
Concha Méndez est une personnalité très originale de la Génération de 1927 : championne de natation, poète, autrice dramatique, scénariste, éditrice, imprimeuse, vendeuse de livres etc.
Elle est l’aînée d’une très riche famille madrilène de 11 enfants. Elle fait des études dans un école française, mais jusqu’à quatorze ans seulement. Ses parents l’empêchent de suivre des études supérieures.
Elle passe ses étés à Saint-Sébastien et y rencontre Luis Buñuel. Elle est sa fiancée jusqu’au départ de celui-ci pour Paris (1919-1926).
Á partir de 1926, elle devient l’amie de Federico García Lorca, Rafael Alberti, Luis Cernuda, Maruja Mallo, María Zambrano. Elle participe à la fondation du Lyceum Club Femenino, dirigée par María de Maeztu et fait partie des créatrices surnommées Las Sinsombrero qui s’opposent aux règles misogynes de la société de son époque.
Ses relations avec ses parents sont conflictuelles. Elle s’enfuit de la maison paternelle en 1929 et séjourne à Londres, Montevideo, Buenos Aires.
Elle rentre en 1932 en Espagne et Federico García Lorca la présente au poète et imprimeur Manuel Altolaguirre qui l’épouse le 5 juin 1932. Leurs témoins : Juan Ramón Jiménez, Luis Cernuda, Federico García Lorca, Vicente Aleixandre et Jorge Guillén.

Ils ouvrent ensemble dans leur appartement de Madrid (calle Viriato,7) une petite maison d’imprimerie qui édite les livres de leurs amis (Editorial La Tentativa Poética), et la revue Héroe. Ils impriment aussi Caballo Verde para la Poesía que dirige Pablo Neruda.
Grâce à une bourse de la Junta de Ampliación de Estudios, ils vivent deux ans à Londres et rentrent en Espagne en 1935. Ils ont une fille Paloma. En 1933 ils avaient perdu un premier enfant, Juan, à la naissance.
Quand éclate la Guerre civile, angoissée pour le sort de sa fille, Concha Méndez quitte le pays et séjourne avec elle en Angleterre, en Belgique et en France. Elle rejoint son mari à Barcelone en 1938. Ils collaborent à la revue culturelle la plus importante de l’Espagne républicaine, Hora de España.
Avec sa famille, elle s’exile en France en 1939, où ils sont accueillis par Paul et Nusch Éluard. Ils résident quatre ans à La Havane (Cuba) où ils gèrent l’Imprimerie La Verónica, puis s’installent au Mexique en 1944.
Manuel Altolaguirre la quitte pour la cubaine María Luisa Gómez Mena. Ils mourront tous deux dans un accident de voiture en juillet 1959 près de Burgos alors qu’ils revenaient du festival de cinéma de Saint-Sébastien.
Concha Méndez revient à trois reprises pour des visites ponctuelles en Espagne mais n’y résidera plus. Elle meurt dans sa maison de México à 86 ans.
En 1991, Ses mémoires (Memorias habladas, memorias armadas) furent publiées à partir de vingt-huit heures d’enregistrements réalisés par sa petite-fille Paloma Ulacia Altolaguirre.

Oeuvres :
1926 Inquietudes: poemas. Madrid.
1928 Surtidor : poesías. Madrid.
1930 Canciones de mar y tierra. Buenos Aires.
1931 El personaje presentido y El ángel cartero. Madrid. Théâtre.
1932 Vida a vida. Madrid.
1935 El carbón y la rosa. Madrid. Théâtre.
1936 Niño y sombras. Madrid.
1939 Lluvias enlazadas. La Habana.
1944 Poemas. Sueños y sombras. Ciudad de México.
Villancicos de Navidad. Ciudad de México.
El Solitario. Misterio en tres actos.
1976 Antología poética. Ciudad de México.
1979 Vida a vida y Vida a río. Madrid.
1981 Entre el soñar y el vivir. Ciudad de México.
1990 Memorias habladas, memorias armadas. Madrid.
1995 Poemas (1926-1986). Madrid.
2008 Con el alma en vilo. Málaga.
2009 Poesía completa. Málaga.
J’ai choisi quatre poèmes lus dans l’anthologie préparée par James Valender pour la maison d’édition de Séville Renacimiento.

No vengas
No vengas, Muerte, todavía,
que aún tengo que tejer la larga escala
que ha de subirme allá donde deseo;
debo cumplir mi dharma,
hacer, hacer, hacer las cosas que aquí debo.
Porque tengo una deuda
para conmigo misma.
Vine para algo más que para pasar como sombra.
Dentro de mí una luz quiere salir afuera.
No vengas todavía, dale tiempo a mi tiempo
Entre el soñar y el vivir, 1981.
Ne viens pas
Ne viens pas, Mort, pas encore,
j’ai encore à tisser la grande échelle
qui va me hisser là où j’aspire ;
je dois accomplir mon dharma,
faire, faire, faire les choses que je dois ici-bas.
Parce que j’ai une dette
envers moi-même.
Je vins pour un peu plus que passer comme une ombre.
Au-dedans de moi une lumière veut sortir au-dehors.
Ne viens pas encore, donne du temps à mon temps.
Los caminos del alma / Les chemins de l’âme (Paradigme, 2017) – Traduit de l’espagnol par Jeanne Marie.
Al nacer cada mañana
A Maruja Mallo
Al nacer cada mañana,
me pongo un corazón nuevo
que me entra por la ventana.
Un arcángel me lo trae
engarzado en una espada,
entre lluvia de luceros
y de rosas incendiadas,
y de peces voladores
de crista picos y alas.
Me prendo mi corazón
nuevo de cada mañana;
y al arcángel doy el viejo
en una carta lacrada.
Inquietudes. Madrid, 1926.
Quisiera tener varias sonrisas de recambio
Quisiera tener varias sonrisas de recambio
y un vasto repertorio de modos de expresarme.
O bien con la palabra, o bien con la manera,
buscar el hábil gesto que pudiera escudarme…
Y al igual que en el gesto buscar en la mentira
diferentes disfraces, bien vestir el engaño;
y poder, sin conciencia, ir haciendo a las gentes,
con sutil maniobra, la caricia del daño.
Yo quisiera ¡y no puedo! ser como son los otros,
los que pueblan el mundo y se llaman humanos:
siempre el beso en el labio, ocultando los hechos
y al final… el lavarse tan tranquilos las manos.
Bruselas, 1937.
Lluvias enlazadas. La Habana, 1939.
«Sobre la caliente arena»
Góngora
No es la planta del pie sino del alma
quien pisa ardiente arena del desierto
y así camina sin saber adónde,
acompañada sólo de los vientos.
Que todo es viento y pasa en esta vida ,
en huracanes, o con soplo leve,
mientras que ardiendo, resbalando arenas,
su paso sigue la que nos sostiene.
Barcelona, 1938.
Lluvias enlazadas. La Habana. 1939.
Recuerdos
Recuerdos que ya sois sombras,
no os apartéis de mí,
que recuerdo que se borra
es que perdió el existir.
Yo quiero guardarlos todos
a la luz de mi memoria,
que aquel que borra recuerdos
es como un ser sin historia.
Vida a vida y Vida a río. Madrid, 1979.
