Carlos Álvarez

Carlos Álvarez.

Carlos Álvarez Cruz est né le 27 décembre 1933 à Jérez de la Frontera (Cádiz). Son père, capitaine des Gardes d’Assaut, fut fusillé à Séville sur l’ordre du général rebelle Gonzalo Queipo de Llano (1875-1951). Celui-ci, responsable de l’exécution de 3 000 à 6 000 personnes après la prise de la ville par les franquistes, est encore enterré aujourd’hui dans la basilique de la Macarena à Séville.
En 1941, Carlos Álvarez s’installe avec sa famille à Madrid.
Il fait des études secondaires, puis devient employé de banque.
Militant du PCE (Partido Comunista de España), il est arrêté en avril 1957. Mis au secret et jugé pour propagande illégale, il bénéficie d’un non-lieu. Victime de la censure d’état, ses poèmes ne sont édités qu’au Danemark et en France.
Arrêté à nouveau en 1963 pour avoir publié dans la presse étrangère une lettre de protestation contre l’exécution du dirigeant communiste Julián Grimau, il est condamné en 1964, puis amnistié en 1965. Son premier livre paraît en Espagne en 1969. Le 20 novembre 1975, à la mort du général Franco, il purge à la prison de Carabanchel une condamnation de quatre ans et deux mois pour s’être montré solidaire avec les dirigeants du syndicat Comisiones Obreras, condamnés lors du procès 1001.
Il était rédacteur publicitaire. La maison d’édition Adeshoras a publié en 2016 Los sueños, el amor, las intenciones, son œuvre poétique complète en deux tomes.
Il est décédé à Madrid le 27 février 2022.

Guernica

Hoy ha llovido abril sobre mi sangre…
la guerra
dicen que terminó hace muchos años,
el paisaje
es aquí diferente:
tiene
sujeto a la maleza
el sombrío color de los mineros,
pero es verde el metal;
pasan los ríos
cansados del trabajo,
vestidos
con el traje común de las faenas;
nada
sugiere
la tarjeta postal para el disfrute
del que paga con marcos,
libras,
dólares…
Y porque ocurre
que el lunes era día veintiséis,
hoy miro al cielo,
escucho
si vuelven los aviones de Guernica,
si proyecta la cruz gamada el sol sobre los campos,
sobre este campo herido…
busco,
descubro en mis raíces,
encuentro
que también en Euzkadi está mi patria…
que también en Guernica está mi sangre…

Guernica

Aujourd’hui avril retentit dans mon sang…
On dit que la guerre est finie depuis longtemps,
et le paysage d’ici
est différent.
Dans ces broussailles
il a gardé
la couleur sombre des mineurs,
car le métal est vert.
Passent les rivières
fatiguées par le travail
et revêtues
des vêtements anonymes de l’effort.
Rien
ne suggère
la carte postale des vacances
de celui qui paie en marks,
en livres,
ou en dollars…
Tout est motivé par la date anniversaire,
un jeudi, le 26,
aussi, je regarde le ciel,
j’écoute
si les avions reviennent sur Guernica,
et si l’ombre de la croix gammée
ne plane pas sur les campagnes,
sur cette terre blessée…
Je cherche
et je découvre au plus profond de moi,
au fond de mes racines,
que ma patrie se nomme aussi Euzkadi,
et que mon sang est aussi à Guernica…

Traduction : Jacinto Luis Guereña.