3 Billboards, les panneaux de la vengeance (Martin McDonagh)

Vu vendredi 2 mars à la Ferme du Buisson (Noisiel):

3 Billboards, les panneaux de la vengeance (2017) 1h55 Réal. et scén.: Martin McDonagh. Dir.photo: Ben Davis. Int.:Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, Abbie Cornish, Caleb Landry Jones, Zeljko Ivanek, John Hawkes, Clarke Peters, Lucas Hedges, Peter Dinklage, Sandy Martin, Christopher Berry, Amanda Warren, Kathryn Newton, Darrell Britt-Gibson, Malaya Rivera Drew, Samara Weaving.

Dans la ville d’Ebbing (Missouri), sept mois après le meurtre de sa fille, Mildred Hayes (Frances McDormand) décide d’agir car la police n’a obtenu aucun résultat. Elle loue trois panneaux publicitaires et fait inscrire: «Violée pendant son agonie», «Toujours aucune arrestation» et «Pourquoi, Chef Willougby?». William Willoughby (Woody Harrelson) est le chef respecté de la police de la petite ville, mais il est atteint d’un cancer en phase terminale. Dixon (Sam Rockwell) est un policier fruste, raciste et homophobe aux méthodes très brutales.

Ces trois personnages, tristes et contradictoires, sont très bien interprétés. Il y a de l’humanité dans chacun d’eux. La mort est omniprésente dans les films Mc Donagh. Il s’agit de la mort d’enfants ou ici de celle d’une jeune fille. La culpabilité est là aussi. Le personnage de Frances Mc Dormand est en guerre. Elle porte toujours le même uniforme et souvent le bandeau qui peut nous rappeler le personnage de Christopher Walken dans Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) (1978) de Michael Cimino. L’esprit des grands films américains des années 70 et 80 est présent.

Le film mêle violence brute et humour noir. Les personnages sont tous contradictoires, ambigus.  L’esprit de 3 Billboards, les panneaux de la vengeance est proche de celui des films des frères Coen. Il est difficile de ne pas penser à Frances Mc Dormand dans Fargo (1996). Il faut aussi se rappeler qu’elle est l’épouse de Joel Coen depuis 1984  et l’interprète de sept de ses films. Néanmoins, le metteur en scène britannique revendique davantage le modèle de la comédie noire de Billy Wilder.

Le film est plus inégal dans sa seconde partie et il tombe quelques fois dans la facilité quand il force un peu trop l’aspect humoristique. Pourtant, ce film se situe bien au-dessus des innombrables navets que produit régulièrement le cinéma américain actuel.

Le film est esthétiquement très soigné. La couleur rouge apparaît très souvent: vie-mort. L’Amérique profonde est bien rendue par la photographie du chef opérateur Ben Davis. Le film a été tourné en Caroline du Nord et non au Missouri. Une allusion est faite à l’extraordinaire romancière du Sud profond, Flannery O’Connor (1925-1964). John Huston adapta magnifiquement en 1979 La Sagesse dans le sang (Wide Blood). Titre du film de John Huston: Le Malin (Wide Blood)  avec Brad Dourif.

La musique, très soignée, contribue à créer une ambiance très américaine (chansons de Townes van Zandt et de Joan Baez) ou mélancolique (The last rose of summer interprétée par Renée Fleming)

https://www.youtube.com/watch?v=mv9UdtFepdY

Le réalisateur Martin Mc Donagh, né en 1970. est un dramaturge britannique d’origine irlandaise. Il a le sens du dialogue percutant. Ses pièces comme ses films créent un univers assez original.

Filmographie
2008: Bons baisers de Bruges (In Bruges).
2012: Sept psychopathes (Seven Psychopaths).
2017: Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri).

https://www.youtube.com/watch?v=wGsJM5-epN0