Miguel Hernández

Cancionero y romancero de ausencias (1938-1941). Publication posthume à Buenos Aires en 1958.

Miguel Hernández, après son arrestation à la frontière portugaise (Rosal de la Frontera) le 29 avril 1939, fut livré à la Guardia civil et emprisonné ensuite dans la prison madrilène de Torrijos du 15 mai au 15 septembre 1939.

Cette prison provinciale se trouvait au numéro 65 de la rue de Torrijos (aujourd’hui calle Conde de Peñalver n°53). 3000 personnes y étaient entassées alors.
Miguel Hernández se trouvait dans la quatrième galerie, première salle.

Il écrivit à sa femme, Josefina Manresa, le 12 septembre 1939:
“También paso mis buenos ratos espulgándome, que familia menuda no me falta nunca, y a veces la crío robusta y grande como el garbanzo. Todo se acabará a fuerza de uña y paciencia, o ellos, los piojos, acabarán conmigo. Pero son demasiada poca cosa para mí, tan valiente como siempre, y aunque fueran como elefantes esos bichos que quieren llevarse mi sangre, los haría desaparecer del mapa de mi cuerpo. ¡Pobre cuerpo! Entre sarna, piojos, chinches y toda clase de animales, sin libertad, sin ti, Josefina, y sin ti, Manolillo de mi alma, no sabe a ratos qué postura tomar, y al fin toma la de la esperanza que no se pierde nunca.”

Les punitions pleuvaient: interdiction de lire, interdiction de jouer aux échecs, interdiction de se doucher. Le poète fut puni plusieurs fois. On lui rasa les cheveux. Il dut balayer la galerie et la cour pendant une semaine parce qu’il n’avait pas chanté correctement l’hymne franquiste, le Cara al sol, ce que les prisonniers devaient faire trois fois par jour.

Pendant cette période, il dessinait la nuit et écrivit de nombreux poèmes: par exemple Nanas de la cebolla et Ascensión de la escoba.

Ascensión de la escoba

Coronada la escoba de laurel, mirto, rosa,
es el héroe entre aquellos que afrontan la basura.
Para librar del polvo sin vuelo cada cosa
bajó, porque era palma y azul, desde la altura.

Su ardor de espada joven y alegre no reposa.
Delgada de ansiedad, pureza, sol, bravura,
azucena que barre sobre la misma fosa,
es cada vez más alta, más cálida, más pura.

¡Nunca! La escoba nunca será crucificada
porque la juventud propaga su esqueleto
que es una sola flauta, muda, pero sonora.

Es una sola lengua, sublime y acordada.
Y ante su aliento raudo se ausenta el polvo quieto,
y asciende una palmera, columna hacia la aurora.

Cárcel de Torrijos. Septiembre de 1939.

Cancionero y romancero de ausencias (1938-1941)

Ascension du balai

Le balai couronné de laurier, myrte, roses
Parmi tous les héros qui affrontent l’ordure
Pour libérer de la poussière toute chose
Est descendu de la hauteur, palme et azur.

Jeune épée guerroyant, jamais ne se repose,
Finesse, ardeur, innocence, soleil, bravoure,
Il est comme le lys et il nettoie la fosse,
Toujours plus élevé, plus chaleureux, plus pur.

Jamais le balai ne sera crucifié
car la jeunesse va, prodigue de ses os,
Flûte unanime de silence et de musique.

Langue sublime d’harmonie, souffle puissant,
Devant eux toute boue retourne à son néant
Et le balai s’envole, colonne, vers l’aurore.

Prison de Torrijos, septembre 1939.

Traduction Marie Chevallier.

Madrid, Fundación Fausta Elorz (Daniel Zavala Álvarez) . 1910-14. Antigua cárcel de Torrijos. Calle del Conde de Peñalver n°53.

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