Eugénio de Andrade II 1923 – 2005

Eugénio de Andrade.

II

O muro é branco
e bruscamente
sobre o branco do muro cai a noite.


Há uma cavalo próximo do silêncio,
uma pedra fria sobre a boca,
pedra cega de sono.


Amar-te-ia se viesses agora
ou inclinasses
o teu rosto sobre o meu tão puro
e tão perdido,
ó vida.

Matéria solar, 1980.

II

Le mur est blanc
et brusquement
sur le blanc du mur tombe la nuit.

Il y a un cheval proche du silence,
une pierre froide sur la bouche,
pierre aveuglée de sommeil.

Je t’aimerais si tu venais maintenant,
si tu penchais
ton visage sur le mien tellement pur
et tellement perdu,
ô vie.

Matière solaire, 1980.

(Traduction: Michel Chandeigne, Patrick Quillier, Maria Antónia Câmara Manuel)

VII

Conhecias o verâo pelo cheiro,
o silêncio antiquíssimo
do muro, o furor das cigarras,
inventavas a luz acidulada
a prumo, a sombra breve
onde o rapazito adormecera,
o brilho das espáduas.
E o que te cega, o sol da pele.

Matéria Sola, 1980

                 VII

Tu connaissais l’été à son odeur,
le silence très ancien
du mur, l’ardeur des cigales,
tu inventais la lumière acidulée
tombant à pic, l’ombre brève
où le gamin s’était endormi,
le brillant des épaules.
C’est ce qui t’aveugle, le soleil de la peau.

Matière solaire, 1980.

(Traduction: Michel Chandeigne, Patrick Quillier, Maria Antónia Câmara Manuel)

XXXVI

Pela manhâ de junho é que eu iria
pela última vez.
Iria sem saber onde a estrada leva.

E a sede.

Matéria solar, 1980

XXXVI

Par un matin de juin je m’en irai
pour la dernière fois.
Je m’en irai sans savoir où mène la route.

Ni la soif.

Matière solaire, 1980.

(Traduction: Michel Chandeigne, Patrick Quillier, Maria Antónia Câmara Manuel)

X

Essa mulher, a doce melancolia
dos seus ombros, canta.
O rumor
da sua voz entra-me pelo sono,
é muito antigo.
Traz o cheiro acidulado
da minha infância chapinhada ao sol.
O corpo leve quase de vidro.

O Peso da Sombra (1982)

X

Cette femme, la douce mélancolie
de ses épaules, chante.
La rumeur
de sa voix me pénètre en plein sommeil,
elle est très ancienne.
Et m’apporte l’odeur acidulée
de mon enfance s’ébrouant au soleil.
Le corps léger presque de verre.

Le poids de l’ombre, 1982

(Traduction: Michel Chandeigne, Patrick Quillier, Maria Antónia Câmara Manuel)

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