Unica Zürn 1916 – 1970

Visite hier de l’exposition Unica Zürn avec J. On peut la voir jusqu’au 31 mai 2020 au Musée d’art et d’histoire de l’hôpital Sainte-Anne, 1 rue Cabanis, 75014-Paris. Du mercredi au dimanche de 14h à 19 h.

Cette exposition permet de mieux connaître cette artiste dont l’oeuvre est dispersée à travers le monde. Elle met en valeur surtout sa période de création lorsqu’elle se trouvait à l’hôpital Sainte-Anne. On peut voir 107 dessins, gouaches et aquarelles, plus une trentaine de documents, catalogues, lettres. On remarque la finesse de l’exécution du dessin et le caractère fantastique de l’ imagination d’Unica Zürn.

Unica Zürn

Cette artiste est née le 6 juillet à Berlin-Grunewald dans une famille bourgeoise. Son père et son beau-père furent membres du parti nazi. Elle travaille d’abord comme sténotypiste, puis comme scénariste et auteur de films publicitaires entre 1933 et 1942 pour l’Universum Film AG (UFA), instrument cinématographique du III ème Reich sous le contrôle de Goebbels à Berlin. Elle se marie en 1942 et a deux enfants (Katrin, née le 23 mai 1943, et Christian, né le 11 février 1945). Son frère Horst meurt en août 1944, près de Vitebsk. Elle divorce en 1949 et confie ses enfants à la garde du père. Elle vit d’abord avec le peintre et danseur Alexander Camaro, puis rencontre le peintre Hans Bellmer (1902-1975) en 1953. Elle vit dix ans avec lui dans un petit studio au premier étage du 88 rue Mouffetard àParis. Elle participe au mouvement surréaliste et est proche de Max Ernst, Man Ray, Jean Arp, Roberto Matta, Victor Brauner et Henri Michaux.

Unica Zurn a été internée à sept reprises entre 1960 et 1970 (soit 35 mois en dix ans): d’abord en 1960 à Berlin, puis à Sainte-Anne dans le service du Docteur Jean Delay du 26 septembre 1961 au 23 mars 1963. Elle fait d’autres séjours psychiatriques à La Rochelle, puis à Maison Blanche (Neuilly-sur-Marne) et enfin à la clinique psychiatrique du château de la Chesnaie de Chailles. Elle est aussi soignée par le Docteur Gaston Ferdière comme Antonin Artaud. Le 19 octobre 1970, lors d’une permission de sortie pour quelques jours, elle saute du sixième étage du domicile de Hans Bellmer, 4 rue de la Plaine à Paris.

Il ne faut pas oublier qu’elle a publié aussi deux œuvres de fiction:

  • L’Homme-Jasmin. Traduction Ruth Henry et Robert Valençay, avec une préface d’André Pieyre de Mandiargues, Paris, Gallimard, 1971; réédition Paris, Gallimard, collection «L’Imaginaire», 1999.
  • Sombre printemps. Traduction Ruth Henry et Robert Valençay, Paris, Belfond, 1971. Réédition Paris et Montréal, éditions Écriture, 1997. Collection de poche Motifs, 2003.

«Mon enfance est le bonheur de ma vie.

Ma jeunesse est le malheur de ma vie.»

5 réponses sur “Unica Zürn 1916 – 1970”

    1. J’ai beaucoup aimé. Unica Zurn donne deux versants de sa « maladie » : le versant idyllique. Elle évoque les agréments de sa maladie, le charme des hallucinations, le fait qu’avec cela elle ne s’ennuiera jamais, et comme elle se sent bien « chez elle » à Sainte-Anne…Mais il y a également le versant tragique : « Je suis une femme criminelle”. Vie sous le Troisième Reich. Famille nazie (père, beau-père) On retrouve souvent lors des hospitalisations une assimilation de l’hôpital à un camp d’extermination. Georges Perec connaissait très bien son oeuvre et l’a utilisée dans La vie mode d’emploi.

  1. Je précise ce que je te disais à propos du film “Les jeux de la comtesse Dolingen de Gratz”. Selon Wikipedia, il est adapté partiellement de “Sombre printemps”. Je l’ai vu il y a 40 ans à sa sortie. Il a un charme très singulier et mériterait une reprise. Sa réalisatrice, Catherine Binet, était la compagne de Georges Perec.

    1. Le Monde, 03/03/2006
      Catherine Binet, cinéaste (Jean-Luc-Douin)
      La réalisatrice des “Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz” est morte lundi 20 février à l’hôpital Cochin à Paris. Elle était âgée de 61 ans.
      La cinéaste Catherine Binet est morte lundi 20 février à l’hôpital Cochin à Paris. Elle était âgée de 61 ans.

      Née le 12 mars 1944 à Tours (Indre-et-Loire), Catherine Binet est monteuse lorsqu’elle cosigne Le Printemps (1970) avec Marcel Hanoun, une évocation de l’arrivée de la puberté pour une jeune fille.

      L’écrivain Georges Perec, son compagnon, l’aide à trouver le financement de son premier long métrage, Les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (1980). Elle s’y inspire de Sombre printemps, un récit de l’écrivain allemand Unica Zürn, compagne de Bellmer, qui signa ses livres plus ou moins autobiographiques entre les fréquents séjours que sa maladie mentale l’obligeait à faire dans des cliniques psychiatriques.

      Ce film déconcertant et raffiné, fantasmatique et littéraire, est hanté par une culture poétique, psychanalytique et surréaliste. Catherine Binet – par ailleurs amie de Man Ray, Meret Oppenheim, André Pieyre de Mandiargues – y entremêlait trois histoires : un collectionneur d’art assassine un voleur, son épouse se révolte contre lui, sa fille est bercée par les épouvantables contes que lui susurre sa nourrice, dont celui d’une comtesse suçant le sang d’un homme mourant de froid pour le sauver.

      Une bande sonore sophistiquée et obsédante, des images lyriques faisant un sort aux mains, au désir, à l’érotisme, à la folie : Les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz se révélèrent trop labyrinthiques pour toucher un public suffisamment nombreux.

      Catherine Binet ne réussit pas à réaliser son projet suivant, l’adaptation d’un texte édité par Michel Foucault, Herculine Barbin, dite Alexina B. (1978). Elle doit se contenter de signer des courts métrages sur l’art, Trompe-l’oeil (1982), Les Passages parisiens (1982), Jacques Carelman (1983), Hanae Mori, haute couture (1986)… et un documentaire sur Georges Perec (mort en 1982) : Te souviens-tu de Gaspard Winckler ?

      Catherine Binet restera l’auteur d’un seul film, prisé par les amateurs d’exubérances picturales, sur lequel Julio Cortazar avait écrit un texte enthousiaste.

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