el jardín vertical y monumento conmemorativo a la Antigua Imprenta Sur en la plaza Pepe Mena, Málaga.
Retour à la poésie de la Génération de 1927 avec Manuel Altolaguirre, un des poètes de Málaga. Il perdit son père (Manuel Altolaguirre Álvarez, juge de première instance, écrivain, directeur du journal El Imparcial ) en 1910, puis sa mère (Concepción Bolín Gómez de Cádiz) en 1926. L’idée de la mort, la perte des êtres chers sont au centre de toute son œuvre.
Antes A mi madre.
Hubiera preferido ser huérfano en la muerte, que me faltaras tú allá, en lo misterioso, no aquí, en lo conocido.
Haberme muerto antes para sentir tu ausencia en los aires difíciles.
Tú, entre grises aceros, por los verdes jardines, junto a la sangre ardiente, continuarías viviendo, personaje continuo de mi sueño de muerto.
Buste de Quevedo. León, Parque de Quevedo. Il se trouve près du Convento de San Marcos, aujourd’hui Parador Nacional, où il fut emprisonné.
Soneto enviado desde su Torre de Juan Abad a don José de Salas (Musa, II, 109)
Desde La Torre
Retirado en la paz de estos desiertos, con pocos, pero doctos libros juntos, vivo en conversación con los difuntos y escucho con mis ojos a los muertos.
Si no siempre entendidos, siempre abiertos, o enmiendan, o secundan mis asuntos, y en músicos, callados contrapuntos al sueño de la vida hablan despiertos.
Las grandes almas que la muerte ausenta, de injurias de los años vengadora, libra, ¡ oh gran don Iosef, docta la emprenta.
En fuga irrevocable huye la hora; pero aquélla el mejor cálculo cuenta que en la lección y estudios nos mejora.
Retiré dans la paix des déserts, Je vis avec de doctes et rares livres dans les mains. Je vis en conversation avec des morts. J’écoute les morts avec les yeux.
De La Torre
Dans ces déserts et leur paix retiré, de rares et doctes livres entre les mains, je vis dans le commerce des défunts, et de mes yeux, j’entends les morts parler.
Sinon compris, sans cesse fréquentés, ils amendent ou fécondent mes desseins ; et par muets contrepoints musiciens au songe de la vie parlent éveillés.
L’imprimerie, oh ! Grand Joseph, nous rend les grands esprits effacés par la mort ; elle venge les injures des ans.
L’heure s’enfuit en fuite sans remords mais il faut la marquer d’un caillou blanc celle qui par l’étude rend plus fort.
Les Furies et les Peines 102 sonnets. NRF Poésie/Gallimard n°463. 2010. Traduction Jacques Ancet.
La Torre de Juan Abad, petit village au sud de la Manche, au nord de la Sierra Morena, où Quevedo avait une maison dans laquelle il venait fuir l’agitation de la Cour. C’est de là qu’il envoie ce sonnet à Josef Antonio González de Salas qui fait le commentaire suivant : « Quelques années avant son dernier emprisonnement (décembre 1639), il m’envoya cet excellent sonnet, depuis La Torre » (1637). Quevedo fut emprisonné quatre ans au couvent de San Marcos de Valladolid dans une cellule humide qui ruina sa santé. il était accusé d’écrire des libelles hostiles au gouvernement du comte-duc d’Olivarès, valido et ministre de Felipe IV, après l’avoir longuement soutenu. L’écrivain était aussi intervenu dans la polémique relative au choix d’un saint patron pour l’Espagne. Ses faveurs s’étaient portées vers Saint Jacques de Compostelle au détriment de sainte Thérèse d’Avila. Il sortit de prison diminué en 1644 et mourut en 1645.
Convento de San Marcos (Juan de Orozco iglesia, Martín de Villarreal fachada – Juan de Badajoz el Mozo claustro y sacristía) 1515-1716 (Photo :CFA). Aujourd’hui luxueux Parador National *****. “Entre juillet 1936 y 1940 camp de concentration pour 6700 prisonniers républicains : 791 fusillés, 1563 tués sommairement, 598 sans précision (exécutés, tués sommairement ou morts dans les camps).
De La Torre
Retiré dans la paix de ces doctes retraites, Avec un rare choix de bons livres anciens, Les morts ont avec moi d’infinis entretiens, Et j’écoute des yeux leurs paroles muettes.
Mal compris quelquefois, mais jamais oubliés, Ils donnent à mes soins le blâme ou l’espérance, Et dans des contrepoints d’harmonieux silence Au songe de la vie ils parlent éveillés.
La docte Imprimerie, ô grand Joseph, délivre Les grandes âmes que la mort tient dans la nuit, Et du temps outrageux les venge par le Livre.
Et si l’heure de l’homme, invincible, s’enfuit, Celle qu’un bon calcul persuade et conduit Par l’étude et par la leçon nous fait mieux vivre.
Dans Los nombres de Feliza (Alfaguara, 2025), la biographie romancée de Juan Gabriel Vásquez, un des personnages évoqués est Jorge Gaitán Durán.
Cet écrivain était un célèbre poète et journaliste colombien. Il faisait partie du groupe des Cuadernícolas avec Fernando Charry Lara, Álvaro Mutis, Rogelio Echavarría, Guillermo Payán Archer, Jaime Ibáñez, Maruja Vieira et Fernando Arbeláez.
Il fonda la revue Mito avec l’essayiste Hernando Valencia Goelkel (1928-2004). Entre mai 1955 et juin 1962, ils publièrent 42 numéros. Cette revue eut une grand influence sur la littérature colombienne. Elle publia, entre autres, des auteurs comme Alfonso Reyes, Gabriel García Márquez (Pas de lettre pour le colonel en 1958), Octavio Paz, Jorge Luis Borges, Julio Cortázar, Eduardo Cote Lamus, Carlos Fuentes, Alejandra Pizarnik.
Jorge Gaitán Durán participa au mouvement de la jeunesse colombienne favorable à la candidature du libéral Jorge Eliécer à la présidence de la République. Ce dernier fut assassiné le 9 avril 1948 à Bogotá.
Il voyagea en Europe en 1950 (France, Italie, Espagne, Belgique, Pays-bas, Union Soviétique) et en l’Asie (Chine). Pendant ces voyages, il rencontra Nazim Hikmet, José Manuel Caballero Bonald, Vicente Aleixandre, Mao Tse Toung. Il épousa Dina Moscovici qu’il connut en Italie. Leur fille, Paula, naquit à Paris en novembre 1952. Le couple divorça en 1958. Jorge Gaitán Durán vécut ensuite avec la sculptrice Feliza Bursztyn (1933-1982)
Ses écrits sur Sade en 1955 firent scandale dans son pays : Sade contemporáneo (Diálogo entre un sacerdote y un moribundo) et Monsieur Le Six – Marqués de Sade (préface de Gilbert Lely).
Il publia les œuvres poétiques suivantes :
1946 Insistencia en la tristeza. 1947 Presencia del hombre. 1951 Asombro. 1959 Amantes. 1962 Si mañana despierto (Anthologie)
Le 21 juin 1962, il mourut à 38 ans dans un accident d’avion. Le vol Air France 117 qui reliait Paris à Santiago via Lisbonne, Santa Maria (Açores), Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), Bogota et Lima s’écrasa lors de l’atterrissage en Guadeloupe sur le morne du Dos d’Âne à Deshaies. Bilan : 113 morts.
La revue Érudit (Volume 45, numéro 3 (261), septembre 2003, La poesía tiene la palabra) a publié deux poèmes traduits en français de cet auteur.
Se juntan desnudos (Jorge Gaitán Durán)
Dos cuerpos que se juntan desnudos Solos en la ciudad donde habitan los astros Inventan sin reposo al deseo. No se ven cuando se aman, bellos O atroces arden como dos mundos Que una vez cada mil años se cruzan en el cielo. Solo en la palabra, luna inútil, miramos Cómo nuestros cuerpos son cuando se abrazan, Se penetran, escupen, sangran, rocas que se destrozan, Estrellas enemigas, imperios que se afrentan. Se acarician efímeros entre mil soles Que se despedazan, se besan hasta el fondo, Saltan como dos delfines blancos en el día, Pasan como un solo incendio por la noche.
Amantes, 1959.
Unis dans la nudité
Deux corps nus qui s’entrelacent Seuls dans la ville habitée par les astres Sans repos ils inventent le désir. Sans se voir quand ils s’aiment, dans leur beauté Ou dans l’horreur, ils brûlent comme deux mondes Qui traversent le ciel une fois tous les mille ans. Seulement dans le mot, lune inutile, nous voyons Comment sont nos corps lorsqu’ils s’étreignent, Se pénètrent, crachent, saignent, des roches qui se fracassent. Étoiles ennemies, empires qui s’affrontent. Ils se caressent éphémères entre mille soleils Qui se déchirent, s’embrassent jusqu’aux abîmes. Sautent comme des dauphins blancs en plein jour. Ils passent comme un incendie seul au milieu de la nuit.
Amantes (Jorge Gaitan Duran)
Somos como son los que se aman. Al desnudarnos descubrimos dos monstruosos Desconocidos que se estrechan a tientas, Cicatrices con que el rencoroso deseo Señala a los que sin descanso se aman : El tedio, la sospecha que invencible nos ata En su red, como en la falta dos dioses adúlteros. Enamorados como dos locos, Dos astros sanguinarios, dos dinastías Que hambrientas se disputan un reino, Queremos ser justicia, nos acechamos féroces, Nos engañamos, nos inferimos las viles injurias Con que el cielo afrenta a los que se aman. Solo para que mil veces nos incendie El abrazo que en el mundo son los que se aman Mil veces morimos cada dia.
Amantes, 1959.
Amants
Nous sommes comme ceux qui s’aiment. Nous dénudant nous découvrons deux inconnus Monstrueux qui s’étreignent à tâtons. Cicatrices par lesquelles le désir rancunier Révèle ceux qui s’aiment sans repos : L’ennui, le soupçon qui invincible nous attrape Dans son filet, comme dans la faute deux dieux adultères. Amoureux comme deux fous, Deux astres sanguinaires, deux dynasties Qui affamées se disputent un règne, Nous voulons être la justice, nous nous harcelons féroces, Nous nous dupons, nous lançant de viles injures Avec lesquelles le ciel punit ceux qui s’aiment. Seulement pour que mille fois nous enflamme L’étreinte qui dans le monde est à ceux qui s’aiment Mille fois nous mourons chaque jour.
Je viens de terminer la lecture de la biographie romancée de Juan Gabriel Vásquez (Bogotá 1973), Los nombres de Feliza (Alfaguara, 2025). Elle sera publiée en France en 2026.
Je dois recommander aussi la lecture des autres romans et essais de cet auteur colombien : El ruido de las cosas al caer. Alfaguara, 2011. (Le Bruit des choses qui tombent. Seuil 2012 Points n°P3084, 2013.) Las reputaciones. Alfaguara, 2013. (Les Réputations, Seuil 2014 Points n°P4179, 2015.) La forma de las ruinas, Alfaguara, 2015. (Le Corps des ruines. Seuil, 2017. Points, 2018.) Volver la vista atrás. Alfaguara, 2020. (Une rétrospective. Seuil, 2022.) La traducción del mundo. Alfaguara, 2023. (La Traduction du monde, les conférences Weidenfeld. 2022. Seuil, 2025.
«…Nos embarcamos en ese impulso que siempre es imperfecto : la reconstrucción del pasado, ese lugar incómodo que sólo existe mientras lo contamos. » (page19)
« El mundo nos hiere, nos persigue, nos envilece, recordó Feliza: eran las palabras que Jorge le había dicho en otro avión, no llegando a Guadalupe sino alejándose de la isla, cuando los dos creían, como ángeles equivocados, que su destino común era la felicidad. » (page 151)
Juan Gabriel Vásquez.
Plaidoyer pour la fiction, avec Juan Gabriel Vásquez. Le Bookclub. France Culture. Mercredi 19 mars 2025.
” Dans son dernier essai, Juan Gabriel Vásquez défend la capacité du genre romanesque à “traduire” la complexité des vies humaines et à éclairer les zones d’ombre de l’Histoire. En convoquant Zadie Smith, García Márquez, Yourcenar et d’autres, l’auteur colombien livre un plaidoyer pour la fiction. “
Feliza Bursztyn: Datos que posiblemente no sabes de la escultora bogotana
Nació en 1933 en Bogotá y fue criada en una familia de orígen judío. A sus padres nunca les pareció infortunado el hecho de que ella quisiera dedicarse a algo tan liberal como era considerado el arte a mediados del siglo pasado.
En Estados Unidos estudió pintura en el Art Students League de Nueva York, y escultura en la Academie de la Grande Chaumière de París. Allá conoció al artista ruso Ossip Zadkine, con el que aprendió a hacer esculturas en barro y bronce.
Al caer la dictadura de Rojas Pinilla, Feliza regresó a Bogotá para continuar su carrera. Y cuando se dio cuenta de que los talleres de fundición eran escasos y los costos para trabajar el bronce eran altos, le quedaron dos opciones: o se cambiaba de país o trabajaba con los materiales que tuviera a su alcance. Así fue como se le ocurrió usar la chatarra como materia prima para crear esculturas sarcásticas, hermosas, con un alto valor estético, pero también con claras connotaciones agresivas y rudas.
Feliza trabajaba incansablemente. Nunca se supo si se demoraba más recorriendo a pie todas las chatarrerías de la ciudad o construyendo sus obras con lo que allí encontraba. Soldaba sola, usaba abrigos de piel mientras utilizaba los sopletes, destruía algunas obras para armar otras nuevas y su frase de batalla era “mientras los hombres se van de putas, yo me voy de talleres”.
En su selecto grupo de amigos se encontraban Gabriel García Márquez, Álvaro Cepeda Samudio, Marta Traba y Fanny Mickey.
Con Marta Traba se le ocurrió proyectar cortometrajes en sus exposiciones; por su personalidad transgresora fue que usó motores de tocadiscos para crear Las histéricas, esculturas con movimiento que chillan y se sacuden; gracias a su filosofía que consistía en que el espectador también puede aportarle a una obra hizo las Minimáquinas, pequeñas esculturas silenciosas y estáticas con palancas y botones que cambiaban su estructura original.
La tacharon de guerrillera, la detuvieron en una caballeriza y la obligaron a emigrar nuevamente para escapar de una persecución política durante el gobierno de Julio César Turbay Ayala. Al poco tiempo, con 49 años a cuestas, murió de un ataque cardiaco fulminante en un restaurante ruso en París ante la mirada estupefacta de Enrique Santos Calderón, María Teresa Rubino, Pablo Leyva, Mercedes Barcha y Gabriel García Márquez.
“Bursztyn fue importante porque hizo su arte de manera libre y comenzó la apertura de caminos que muchos artistas no se atrevían a recorrer. Se arriesgó a explorar materiales distintos a los clásicos, tenía una mirada diferente dentro del medio y a pesar de que su vida estuvo llena de dramas, siempre lució sonriente. Tal vez por eso su obra no contiene ese humor que genera un chiste, sino más bien un humor con una gran tristeza por debajo”, explicaron Camilo Leyva, Manuela Ochoa y Juan Carlos Osorio en una exposición póstuma de su obra en el Museo Nacional.
Gabriel García Márquez escribió en una columna en El País el 20 de enero de 1982 Los 166 días de Feliza.
El País, 20/01/1982
Los 166 días de Feliza (Gabriel García Márquez)
La escultora colombiana Feliza Bursztyn, exiliada en Francia, se murió de tristeza a las 10.15 de la noche del pasado viernes 8 de enero, en un restaurante de París. El diario El Tiempo, de Bogotá, dio la noticia en primera página en su edición del domingo. Y explicó a sus lectores, en tres líneas, por qué la escultora no estaba en Colombia: “Feliza había viajado hacía dos meses a París en compañía de su esposo, y antes había estado varias semanas en México”. Nada más. Pero al día siguiente apareció una nota editorial firmada con unas iniciales que coinciden con las del director del periódico, Hernando Santos, y en la cual se hacían dos preguntas sobre Feliza Bursztyri: “¿Por qué tuvo que irse? ¿Por qué fue víctima de un exilio incomprensible al cual hubiera podido escapar con dos sencillas palabras?”. Pero la nota no dice cuáles fueron esas palabras mágicas que acaso hubieran prolongado la vida…De méritos tan grandes como sus carcajadas, la amiga más querida de sus amigos de todas partes, que no sólo hubiera dicho dos palabras simples, sino cuantas fueran necesarias para volver al único país donde siempre quiso vivir. Si alguien le hubiera hecho la caridad de decírselas a tiempo, tal vez hubiera podido cumplir su deseo y ejercer su derecho de morirse en su cama de Bogotá, rodeada de sus poetas locos, y no tirada por los suelos en un restaurante tapizado de espejos, ante la tenacidad estéril de seis médicos bomberos que trataban de despertarla y el espanto de su esposo y cuatro amigos que la sabíamos muerta para siempre desde el primer instante.
Nadie sabe mejor que mi familia y yo cómo fue la vida de Feliza Bursztyn, minuto a minuto, en los 166 días de su exilio mortal. En nuestra casa de México, donde vivió casi tres meses desde que salió de Bogotá bajo la protección diplomática de la embajada mexicana, hasta cuando pudo viajar a París, no sólo tuvimos tiempo de sobra para hablar de su drama, sino que sólo pudimos hablar de eso, porque Feliza quedó en una especia de estupor de disco rayado que no le permitía hablar de otra cosa. Infinidad de veces, guiada por mi curiosidad invencible de periodista y escritor, me contó hasta los detalles más ínfimos de su mal recuerdo; llenamos juntos las grietas vacías, tratamos de entender lo incomprensible, ansiosos de tocar fondo en un misterio que no parecía tenerlo. En París, a donde llegamos el pasado octubre con muy pocos días de diferencia, nos seguimos viendo con frecuencia. De modo, que considero como un derecho, e inclusive como un deber de sanidad social, que sea yo quien trate de dar respuesta Pública a las dos preguntas de H. S., aunque sólo sea para que sus Iectores no sucumban también en la peste del olvido.
Feliza Bursztyn tuvo que escapar de Colombia -como hubiera podido hacerlo el protagonista de El proceso, de Franz Kafka- para no ser encarcelada por un delito que nunca le fue revelado. El viernes 24 de julio de 1981 una patrulla de militares al mando de un teniente se presentó a su casa de Bogotá a las cuatro de la madrugada. Todos vestían de civil, con ruanas largas, debajo de las cuales llevaban escondidas las metralletas, y estaban autorizados por una orden de allanamiento de un juez militar. Su comportamiento fue correcto, amable inclusive, y la requisa que hicieron de la casa duró casi cuatro horas, pero fue más ritual que minuciosa. Feliza y su esposo, Pablo Leyva, tuvieron la impresión de que eran unos muchachos inexpertos que no sabían lo que buscaban ni tenían demasiado interés en encontrarlo. Lo único que registraron a fondo fue la cama matrimonial, hasta el extremo de que la desarmaron y la volvieron a armar. “Tal vez buscaban mis polvos perdidos”, comentó más tarde Feliza con su humor bárbaro. Otra cosa que les llamó la atención fue una caja de fotografías que Feliza había llevado de La Habana, pocos días antes, a donde había viajado para asistir a una exposición de sus obras en la Casa de las Américas. Eran las fotos de una exposición colectiva de fotógrafos colombianos que se había realizado en La Habana el año anterior, también bajo el patrocinio de la Embajada de Colombia en Cuba, y con asistencia de sus funcionarios. La Casa de las Américas le había pedido a Feliza el favor de que las devolviera a sus autores, cuyos nombres y direcciones estaban escritos al dorso de cada foto. Los soldados les echaron una ojeada superficial a casi un centenar y pusieron aparte tres, que se llevaron. Feliza, que ni siquiera había tenido tiempo de abrir el paquete, no pudo ver muy bien qué fotos eran, pero le pareció que alguna la había visto publicada en la Prensa de Colombia. También se llevaron una pistola Beretta inservible que un amigo le había regalado a Feliza en 1964, en una época en que vivía sola en Bogotá, pues todavía no se había casado con Pablo Leyva. “No me atreví ni a tocarla nunca”, me dijo Feliza, “por temor de sacarme un ojo”. Fue todo cuanto se llevaron. Es cierto que Feliza no encontró después dos cadenas y tres anillos que había puesto en su mesa de noche antes de dormirse, y que eran las únicas cosas de oro, pero también las que costaban menos en su paraíso de chatarra. Pero siempre insistió, con su buena fe inquebrantable, que no podía suponer algo que no había visto.
Terminada la requisa, Feliza fue llevada, sin su esposo, a las caballerizas de la Brigada de Institutos Militares. Permaneció sentada, sin comer ni beber, durante las once horas del interrogatorio. Le vendaron los ojos y le pegaron en el pecho una banda adhesiva con su número de presidiaria: 5. Ese parche, con ese número, está todavía pegado en la pared de la cocina en su casa de Bogotá . Siempre insistió en que la trataron con mucha corrección, que le pidieron excusas por tener que vendarla, y que ninguna de las incontables preguntas le permitió vislumbrar de qué la acusaban. Se lo preguntó a uno de sus interrogadores invisibles, y éste le dio una respuesta deslumbrante: -Lo vamos a saber ahora por lo que usted nos diga.
Es sorprendente que hubiera resistido aquella prueba con tanta fortaleza, porque Feliza tenía una limitación pulmonar muy seria, debido a las sustancias tóxicas con que trabajaba, y además una lesión de la columna vertebral de la que no se recuperó nunca. Pero no perdió el sentido del humor en ningún momento de aquellas once horas desgraciadas de nuestra historia patria.
Le preguntaron si conocía a algún escritor, y contestó que sí: a Hernando Valencia Goelkel. Le preguntaron si no conocía a otros, y contestó que sí, pero que no los mencionaba porque eran muy malos escritores. Le preguntaron si no temía que la violaran, y contestó que no, porque toda mujer casada está acostumbrada a que la violen todas las noches. Sin embargo, los, distintos interrogadores que nunca pudo ver coincidieron en poner en duda su nacionalidad colombiana. Nunca, en las horas interminables de su exilio, Feliza pareció olvidar que alguien en su propio país le hiciera esa ofensa. “Soy más colombiana que el presidente de la República”, solía decir en sus últimos días. Más aún: mucho antes de que tuviera que abandonar a Colombia, una revista les preguntó a varios artistas colombianos en qué ciudad del mundo querían vivir, y Feliza fue la única que contestó: “En Bogotá”.
Dos días después del interrogatorio, cuando ya se consideraba a salvo de toda sospecha, Feliza fue citada por un juez militar, que la acusó de tener en su casa un arma sin licencia. El juez le mostró la disposición según la cual aquel delito tenía prevista una pena de cinco años de cárcel. Le hizo firmar una notificación, la citó para dos días más tarde y le advirti6que no podía moverse de Bogotá. Dos días después, con todo el dolor de su alma, se asiló en la sede de la Embajada de México.
No es comprensible, pues, que alguien se pregunte ahora por qué se fue Feliza de Colombia.
El mismo Hernando Santos, que fue uno de sus amigos más queridos, tuvo la entereza de llamar por teléfono al ministro de la Defensa, general Camacho Leyva, para interceder en favor de ella, cuando todavía estaba detenida. El general le contestó que no podía hacer nada, porque había contra Feliza una denuncia concreta. Pocos días después, sin embargo, cuando todavía Feliza estaba asilada en la Embajada de México, la Cancillería colombiana dijo, en un comunicado oficial, que no había ningún cargo contra ella, que podía viajar sin salvoconducto a donde quisiera y volver a Colombia con toda libertad. Pero otros días más tarde, el redactor de asuntos militares de El Espectador, de Bogotá, publicó una declaración muy explícita de un alto oficial de las Fuerzas Armadas de Colombia, que nunca se identificó, pero que tampoco ha sido desmentido por nadie. Este militar sin nombre afirmaba tener pruebas de que Feliza Bursztyn era correo, entre los dirigentes cubanos y el M-19, pero que se le había tratado con la mayor consideración por ser mujer y artista. Otras gestiones que amigos de Feliza han hecho después ante autoridades militares han recibido la misma respuesta. Es alarmante, pero ya se sabe: en Colombia, los militares guardan secretos que las autoridades civiles no conocen.
Feliza no estaba en París por placer. Su propósito original era viajar a Estados Unidos, donde viven sus tres hijas, su hermana y su madre, todas ellas de nacionalidad norteamericana. Pero el consulado de Estados Unidos en México, después de consultarlo con el de Bogotá, le negó la visa. Amigos de Feliza le consiguieron entonces, con el Ministerio de Cultura de Francia, una beca de duración indefinida, con un estudio para que siguiera haciendo sus chatarras, y tarjeta de la Seguridad Social para que se vigilara mejor su mala salud. En París la encontró su esposo apenas diez días antes de su muerte, cuando vino de Bogotá a pasar Con ella el último año nuevo de su vida.
La mujer que Pablo Leyva encontró en París no era la misma que había despedido en Bogotá. Estaba atónita y distante, y su risa explosiva y deslenguada se había apagado para siempre. Sin embargo, un examen médico muy completo había establecido que no tenía nada más que un agotamiento general, que es el nombre científico de la tristeza. El viernes 8 de enero, a nuestro regreso de Barcelona, Mercedes y yo los invitamos a cenar, junto con Enrique Santos Calderón y su esposa, María Teresa. Era una noche glacial de este invierno feroz y triste, y había rastros de nieve congelada en la calle, pero todos quisimos irnos caminando hasta un restaurante cercano. Feliza, sentada a mi izquierda, no había acabado de leer la carta para ordenar la cena, cuando inclinó la cabeza sobre la mesa, muy despacio, sin un suspiro, sin una palabra ni una expresión de dolor, y murió en el instante. Se murió sin saber siquiera por qué, ni qué era lo que había, hecho para morirse así, ni cuáles eran las dos palabras sencillas que hubiera podido decir para no haberse muerto tan lejos de su casa.
Untitled, issu de la série Las Histéricas [Les Hystériques], 1968, chutes d’acier inoxydable.Untitled, Minimáquinas [Minimachines], 1973, pièces de métal de machine à écrire.
Malaga commémore le centenaire de l’imprimerie Sur, fondée en octobre 1925 par le poète Emilio Prados (1899-1962). Il collabora avec Manuel Altolaguirre (1905-1959) et plus tard brièvement avec José María Hinojosa (1904-1936).
Du 6 mars au 23 mai 2025, une exposition célèbre ce centenaire au centre culturel María Victoria Atencia de Malaga (Calle Ollerías, 34) : Imprenta Sur (1925-2025). Cien años, Cien objetos. Le commissaire de l’exposition est Rafael Inglada.
Jardin vertical. Place Pepe Mena. Malaga.
On peut voir dans deux salles des dessins, des photographies, des machines d’imprimerie d’époque, des objets personnels et bien sûr des éditions de Sur et de Litoral. Cette mythique revue fut remplacée en 1937, après l’occupation de la ville par les troupes franquistes, par Dardo.
Des œuvres d’Emilio Prados (Tiempo), Federico García Lorca (Canciones), Luis Cernuda (Perfil del aire) Rafael Alberti, Juan Gris ou Pablo Picasso furent imprimées là. Dans la revue Litoral, créée une année plus tard, en 1926, publièrent entre autres Juan Ramón Jiménez, Jorge Guillén, José Bergamín, Gerardo Diego, Federico García Lorca, Rafael Alberti, Luis Cernuda, Vicente Aleixandre, Salvador Dalí, Juan Gris, Manuel de Falla. Le peintre María Ángeles Ortiz conçut la première page de cette magnifique revue. Son poisson devint un des symboles de la Génération de 1927.
Premier numéro de la revue Litoral. 1926. Dessin de María Ángeles Ortiz.
L’imprimerie s’ installa d’abord Calle Tomás Heredia, n°24, puis Calle de San Lorenzo, n°12.
Manuel Altolaguirre l’évoqua ainsi : « …Nuestra imprenta tenía forma de barco, con sus barandas, salvavidas, faroles, vigas de azul y blanco, cartas marítimas, cajas de galletas y vino para los naufragios. Era una imprenta llena de aprendices, uno manco, aprendices como grumetes, que llenaban de alegría el pequeño taller, que tenía flores, cuadros de Picasso, música de don Manuel de Falla, libros de Juan Ramón Jiménez en los estantes. Imprenta alegre como un circo […]. Entre otras cosas, teníamos en un rincón una escafandra de buzo y en la vitrina una mano de madera articulada, de las que sirven para agrandar los guantes. Son recuerdos prosaicos. Pero la imprenta era un verdadero rincón de poesía. Con muy pocas máquinas, con muchos sillones, con más conversación que trabajo, casi siempre desinteresado, artístico, porque Emilio era y es el hombre más generoso del mundo. »
Antigua Imprenta Sur. Málaga.
L’imprimerie Sur fonctionne toujours grâce à une famille d’imprimeurs, les Andrade, bien qu’elle ait connu de nombreuses vicissitudes. Elle est gérée depuis 2000 par le Centro Generación del 27 de la Diputación de Málaga. De même, la revue Litoral a pu réapparaître à Torremolinos en 1968 grâce à José María Amado et à la société Revista Litoral, S.A. Son directeur actuel est le peintre Lorenzo Saval Prados et sa directrice adjointe María José Amado, son épouse.
Revista Litoral. S.A. Ediciones Litoral. Urbanización La Roca, Local 8. 29620 Torremolinos Málaga. litoral@edicioneslitoral.com [+34] 952 388 257