Rafael Alberti

Retrato de Rafael Alberti. (Gregorio Prieto) 1923. Valdepeñas (Ciudad Real) , Museo Gregorio Prieto.

Rafael Alberti est né le 16 décembre 1902 à El Puerto de Santa María (Cadix). Il est mort dans sa ville natale le 28 octobre 1999. Il fait partie de la génération de 1927. En 1917, sa famille s’installe à Madrid où son père est amené à travailler. Il doit s’éloigner avec regret de la baie de Cadix. Il se destine à la peinture, mais, à l’automne 1920, la maladie l’oblige à garder la chambre, puis à faire un séjour dans la Sierra de Guadarrama. Il découvre alors sa vocation poétique.  Il a 23 ans quand son premier recueil de poèmes, Marinero en tierra (Marin à terre), obtient le Prix national de Littérature. Dans le jury, figurent deux poètes : Antonio Machado et José Moreno Villa. Le montant du prix est de cinq mille pesetas. Une vraie fortune. Le recueil est publié à l’automne 1925 par la Biblioteca Nueva de Madrid. Juan Ramón Jiménez lui adresse une lettre enthousiaste le 31 mai 1925. (” Enhorabuena y gracias de su amigo y triple paisano: por tierra, mar y cielo del oeste andaluz, Juan Ramón. “) Il fréquente alors la Residencia de Estudiantes de Madrid et se lie d’amitié avec Federico García Lorca, Luis Buñuel, Pepín Bello et Salvador Dalí. Le premier cycle de sa poésie (Marinero en tierra, La amante, El alba del alhelí) se situe dans la tradition des recueils de chansons, mais sa position comme celle de Federico García Lorca, son ami et rival, est celle d’un poète d’avant-garde.

Sin título (Poniente). (Rafael Alberti). 1920. Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía.

1

El mar. La mar.
El mar. ¡Sólo la mar!

¿Por qué me trajiste, padre,
a la ciudad?

¿Por qué me desenterraste
del mar?

En sueños, la marejada
me tira del corazón.
Se lo quisiera llevar.

Padre, ¿por qué me trajiste
acá?

Marinero en tierra, 1924.

1

La mer. La mer.
La mer. Rien que la mer !

Pourquoi m’avoir emmené, père,
à la ville ?

Pourquoi m’avoir arraché, père,
à la mer ?

La houle, dans mes songes,
me tire par le coeur
comme pour l’entraîner.

Ô père, pourquoi donc m’avoir
emmené ?

Marin à terre, L’Amante et L’aube de la giroflée. 1985. Poésie Gallimard n°474. 2012. Traduction Claude Couffon.

19

Desde alta mar

No quiero barca, corazón barquero,
quiero ir andando por la mar al puerto.

¡Qué dulce el agua salada
con su salitre hecho cielo!
¡No quiero sandalias, no!
Quiero ir descalzo, barquero

No quiero barca, corazón barquero,
quiero ir andando por la mar al puerto.

Marinero en tierra, 1924.

19

Haute mer

Pas de barque, mon coeur pilote :
je veux aller à pied sur la mer jusqu’au port.

Quelle douceur a l’eau salée
dont le salpêtre s’est fait ciel !
Pas de sandales, non, mon coeur !
Je veux aller pieds nus, pilote.

Pas de barque, mon coeur pilote :
je veux aller à pied sur la mer jusqu’au port.

Marin à terre, L’Amante et L’aube de la giroflée. 1985. Poésie Gallimard n°474. 2012. Traduction Claude Couffon.

21

Siempre que sueño las playas,
las sueño solas, mi vida.
…Acaso algún marinero…
quizás alguna velilla
de algún remoto velero…

Marinero en tierra, 1924.

21

Chaque fois que je rêve aux plages,
je les rêve seules, ma vie.
… Avec peut-être un matelot …
aussi peut-être un petit foc,
lointain, au-dessus d’une coque …

Marin à terre, L’Amante et L’aube de la giroflée. 1985. Poésie Gallimard n°474. 2012. Traduction Claude Couffon.

Sin título (Un sol de agrias notas). (Rafael Alberti). 1920. Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía

31

A la sombra de una barca,
fuera de la mar, dormido.

Descalzo y el torso al aire.
Los hombros, contra la arena.

Y contra la arena el sueño,
a la sombra de una barca,
fuera de la mar, sin remos.

Marinero en tierra, 1924.

31

Á l’ombre d’une barque
hors de l’eau, endormi.

Pieds nus. Le torse au vent.
Épaules contre sable.

Contre sable, rêvant,
à l’ombre d’une barque,
hors de l’eau, et sans rames.

Marin à terre, L’Amante et L’aube de la giroflée. 1985. Poésie Gallimard n°474. 2012. Traduction Claude Couffon.

49

Murallas azules, olas,
del África, van y vienen.

Cuando van…
¡Ay, quién con ellas se fuera!

¡Ay, quién con ellas volviera!
Cuando vuelven…

Marinero en tierra, 1924.

49

Murailles bleues, les vagues,
d’Afrique, vont et viennent.

Quand elles vont…
Ah ! Qui ne les suivrait !

Ah ! Qui ne les suivrait !
Quand s’en reviennent…

Marin à terre, L’Amante et L’aube de la giroflée. 1985. Poésie Gallimard n°474. 2012. Traduction Claude Couffon.

60

Si yo nací campesino,
si yo nací marinero,
¿por qué me tenéis aquí,
si este aquí yo no lo quiero?

El mejor día, ciudad
a quien jamás he querido,
el mejor día -¡silencio! –
habré desaparecido.

Marinero en tierra, 1924.

60

Si je suis né homme des terres,
si je suis né homme de mer,
pourquoi me retenir ici,
si je n’aime pas cet ici ?

Mais un beau jour tu apprendras,
ville qui jamais ne m’as plu,
mais un beau jour tu apprendras
– silence ! – que j’ai disparu.

Marin à terre, L’Amante et L’aube de la giroflée. 1985. Poésie Gallimard n°474. 2012. Traduction Claude Couffon.

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