Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire.

26 août 1880: Naissance à Rome de Guillaume Albert Vladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire, poète français né sujet polonais de l’Empire russe.

Il meurt à Paris le 9 novembre 1918 de «la grippe dite espagnole». Il est déclaré mort pour la France en raison de son engagement durant la guerre.

Au Panthéon, quatre panneaux portent le nom des 560 écrivains morts durant le conflit de 1914-1918. Guillaume Apollinaire figure dans la liste des écrivains morts sous les drapeaux.

La grippe de 1918, dite «grippe espagnole» avait pour origine la Chine (pour le « virus père») et les États-Unis (pour sa mutation génétique). Seule l’Espagne– non impliquée dans la Première Guerre mondiale– publia librement les informations relatives à cette épidémie. Elle est due à une souche (H1N1) particulièrement virulente et contagieuse de grippe qui s’est répandue en pandémie de 1918 à 1919. Elle a fait 50 millions de morts selon l’Institut Pasteur, et jusqu’à 100 millions selon certaines réévaluations récentes. Elle serait la pandémie la plus mortelle de l’histoire dans un laps de temps aussi court, devant les 34 millions de morts (estimation) de la peste noire.

1968-69: Poème étudié en classe de Terminale A2 au Lycée de Montgeron avec notre professeur de Philosophie, André Noiray.

La Chanson du mal-aimé (Guillaume Apollinaire)
    à Paul Léautaud

Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.

Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte

Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon

Oue tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d’Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n’es pas l’amour unique

Au tournant d’une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant

C’était son regard d’inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d’une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l’amour même

Lorsqu’il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d’un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu’il revînt

L’époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D’attente et d’amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle

J’ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux

Regrets sur quoi l’enfer se fonde
Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes voeux
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts les pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre

J’ai hiverné dans mon passé
Revienne le soleil de Pâques
Pour chauffer un coeur plus glacé
Que les quarante de Sébaste
Moins que ma vie martyrisés

Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir

Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s’éloigne
Avec celle que j’ai perdue
L’année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus

Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d’ahan
Ton cours vers d’autres nébuleuses

Je me souviens d’une autre année
C’était l’aube d’un jour d’avril
J’ai chanté ma joie bien-aimée
Chanté l’amour à voix virile
Au moment d’amour de l’année

Alcools, 1913.

Gilles Deleuze

Gille Deuze au miroir.

« La bêtise est une structure de la pensée comme telle : elle n’est pas une manière de se tromper, elle exprime en droit le non-sens dans la pensée. La bêtise n’est pas une erreur, mais un tissu d’erreurs. On connaît des pensées imbéciles, des discours imbéciles qui sont faits tout entiers de vérités ; mais ces vérités sont basses, sont celles d’une âme basse, lourde et de plomb. La bêtise et, plus profondément, ce dont elle est le symptôme : une manière basse de penser. […] Lorsque quelqu’un demande à quoi sert la philosophie, la réponse doit être agressive, puisque la question se veut ironique et mordante. La philosophie ne sert pas à l’État ni à l’église, qui ont d’autres soucis. Elle ne sert aucune puissance établie. La philosophie sert à attrister. Une philosophie qui n’attriste personne et ne contrarie personne n’est pas une philosophie. Elle sert à nuire à la bêtise, elle fait de la bêtise quelque chose de honteux. »
Nietzsche et la Philosophie, 1962.

Álvaro Mutis

Álvaro Mutis (Daniel Mordzinski) Biarritz 1995.

Nació en Bogotá el 25 de agosto de 1923. Falleció en Ciudad de México el 22 de septiembre de 2013. En 1956 se estableció en la capital mexicana.

“Soy un escéptico resignado. Pero en ese escepticismo cabe algunas veces la felicidad.”

“A mayor lucidez mayor desesperanza y a mayor desesperanza mayor posibilidad de ser lúcido.”

“El hombre es una especie que falló como especie, un ser dedicado a destruir el medio en que vive.”

“Aprendí a aceptar las cosas como se nos van presentando, a saber que nada finalmente es grave.”

“Que te acoja la muerte con todos tus sueños intactos.”

“El placer de escribir es encontrar a alguien que le recuerda a uno un personaje transitorio.”

Gabriel García Márquez
“Ocho libros en seis años. Basta leer una sola página de cualquiera de ellos para entenderlo todo: la obra completa de Álvaro Mutis, su vida misma, son las de un vidente que sabe a ciencia cierta que nunca volveremos a encontrar el paraíso perdido. Es decir: Maqroll no es él sólo, que como con tanta facilidad se dice. Maqroll somos todos”.

Mario Benedetti
“Mutis inventa a Maqroll el Gaviero como García Márquez a Macondo, Onetti a Santa María, Rulfo a Comala. Maqroll es también una región de lo imaginario, aunque creada mediante un habilísimo montaje de pequeñas y grandes realidades”.

La Nueve

Libération de Paris. La Nueve.

24 août 1944. Les éléments de la 2e DB du capitaine Dronne entrent dans Paris par la porte d’Italie et la porte d’Orléans. La 9 ème compagnie du régiment de marche du Tchad (surnommée la Nueve, car essentiellement constituée de républicains espagnols) est forte de 15 véhicules blindés (11 half-tracks, 4 véhicules accompagnés de 3 chars) et va se poster en renfort des FFI devant l’Hôtel de Ville, le 24 août 1944 à 21h22, pendant que les policiers parisiens actionnent le bourdon de Notre-Dame, malgré la garnison allemande encore puissante de 16 000 à 20 000 hommes; en attendant le gros de la 2e division blindée. Le soldat républicain espagnol Amado Granell est le premier «libérateur» à être reçu dans l’Hôtel de Ville par Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance.

Hoy, hace 74 años que los españoles republicanos integrantes de la 9.ª Compañía de la 2.ª División Blindada de la Francia Libre, popularmente conocida como La Nueve, liberaron París de la ocupación Nazi.
Dada su experiencia, eran la élite de las tropas de choque.

Amado Granell (1898-1972) pendant la guerre civile espagnole

Lucie Baud

Lucie Baud (1870-1913)

BAUD Lucie
Née le 23 février 1870 à Saint-Pierre-de-Mésage (Isère), morte le 7 mars 1913 à Tullins (Isère) ; ouvrière tisseuse en soierie ; militante syndicaliste de l’Isère ; auteure d’un récit sur la vie et les luttes de tisseuses de soie dans la région de Vizille.

Le film de Gérard Mordillat sur Lucie BAUD, Mélancolie ouvrière, sera présenté pour la première fois sur Arte vendredi soir 24 août, d’après l’étude de Michelle Perrot.

Fille d’un cultivateur et charron, et d’une ouvrière en soie, Lucie Baud avait commencé à travailler à l’âge de douze ans, en 1883, dans un tissage mécanique du Péage-de-Vizille (Isère), Durand frères – où était employée sa mère – puis à Vizille, au début de 1888. Elle se maria en octobre 1891 avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle (vingt ans de plus) qui fut garde champêtre. Un enfant naquit quatre mois plus tard, elle en eut deux autres dans les huit années qui suivirent ; le deuxième mourut à moins d’un an. Elle fut veuve à trente-et-un ans. En 1902, elle entra en contact avec des militants de la Bourse du Travail de Grenoble, créa avec leur aide un « Syndicat des ouvriers et ouvrières en soierie du canton de Vizille » et en devint secrétaire ; l’organisation éveilla un grand écho dans un prolétariat féminin qui, depuis une dizaine d’années, était soumis à un avilissement continu des salaires. Pendant toute l’année 1904, Lucie Baud organisa l’action pour s’opposer à de nouvelles baisses des prix de façon provoquées par l’introduction de mécaniques plus perfectionnées. En août, elle fut déléguée au sixième congrès national de l’industrie textile, à Reims (Marne) : sa participation y fut toute passive dans des assises qui n’abordèrent d’ailleurs pas la question du travail féminin, malgré sa présence au bureau des première et deuxième séances.
Au début de 1905, à la suite de l’annonce d’une diminution de 30 % à l’usine Duplan, Lucie Baud fit adopter le principe d’une grève et, après l’échec des négociations, le travail fut suspendu le 6 mars : deux cents ouvrières luttèrent pendant près de quatre mois, et ne reprirent le chemin des ateliers que le 30 juin, sur une solution de compromis. Lucie Baud avait conduit le combat, organisé des soupes communistes et des collectes dans les usines et pris des contacts pour susciter la solidarité. Le 1er mai notamment, elle avait été un des orateurs du meeting à Grenoble, avec Eugène David et Louis Ferrier, aux côtés d’Alexandre Luquet, délégué de la CGT, pour expliquer le sens de la lutte. Elle avait été à la tête de tous les cortèges, très imposants et, en avril, houleux et marqués par de violents incidents. Elle fut la première victime de la répression patronale, et renvoyée en même temps que cent cinquante de ses compagnes.
Avec la plupart d’entre elles, Lucie Baud partit pour Voiron (Isère) et y arriva en pleine agitation revendicative. Elle participa à la grève générale du printemps 1906, qui s’acheva sur un succès durable et amena une amélioration des conditions du travail féminin dans toute la région soyeuse du Dauphiné.
En septembre 1906, elle tenta de mettre fin à ses jours en se tirant trois coups de revolver dans la tête. Malgré la gravité de ses blessures, ses jours ne furent pas en danger. Dans des lettres, elle expliqua ce geste par des soucis de famille, mais on ne peut pas s’empêcher de le rapprocher de la dépression qui suivit les grands moments d’intensité des grèves.
Le syndicat qu’elle avait créé à Vizille survécut à son départ et, jusqu’en 1914, s’opposa victorieusement à l’action patronale. En juin 1908, Lucie Baud raconta sa vie et ses combats dans un article du Mouvement socialiste, de Hubert Lagardelle, qui est un tableau précieux de la condition ouvrière féminine dans l’Isère au début du XXe siècle.
ŒUVRE : « Les tisseuses de soie dans la région de Vizille », Le Mouvement socialiste, 15 juin 1908, repris dans Le Mouvement social, octobre-décembre 1978, et dans le livre de Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière, op. cit.

SOURCES et BIBLIOGRAPHIE : Arch. Dép. Isère, 52 M 76 et 166 M 9. — Madeleine Guilbert, Les Femmes et l’organisation syndicale avant 1914, Paris, 1966, p. 119, 306, 390 et 463. — Michelle Perrot, Mélancolie ouvrière ; Grasset, 2012.

ICONOGRAPHIE : Photo dans IHS CGT Rhône-Alpes, Cahiers d’histoire sociale, n° 79, 2007, p. 4.

(Yves Lequin. Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier. Le Maitron.)

https://www.arte.tv/fr/videos/073425-000-A/melancolie-ouvriere/

Jorge Luis Borges

Jorge Luis Borges jeune.

Jorge Luis Borges est né le 24 août 1899 à Buenos Aires. Il est mort le 14 juin 1986 à Genève. Il considérait Límites comme son meilleur poème.

“En mi opinión, pero no hay razón alguna para que la opinión del poeta valga más que la de los lectores, este poema es el mejor, o mejor dicho el menos malo de los míos.”

LÍMITES 

De estas calles que ahondan el poniente,
una habrá (no sé cuál) que he recorrido
ya por última vez, indiferente
y sin adivinarlo, sometido

a quién prefiera omnipotentes normas
y una secreta y rígida medida
a las sombras, los sueños y las formas
que destejen y tejen esta vida.

Si para todo hay término y hay tasa
y última vez y nunca más y olvido
¿quién nos dirá de quién, en esta casa,
sin saberlo, nos hemos despedido?

Tras el cristal ya gris la noche cesa
y del alto de libros que una trunca
sombra dilatada por la vaga mesa,
alguno habrá que no leeremos nunca.

Hay en el sur más de un portón gastado
con sus jarrones de mampostería
y tunas, que a mi paso está vedado
como si fuera una litografía.

Para siempre cerraste alguna puerta
y hay un espejo que se aguarda en vano;
la encrucijada te parece abierta
y la vigila, cuadrifronte, Jano.

Hay, entre todas tus memorias, una
que se ha perdido irreparablemente;
no te verán bajar a aquella fuente
ni el blanco sol ni la amarilla luna.

No volverá tu voz a lo que el persa
dijo en su lengua de aves y de rosas,
cuando el ocaso, ante la luz dispersa,
quieras decir inolvidables cosas.

¿Y el incesante Ródano y el lago,
todo ese ayer sobre el cual hoy me inclino?
Tan perdido estará como Cartago
que con fuego y con sal borró el latino.

Creo en el alba oír un atareado
rumor de multitudes que se alejan;
son los que me han querido y olvidado;
espacio y tiempo y Borges ya me dejan.

1964.

Jorge Luis Borges décoré de la Légion d’honneur par François Mitterrand à l’Élysée, le 19 janvier 1983.

Fernando Aramburu

Fernando Aramburu.

Après le succès de son roman Patria (750 000 exemplaires vendus, 29 éditions, traduit en plus de 10 langues, une série télévisée préparée par HBO España), Fernando Aramburu (Saint-Sébastien 1959), écrivain basque qui vit à Hanovre en Allemagne depuis plus de 30 ans,  a publié cette année un texte plus intime,  Autorretrato sin mí.  Aramburu, jeune, était poète. Il s’est écarté de la poésie, mais s’en rapproche par ce livre, composé de brefs et véritables poèmes en prose. C’est un livre sur la beauté, et particulièrement celle du castillan. Ce n’est pas un livre d’autofiction, mais c’est un livre de mémoires très humain, écrit avec ironie et pudeur. il rappelle l’enfant dans son quartier, la famille, la lecture, la découverte de la littérature,  les expériences, la femme, l’amour physique, le plaisir, la paternité, la solitude. Cet autoportrait sans moi est le portrait de chacun d’entre nous.

Le passage suivant se trouve pages 125 et 126.

La vida

Yo quisiera decir sencillamente esta mañana que me gusta la vida. Ni triste ni alegre, con un vaso vacío en la mano, tan sólo eso, aunque nadie me oiga, que estoy aquí tranquilo poniendo en orden las conchas que me salen del costado.

Digo, lo he dicho ya, lo diré mañana si amanece, con toda mi potente debilidad, que sí, que juzgo un hecho venturoso que haya nubes y libros y caras sonrientes, y que ahora mismo, desde el horno, se difunda por la casa el olor honrado del pan.

Me gusta la vida, qué se le va a hacer, desde la primera vez que la vi, cuando era chiquita, cuando ni puesta en pie me llegaba a la rodilla. Aquella vida gimiente y descalza que aún no conocía el óxido de los días acumulados. Aquella vida que todavía, de vez en cuando, levanta su pequeño sol en el recuerdo.

Y más tarde no digamos, joven y hermosa, pródiga en noches apasionadas, con aquella gracia incomparable que tenía al desvertirse en la luz modesta del cuarto de estudiante y cuando derramaba sus cabellos olorosos sobre mí antes de darse cálida y entera.

A veces mancha y duele la vida, y uno se retira en silencio a un rincón de su desgracia a esperar que la vida amaine y se enciendan de nuevo las horas azules del gozo. Y aún así, mira por dónde, me gusta la vida. Porque me tiene que gustar. Porque es lo único que hay y yo, a fuerza de vivir y compartir el aire con la gente, no sé qué otra cosa podría hacer sino sacarle gusto a la vida, a esta vida tantas veces malvada que te da un palazo por las buenas y se va.

Tusquets editores, 2018.

León Felipe

León Felipe

COMO TÚ… ( León Felipe 1884-1968 )

Así es mi vida,
piedra,
como tú. Como tú,
piedra pequeña;
como tú,
piedra ligera;
como tú,
canto que ruedas
por las calzadas
y por las veredas;
como tú,
guijarro humilde de las carreteras;
como tú,
que en días de tormenta
te hundes
en el cieno de la tierra
y luego
centelleas
bajo los cascos
y bajo las ruedas;
como tú, que no has servido
para ser ni piedra
de una lonja,
ni piedra de una audiencia,
ni piedra de un palacio,
ni piedra de una iglesia…
como tú,
piedra aventurera…
como tú,
que tal vez estás hecha
sólo para una honda…
piedra pequeña
y
ligera…

Versos y oraciones del caminante, Madrid, 1920.

Comme toi 

Ainsi est ma vie,
pierre,
comme toi. Comme toi,
petite pierre;
comme toi
pierre légère;
comme toi,
galet qui roule
sur les chemins
et les trottoirs;
comme toi,
humble caillou des routes;
comme toi
qui par les jours d’orage
t’aplatis
dans la boue de la terre
et puis
scintilles
sous les sabots
et sous les roues;
comme toi, qui n’as même pas servi
à être pierre
d’une halle de marché,
ni pierre d’un tribunal,
ni pierre d’un palais,
ni pierre d’une église;
comme toi,
pierre aventureuse;
comme toi
qui, peut-être, n’es faite
que pour une fronde,
pierre petite
et
légère…

Le poète espagnol León Felipe s’appelait en réalité Felipe Camino Galicia de la Rosa. Il est né à Tábara (Zamora) le 11 de abril de 1884 et est mort à Ciudad de México, le 18 de septiembre de 1968. Son père était notaire et l’obligea à faire des études de pharmacie. Sa vie fut aventureuse. Il s’occupa de plusieurs pharmacies dans différentes petites villes d’Espagne et fut aussi acteur d’une petite troupe de théâtre. Il passa même trois ans en prison, accusé d’escroquerie. Il partit une première fois d’Espagne pour vivre en Guinée Equatoriale, au Mexique et aux Etats-Unis et ne revint en Espagne que peu avant le début de la Guerre Civile. Militant de la cause républicaine, il partit définitivement au Mexique en 1938 comme conseiller culturel du Gouvernement de la République. On associe généralement sa poésie à celle de Walt Whitman, dont il fut le traducteur.

J’ai lu les poèmes de León Felipe dès 1969, lors de mon premier voyage à Madrid. Ses livres étaient alors interdits dans l’Espagne franquiste, mais on pouvait trouver l’Antología rota, publiée par Losada en Argentine en 1957, dans le quartier étudiant de Argüelles.

Plus tard, bien sûr, j’ai souvent écouté la version de ce poème mis en musique par Paco Ibáñez.

Il y a quelques jours, je suis tombé sur cette version du groupe Evoéh, tiré d’un disque de 2015 El poeta del viento: Homenaje a León Felipe.

https://www.youtube.com/watch?v=H2o9h1Wv46o

Zamora. Parque León Felipe. Homenaje en el centenario de su nacimiento (1984). Escultura de Baltasar Lobo.

C215 (Christian Guémy) – Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire. Paris V, 

Dans le parcours Illustres! C215 autour du Panthéon, on peut retrouver Guillaume Apollinaire 11 rue Champollion sur une porte du cinéma La Filmothèque du Quartier Latin et lire un de ses Poèmes à Lou.

Quatre jours mon amour (Guillaume Apollinaire).

C215 (Christian Guémy)

Mon voyage à Valparaíso au Chili en janvier 2018 m’a donné le goût du Street Art et depuis j’y suis plus attentif lors de mes promenades dans Paris.

Du 10 juillet au 8 octobre 2018, on peut suivre le parcours “Illustres ! C215 autour du Panthéon”

Dans la crypte du Panthéon, il est possible d’ observer de près les outils de travail et le processus de création de l’artiste urbain C215 (Christian Guéry né en 1973, actif depuis 2005) pour réaliser ses pochoirs. Ceux-ci sont réalisés à la main à partir des impressions photographiques, sans croquis préparatoire. Ils sont découpés au scalpel, scannés, agrandis puis archivés. Des livres, des lettres manuscrites, et des objets professionnels de Marie Curie, Germaine Tillion, André Malraux, Victor Hugo ou Antoine de Saint-Exupéry sont aussi exposés. Dans une interview filmée, l’artiste aborde son rapport au Panthéon, aux gloires de la nation, à la pratique des graffitis et aux messages que ces derniers véhiculent.

Ensuite, dans les rues du Ve arrondissement, on peut découvrir les portraits de 28 personnalités inhumées ou honorées au Panthéon. L’artiste C215 réussit à marquer la présence de personnages illustres dans la ville d’aujourd’hui avec des pochoirs très colorés. Les portraits graffés de 28 personnalités se retrouvent sur le mobilier urbain des rues du V arrondissement. Au détour d’une ruelle, sur une façade en briques ou sur le côté d’une boîte aux lettres, resurgissent ces illustres fantômes du passé.

«Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de rester dans le street art, dans la spontanéité des œuvres de la rue à taille humaine, qui sont périssables. Ce sont des choses qui surgissent tout à coup, qui n’étaient pas là hier. Il faut vite les prendre en photo avant leur disparition»

«Un graff fait la veille c’est du vandalisme, un graff fait il y a 2 000 ans c’est de l’Histoire.» pense Christian Guémy.

Le troisième volet ramène au Panthéon. Sur le trajet qui mène dans les hauteurs du monument, on peut voir des inscriptions mystérieuses. Le Panthéon abrite plusieurs milliers de graffitis. C’est l’occasion d’admirer la vue exceptionnelle à 360° et les messages qui s’inscrivent, plus ou moins lisibles. Inscriptions humoristiques, personnelles, érotiques ou politiques, elles racontent un morceau d’histoire du bâtiment, de sa construction à la Deuxième Guerre Mondiale.

Victor Hugo. Paris V, Rue Soufflot n°7. Boite à feux..JPG