Henri Matisse

Matisse. Cahiers d’art, le tournant des années 30. Exposition du 1 mars au 29 mai 2023 au Musée de l’Orangerie.

https://www.musee-orangerie.fr/fr/agenda/expositions/matisse-cahiers-dart-le-tournant-des-annees-30

Visite de l’exposition Matisse avec J. et P. le jour de l’ouverture. Le public était nombreux, à l’entrée et dans les premières salles. La deuxième salle a retenu particulièrement mon attention car elle évoque le voyage du peintre à Tahiti.

Fenêtre à Tahiti (Tahiti I). 1935. Nice, Musée Matisse.

Henri Matisse (1869-1954) fait ce voyage en 1930. Il a plus de 60 ans. Il recherche une autre lumière, un autre espace. Il écrit à Florent Fels : “J’irai vers les îles pour regarder sous les tropiques la nuit et la lumière de l’aube qui ont sans doute une autre densité. “Le peintre voyage peu d’habitude. Lorsqu’il part, c’est pour ressentir le monde et les êtres. Le voyage lui rend une forme de liberté, de nouveauté.

Il quitte Paris pour New York le 19 mars. Cette ville le fascine : « Si je n’avais pas l’habitude de suivre mes décisions jusqu’au bout, je n’irais pas plus loin que New York, tellement je trouve qu’ici c’est un nouveau monde : c’est grand et majestueux comme la mer – et en plus on sent l’effort humain. » (Pierre Schneider, Matisse, Paris, Flammarion, 1994)

Il traverse en train les États-Unis et embarque à San Francisco le 21 mars. Il arrive à Tahiti le 29 mars. Il s’installe à Papeete dans une chambre de l’hôtel Stuart, face au front de mer.

Il ne peint pas. Il se contente de dessiner et de prendre des photos. Il s’imprègne des lumières et observe la nature et les couleurs.

Pendant ce voyage, il rencontre le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau (1888-1931) qui filme Tabou. Matisse assistera à la projection du film l’année suivante.

https://www.youtube.com/watch?v=JRh60w9tzsU

Pendant ce séjour de trois mois, il visitera l’atoll d’Apataki et de Fakarava de l’archipel des Tuamotu. Il est de retour en France le 16 juillet 1930.

Il a engrangé des souvenirs et des sensations. Il est revenu avec de nouvelles lumières, de nouvelles formes qui resurgiront dans son art une dizaine d’années plus tard . Son trait s’est épuré. Il a obtenu une simplification progressive de la ligne. Aragon dira : « Sans Tahiti, Matisse ne serait pas Matisse ».

Fenêtre à Tahiti (Tahiti II). 1935-36. Le Cateau Cambrésis, Musée départemental Matisse.

« L’optimisme de Matisse, c’est le cadeau qu’il fait à notre monde malade, l’exemple à ceux-là donné qui se complaisent dans le tourment. »

Henri Matisse à Tahiti (Friedrich Wilhelm Murnau ?). 1930. Issy-les-Moulineaux, Archives Henri Matisse.

Luis García Montero – Antonio Machado

Aujourd’hui, Luis García Montero évoque dans Infolibre le printemps, la guerre et Antonio Machado…

https://www.infolibre.es/opinion/columnas/verso-libre/primavera_129_1436782.html

Le poète est mort en exil à Collioure (Pyrénées Orientales) le 22 février 1939 des suites d’une pneumonie. Il avait 64 ans.

García Montero renvoie dans cet article à un poème écrit par Machado pendant la Guerre Civile. Celui-ci vécut avec sa famille de novembre 1936 à avril 1938 Villa Amparo (Rocafort, petit village agricole qui se trouve à sept kilomètres de Valence), dans la Huerta. Il écrivit là de nombreux articles pour la presse et quelques poèmes au service de la cause républicaine.

Rocafort. Villa Amparo. Sculpture métallique qui représente le poète, inspirée par un dessin de Ramón Gaya.

La primavera (Antonio Machado)

Más fuerte que la guerra -espanto y grima-
cuando con torpe vuelo de avutarda
el ominoso trimotor se encima
y sobre el vano techo se retarda,

hoy tu alegre zalema el campo anima,
tu claro verde el chopo en yemas guarda.
Fundida irá la nieve de la cima
al hielo rojo de la tierra parda.

Mientras retumba el monte, el mar humea,
da la sirena el lúgubre alarido,
y en el azul el avión platea,

¡cuán agudo se filtra hasta mi oído,
niña inmortal, infatigable dea,
el agrio son de tu rabel florido!

Poesías de guerra. Ediciones Asomante, San Juan de Puerto Rico. 1961.

Le printemps

Plus fort que la guerre — angoisse et frayeur —
quand de son lourd vol d’échassier
monte dans le ciel le trimoteur funeste
et que sur le toit inutile il s’attarde,

aujourd’hui ton salut joyeux anime la campagne,
le peuplier dans ses bourgeons garde ton vert clair.
La neige des sommets, fondue, s’écoulera
vers la glace rouge des terres brunes.

Tandis que tonne la montagne, fume la mer,
la sirène lance son hurlement lugubre,
et l’avion dans l’azur scintille,

comme parvient, aigu, à mon oreille,
mon enfant immortelle, inlassable déesse,
l’aigre son de ton rebec fleuri !

Poésies de la guerre (1936-1939).

Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre. Traduction : Sylvie Léger et Bernard Sesé Paris, Gallimard, 1973 ; NRF Poésie/ Gallimard n°144.

J’ai relu un autre poème plus ancien qui parle aussi du printemps.

La primavera besaba (Antonio Machado)

La primavera besaba
suavemente la arboleda
y el verde nuevo brotaba
como una verde humareda.

Las nubes iban pasando
sobre el campo juvenil…
Yo vi en las hojas temblando
las frescas lluvias de abril.

Bajo ese almendro florido,
todo cargado de flor
-recordé-, yo he maldecido
mi juventud sin amor.

Hoy, en mitad de la vida.
me he parado a meditar…
¡Juventud nunca vivida,
quién te volviera a soñar!

Soledades, 1903.

Le printemps doucement (Antonio Machado)

Le printemps doucement
posait sur les arbres un baiser,
et le vert nouveau jaillissait
comme une verte fumée.

Les nuages passaient
sur la campagne juvénile…
J’ai vu sur les feuilles trembler
les fraîches pluies d’avril.

Dessous l’amandier fleuri,
tout chargé de fleurs,
— je m’en souviens —, j’ai maudit
ma jeunesse sans amour.

Aujourd’hui, au milieu de la vie,
je me suis arrêté pour méditer…
Oh ! jeunesse jamais vécue,
que ne puis-je encor te rêver !

Champs de Castille précédé de Solitudes, Galeries et autres poèmes et suivi de Poésies de la guerre. Traduction: Sylvie Léger et Bernard Sesé Paris, Gallimard, 1973; NRF Poésie/ Gallimard n°144.

Dessin de Ramón Gaya. Machado traversant la acequia de Montcada, près de Villa Amparo, Rocafort.

L’Affiche rouge

Le 21 février 1944, les membres du groupe FTP-MOI de Missak Manouchian sont fusillés au Mont Valérien

La liste suivante des 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les Allemands signale par la mention (AR) les dix membres que les Allemands ont fait figurer sur l’affiche rouge:
– Celestino Alfonso (AR), Espagnol, 27 ans.
– Olga Bancic, Roumaine, 32 ans (seule femme du groupe, décapitée en Allemagne le 10 mai 1944).
– Joseph Boczov (József Boczor; Wolff Ferenc) (AR), Hongrois, 38 ans, Ingénieur chimiste.
– Georges Cloarec, Français, 20 ans.
– Rino Della Negra, Italien, 19 ans.
– Thomas Elek (Elek Tamás), (AR) Hongrois, 18 ans. Étudiant.
– Maurice Fingercwajg (AR), Polonais, 19 ans.
– Spartaco Fontano (AR), Italien, 22 ans.
– Jonas Geduldig, Polonais, 26 ans.
– Emeric Glasz [Békés (Glass) Imre], Hongrois, 42 ans. Ouvrier métallurgiste.
– Léon Goldberg, Polonais, 19 ans.
– Szlama Grzywacz (AR), Polonais, 34 ans.
– Stanislas Kubacki, Polonais, 36 ans.
– Cesare Luccarini, Italien, 22 ans.
– Missak Manouchian (AR), Arménien, 37 ans.
– Armenak Arpen Manoukian, Arménien, 44 ans.
– Marcel Rajman (AR), Polonais, 21 ans.
– Roger Rouxel, Français, 18 ans.
– Antoine Salvadori, Italien, 24 ans.
– Willy Schapiro, Polonais, 29 ans.
– Amédéo Usséglio, Italien, 32 ans.
– Wolf Wajsbrot (AR), Polonais, 18 ans.
– Robert Witchitz (AR), Français, 19 ans.

Missak Manouchian était un héros de la résistance. Il a été exécuté il y a 79 ans. Nous sommes nombreux à le demander : il doit entrer entrer au Panthéon.

Le Groupe Manouchian, le 21 Février 1944

Joseph Epstein, dit Colonel Gilles, le supérieur hiérarchique de Missak Manouchian, est arrêté le même jour que lui lors d’un rendez-vous à la gare d’Evry-Petit-Bourg le 16 novembre 1943. Il est torturé pendant plusieurs mois, puis fusillé au fort du Mont-Valérien avec 28 autres résistants, le 11 avril 1944.

Raimon

Raimon. Barcelona, Poblenou. 1963. (Oriol Maspons 1928 – 2013)

Al vent (Al viento), c’est le titre d’une célèbre chanson de l’auteur-compositeur valencien Raimon (Ramón Pelegero Sanchis – Játiva, 1940). Elle a été composée en 1959 et enregistrée sur son premier disque Raimon: Al Vent, La Pedra, Som, A Cops en février 1963, il y a soixante ans. Cette chanson est devenue dans les années 60 et 70 le symbole de l’opposition au franquisme en Espagne. L’auteur tentait de transmettre les désirs de liberté de la jeunesse espagnole. Il a composé cette chanson lors d’un voyage en Vespa entre sa ville natale Játiva (Xàtiva) et Valence où il faisait des études d’histoire. Les paroles parlent de la recherche de la lumière, de la paix et de dieu avec une minuscule. Elle exprime l’esprit de liberté de la jeunesse. Il s’agit d’un cri, d’une proclamation reprise maintes fois par les jeunes espagnols dans les années 60 et 70. Elle a échappé à la censure car il s’agissait d’une chanson existentielle, et non directement politique comme plus tard Diguem no ou Jo vinc d’un silenci.

Concert de Raimon à l’ Université Complutense de Madrid. Faculté de sciences politiques et d’économie. 18 mai 1968. (Juan Santiso).

60 anys d’Al vent, La col·lecció d’art de Raimon i Annalisa, c’est le titre d’une exposition inaugurée le 16 février 2023 à la Casa de l’Ensenyança – Museu de Bellas Artes de Xàtiva. Elle durera jusqu’au 20 mars. C’est la première manifestation organisée par La Fundació Raimon i Annalisa, créée par le chanteur et son épouse pour mettre en valeur le legs de cet artiste. Les 62 oeuvres proposées proviennent de la collection du chanteur et de sa femme. Elles ont été créées par des artistes qui ont été le plus souvent des amis de l’auteur (Andreu Alfaro, Joan Miró, Artur Heras, Antoni Tàpies, Juan Genovés, Josep Guinovart, Manuel Boix, Josep Armengol, Eduardo Chillida, Julio González). Cette institution, Centro Raimon de Actividades Culturales – CRAC de Xàtiva, sera hébergée à l’avenir dans le monastère de Santa Clara de Játiva qui est en cours de restauration.

Al vent

Al vent

La cara al vent
El cor al vent
Les mans al vent
Els ulls al vent
Al vent del món
I tots
Tots plens de nit
Buscant la llum
Buscant la pau
Buscant a déu
Al vent del món

La vida ens dóna penes
Ja el nàixer és un gran plor
La vida pot ser eixe plor
Però nosaltres

Al vent
La cara al vent
El cor al vent
Les mans al vent
Els ulls al vent
Al vent del món

I tots
Tots plens de nit
Buscant la llum
Buscant la pau
Buscant a déu
Al vent del món
Buscant a déu
Al vent del món

https://www.youtube.com/watch?v=qHgaLK2c_6E

Logo de la fondation.

Carlos Saura 1932 – 2023

Carlos Saura, le dernier metteur en scène classique du cinéma espagnol, est mort le 10 février 2023 chez lui à Collado Mediano (Madrid) à 91 ans. Il était né à Huesca (Aragon) le 4 janvier 1932.

Je me souviens particulièrement de ses films des années 60 et 70.

1966 La caza.
1967 Peppermint frappé.
1969 La madriguera.
1970 El jardín de las delicias.
1973 Ana y los lobos.
1974 La prima Angélica.
1976 Cria cuervos.
1977 Elisa, vida mía.
1978 Los ojos vendados.
1979 Mamá cumple cien años.

C’était aussi un excellent photographe. Je me rappelle en 2017 une belle exposition de ses œuvres au Musée Cerralbo de Madrid, Carlos Saura. España años 50, dans le cadre du festival PhotoEspaña. On pouvait voir des photos de Madrid, Cuenca, Sanabria, des villages de Castille et de l’Andalousie de cette époque. Cette Espagne encore essentiellement rurale paraît loin de la réalité actuelle, mais nous l’avons connue enfant. Le regard de Carlos Saura fait preuve d’empathie envers ce peuple travailleur qui a subi les désastres de la Guerre Civile et une après-guerre interminable.

“ El fotógrafo es como un bacalao, que produce un montón de huevos para que madure uno solo ”.

Gustave Caillebotte 1848 -1894

La Partie de bateau ou Le Canotier au chapeau haut-de-forme (Gustave Caillebotte), vers 1877-1878. Paris, Musée d’Orsay.

Le tableau La Partie de bateau ou Le Canotier au chapeau haut-de-forme (vers 1877-1878) de Gustave Caillebotte (1848-1894), classée Trésor National en janvier 2020 par le Ministère de la Culture, est entrée officiellement le lundi 30 janvier 2023 dans les collections du Musée d’Orsay. L’achat à la famille de l’artiste a été rendu possible grâce au mécénat exclusif de LVMH qui, en échange, bénéficie d’un conséquent abattement fiscal. Le coût du tableau est de 43 millions d’euros alors que le budget d’acquisition du musée ne dépasse pas les 3 millions par an ! Le Musée d’Orsay organisera en 2024 une grande exposition dédiée au peintre impressionniste. Ce tableau avait été présenté en 1879 à la quatrième exposition impressionniste.

Les soleils, jardín du petit Genevilliers (Gustave Caillebotte), vers 1885. Paris, Musée d’Orsay.

De plus, Les Soleils, jardin du petit Genevilliers (vers 1885) de Gustave Caillebotte a été acquis par dation et entre aussi dans les collections du musée d’Orsay. Par son sujet, son cadrage et son format, cette vue du jardin de Gustave Caillebotte peinte au Petit Gennevilliers est l’une des plus ambitieuses et novatrices exécutées par l’artiste. Chef d’œuvre de la peinture impressionniste, il participe à la redéfinition du genre du paysage opéré par ces peintres, pour qui le jardin est un des sujets de prédilection.

Gustave Caillebotte, multimillionnaire à 30 ans, a été le principal mécène de ses amis. À sa mort à l’âge de 45 ans, il lègue à l’État une collection impressionniste exceptionnelle de 69 tableaux, dont une partie seulement est conservée par les autorités de l’époque, parce qu’ils ne sont pas encore appréciés à leur juste valeur – et par manque de place ! Il reste tout de même au Musée du Louvre et au Musée d’Orsay une quarantaine d’oeuvres qui proviennent du legs Caillebotte ( Le Moulin de la Galette d’Auguste Renoir ou La Gare Saint-Lazare de Claude Monet par exemple).

France télévisions (30/01/2023)

  • Franceinfo Culture : ce tableau est extraordinaire pour le musée d’Orsay, qui compte nombre de trésors impressionnistes. En quoi celui-ci est-il particulièrement émouvant à accrocher dans vos collections permanentes aujourd’hui ?
  • Paul Perrin, directeur des collections : Gustave Caillebotte est un artiste qui aujourd’hui est vraiment reconnu comme l’un des grands maîtres de la peinture impressionniste et en fait, les collections du musée d’Orsay ne sont pas si riches en chefs-d’œuvre du peintre. Vraiment, cela reste l’un des principaux axes d’acquisition du musée, d’enrichir notre collection en œuvres majeures de Caillebotte. Celle-ci fait partie d’un ensemble d’œuvres emblématiques parmi les plus créatives, les plus originales et les plus importantes de Caillebotte. Un ensemble d’œuvres qu’il peint à la fin des années 1870 qui ont pour thème le canotage, les loisirs, la baignade, le bateau sur des rivières, ici probablement l’Yerres. C’est vraiment un sujet que Caillebotte va s’approprier d’une manière totalement inédite, radicalement nouvelle, en proposant des cadrages vraiment très forts, très immersifs. On a dit à l’époque aussi qu’ils étaient très photographiques.
    Ces cadrages, Gustave Caillebotte est le seul à les proposer à ce moment-là dans la peinture de son temps.
  • Le regard du peintre est-il influencé par la photographie ?
  • Il y a en effet quelque chose dans ce tableau qui est de l’ordre de la saisie d’un instant. Et puis il y a également une franchise, presque une brutalité dans la manière dont il place le spectateur dans la scène au cœur du tableau, par un effet immersif qui est de couper les bords, les jambes, les rames, la barque, et de nous installer au centre du bateau comme si on était face à ce personnage et de l’installer au cœur du tableau face à nous sans aucun élément entre lui et nous. Gustave Caillebotte traite un sujet nouveau d’une manière neuve. C’est l’idée de faire fi de la tradition, de ne pas regarder le passé, et de proposer un cadrage qui corresponde à une manière de voir, à un regard moderne.
  • On a en effet vraiment l’impression d’être au cœur du tableau…
  • Oui, c’est quelque chose de très nouveau à ce moment-là, une manière de peindre qui a désarçonné les visiteurs qui ont vu ce tableau dans une exposition impressionniste. Les critiques, aussi, ont été très surpris par ce genre de cadrage, qui a ensuite été repris par la photographie et par le cinéma. La photographie et le cinéma ont beaucoup utilisé ces cadrages immersifs, en plans rapprochés, en gros plans presque, mais qui sont très nouveaux à ce moment-là en peinture.
  • Comment Caillebotte installe-t-il ce rapport de proximité avec le spectateur ?
  • Il installe un rapport extrêmement proche avec le spectateur, car cette figure est vraiment à quelques centimètres de nous, et cela, c’est quelque chose qu’on ne trouve pas dans la peinture de cette époque, cette manière de nous plonger au cœur de la scène et d’installer un rapport d’immédiateté du sujet dans l’œil du spectateur. Par ailleurs, si vous regardez la deuxième barque, en haut à droite, vous vous apercevez que c’est une réplique de celle dans laquelle vous vous trouvez. Vous vous projetez dans cette situation et imaginez donc que vous êtes à la place du passager.
  • Quelle est la spécificité de ce tableau dans l’histoire de la peinture 
  • C’est le sujet qui est éminemment moderne – les loisirs de la nouvelle société bourgeoise et urbaine, c’est vraiment typique de l’impressionnisme et Caillebotte est l’un de ceux qui va le plus s’intéresser à ces sujets neufs en peinture. Nous sommes à la fin des années 1870, il peint une dizaine d’œuvres sur ce thème, et celle-ci fait partie de ses œuvres les plus remarquables : elle est radicale et novatrice. C’est le moment où il est à l’apogée de son talent, et dans cet ensemble, la plupart des tableaux ont quitté la France, ils sont dans des grandes collections étrangères. Ce tableau-là, c’est vraiment l’un des chefs d’œuvre de cette série. Il était encore en France récemment et nous avons eu cette opportunité d’enrichir significativement les collections du musée avec cette œuvre qui est vraiment iconique, nous en sommes très heureux.
  • Gustave Caillebotte a t-il lancé une mode ?
  • Caillebotte est un artiste, comme l’ensemble du groupe impressionniste, qui va vraiment ouvrir la voie à une peinture nouvelle qui va s’inspirer d’abord des sujets qui vont devenir prédominants, des sujets tirés de la vie moderne, que les impressionnistes installent en peinture, et puis ses cadrages et ses couleurs sont spéciaux oui. Ce tableau montre comment Caillebotte fait entrer la lumière et la couleur du plein air dans sa peinture. Il saisit un instant, mais il donne aussi vraiment le sentiment d’être en extérieur, baigné d’une lumière naturelle, ce qui change de la peinture d’atelier qui se pratique communément alors. Beaucoup d’artistes vont reprendre ces procédés, que ce soit la peinture de plein air ou les sujets modernes, mais aussi le cadrage. On a un certain nombre d’artistes qui à la fin du XIXe siècle vont regarder les cadrages de Caillebotte, à la fois ses cadrages immersifs mais aussi ses points de vue un peu inattendus, comme depuis un balcon en regardant Paris par exemple, ou depuis les toits, les rues de Paris…
  • Et puis, il y a toujours le mystère de l’identité de cet homme ?
  • Totalement. C’est un tableau qui donne une place très importante à une figure, et normalement ce genre de tableau c’est plutôt des portraits, c’est-à-dire qu’on reconnaît les traits de quelqu’un. Or là, Caillebotte ne nous donne pas de clefs pour identifier cette figure. C’est plus une scène de la vie moderne qu’un portrait. On voit bien que c’est quelqu’un qui a des traits assez reconnaissables, mais on ne sait pas, encore aujourd’hui, qui est cet homme. On continue à chercher son identité… Cela nous intéresse parce que voyez-vous, c’est un homme de la ville, un citadin, probablement un parisien qui a gardé son chapeau haut de forme, son gilet, sa cravate, et qui vient se promener en barque en banlieue. C’est quelqu’un dont l’identité serait intéressante à connaître, parce qu’il est très emblématique de la modernité et de Caillebotte lui-même, ce parisien qui se passionne pour les frégates, l’aviron, le bateau, et tous ces loisirs. Il y a plusieurs interprétations. Certains disent que ça pourrait être Edouard Manet, d’autres se demandent si cela ne pourrait pas être un autoportrait de Caillebotte lui-même, mais c’est probablement quelqu’un qui vient de son cercle amical, et qu’on n’a pas encore identifié. C’est une personne qui a posé pour lui, mais on n’arrive pas encore à savoir qui c’est…
Portrait de l’artiste (Gustave Caillebotte), vers 1892. Paris, Musée d’Orsay.

Jafar Panahi

Jafar Panahi (Atta Kenare). Téhéran, 2010.

Jafar Panahi, réalisateur iranien emprisonné à Téhéran, a commencé une grève de la faim.
Le cinéaste, incarcéré depuis juillet 2022, proteste contre les conditions de sa détention dans la prison d’Evin.

« Aujourd’hui, comme beaucoup de personnes piégées en Iran, je n’ai d’autre choix que de protester contre ce comportement inhumain avec ce que j’ai de plus cher : ma vie. »

« Je refuserai de manger et de boire et de prendre tout médicament jusqu’à ma libération. Je resterai dans cet état jusqu’à ce que, peut-être, mon corps sans vie soit libéré de prison. »

Agé de 62 ans, le réalisateur est contraint de purger une peine de six ans de prison prononcée en 2010 pour « propagande contre le système ». Pourtant, le 15 octobre 2022, la Cour suprême a annulé la condamnation et a ordonné un nouveau procès.

Des militants des droits de l’homme ont rendu publiques des photos du corps émacié du militant et médecin Farhad Meysami, condamné a cinq ans de prison et qui refuse de s’alimenter.

Farhad Meysami.

https://www.change.org/p/free-jafar-panahi?recruiter=false&utm_source=share_petition&utm_medium=twitter&utm_campaign=psf_combo_share_initial&recruited_by_id=bec73340-a3b4-11ed-bd59-93f78d69241f

17 heures Farid Vahid “Excellente nouvelle ! Le cinéaste iranien Jafar Panahi vient d’être libéré sous caution. N’oublions pas les milliers d’autres Iraniens emprisonnés pour leurs opinions politiques.”

Jafar Panahi à sa sortie de prison Téhéran le 3 février 2023 entouré de ses avocats Yusef Moulai et Saleh Nikbakht.

Alexis Ravelo

Alexis Ravelo (Quique Curbelo), Las Palmas de Gran Canaria.

Alexis Ravelo est né le 20 août 1971 à Las Palmas de Gran Canaria (Canaries). Il est décédé dans sa ville natale le 30 janvier 2023 d’un infarctus. Il avait 51 ans.

C’était un auteur de romans noirs très apprécié en Espagne:
La estrategia del pequinés. Alrevés, 2013. Prix Dashiell Hammett de la Semana Negra de Gijón 2014. La stratégie du pékinois. Mirobole éditions, 2017.
La última tumba. Edaf, 2013. Prix Novela Negra Ciudad de Getafe 2013.
Las flores no sangran. Alrevés, 2013. Prix du meilleur roman du festival Valencia Negra. Les fleurs ne saignent pas. Mirobole éditions, 2016.
Los nombres prestados. Siruela, 2022. Premio Café de Gijón 2021.

Il a publié aussi six romans avec le personnage récurrent d’Eladio Monroy, marin reconverti en détective privé. Ses modèles étaient Jean-Patrick Manchette, Friedrich Dürrenmatt, Jim Thompson, Leonardo Sciascia, Juan Madrid, Francisco González Ledesma, Andreu Martín et Jorge Reverte.

Il a publié aussi d’autres romans :

La otra vida de Ned Blackbird. Siruela, 2016
Los milagros prohibidos. Siruela, 2017
La ceguera del cangrejo. Siruela, 2019.
Un tío con una bolsa en la cabeza. Siruela, 2020.
Los nombres prestados. Siruela 2022

Je n’ai lu que Los milagros prohibidos. J’avais été attiré à l’époque par le décor du roman (l’ile de La Palma où nous sommes allés souvent) et la période historique évoquée, la Semana Roja (18-25 juillet 1936). Le Général Francisco Franco, Comandante general del Archipiélago, se soulève le 18 juillet 1936. L’île de la Palma est la seule île de l’archipel qui respecte la légalité républicaine et résiste pacifiquement au coup d’état de l’armée.
La Palma est un île spéciale : libérale, révolutionnaire, très belle (la Isla Bonita). C’est par La Palma que les Lumières sont arrivées aux Canaries.

Les deux livres d’histoire essentiels sur cette période ont été écrits par Salvador González Vázquez : La Semana Roja en La Palma, 18-25 de julio de 1936 (Centro de Cultura Popular Canaria. La Laguna – Santa Cruz de Tenerife, 2004) et Los Alzados de La Palma durante la Guerra Civil (Le Canarien, 2013)

Île de La Palma. Roque de los Muchachos. 2426 mètres.

Torremolinos et la Génération de 1927

Torremolinos, Mirador de Sansueña.

La ville de Torremolinos (Málaga) a ouvert une terrasse en hommage aux poètes de la Génération de 1927 ( Le Mirador de Sansueña, Calle Castillo del Inglés, 9 ). Ce centre d’interprétation accueillera à l’avenir des événements culturels. L’inauguration a eu lieu samedi 17 décembre 2022. La municipalité de cette cité balnéaire de la Costa del Sol veut mettre en valeur sa vocation culturelle.

Au XX ème siècle, la ville a reçu Salvador Dalí et Gala Éluard, Jorge Guillén, Federico García Lorca, Pablo Picasso, Emilio Prados, Manuel Altolaguirre et Luis Cernuda, entre autres.
L’endroit est magnifique, la vue imprenable sur les plages de El Bajondillo et de La Carihuela, mais il n’est pas si facile à trouver. Aucun panneau n’indique encore où il se trouve. Dans les différents offices de tourisme qui se trouvent sur le Paseo Marítimo ou dans la vieille ville, il n’y a pas d’informations disponibles sur ce site.

Revista Litoral nº 274, 2022.

Lorenzo Saval (Santiago de Chile, 1954), est le directeur de la prestigieuse revue littéraire Litoral, créée en 1926 à Malaga par Emilio Prados (1899-1962) et Manuel Altolaguirre (1905-1959). Il l’anime avec son épouse, María José Amado. La revue a ses bureaux à Torremolinos (Ediciones Litoral Urbanización La Roca, Local 8. 29620 Torremolinos Málaga). Après la guerre civile, la revue a disparu pendant presque 30 ans. C’est José María Amado qui l’a ressuscitée en 1968. En 1976 Lorenzo Saval, petit neveu d’ Emilio Prados, en a pris la direction. Ce personnage éclectique écrit des poèmes, des récits et des romans tout en faisant de la peinture, du collage ou du graphisme pour l’édition. Il est le responsable de l’agencement du Mirador de Sansueña.

Luis Cernuda.

Le poète Luis Cernuda (1902-1963) a séjourné en septembre 1928 au Castillo de Santa Clara, proprieté de George Langworthy (1865-1946), « el Inglés de la Peseta », depuis 1905. Cet anglais excentrique créa là le premier hôtel de la Costa del Sol. Dans El Indolente (Tres narraciones, Buenos Aires, Ediciones Imán, 1948), Cernuda présente le petit village de pêcheurs qu’était Torremolinos dans les années 20 et 30 comme le lieu paradisiaque de Sansueña. Voici le début de ce texte de 1929 :

El indolente [1929] (Luis Cernuda)

Con mi sol y mi plebe me basta.
Galdós, España Trágica.

I

Sansueña es un pueblo ribereño en el mar del sur trasparente y profundo. Un pueblo claro si los hay, todo blanco, verde y azul, con sus olivos, sus chopos y sus álamos y su golpe aquel de chumberas, al pie de una peña rojiza. Desde las azoteas, allá sobre lo alto de lo roca aparece una ermita, donde la virgen del Amargo Recuerdo se venera en el único altar, entre flores de trapo bordadas de lentejuelas. Y aunque algún santo arriba no esté mal, abajo nadie le disputa la autoridad al alcalde, que para eso es cacique máximo y déspota más o menos ilustrado.

¿Quién no ha soñado alguna vez al volver tarde a su hogar en una ciudad vasta y sombría, que entre ocupaciones y diversiones igualmente aburridas está perdiendo la vida? No tenemos más que una vida y la vivimos como si aún nos pareciese demasiado, a escape y de mala gana, con ojos que no ven y con el pecho cargado de un aire turbio y envilecido.

En Sansueña los ojos se abren a una luz pura y el pecho respira un aire oloroso. Ningún deseo duele al corazón, porque el deseo ha muerto en la beatitud de vivir; de vivir como viven las cosas: con silencio apasionado. La paz ha hecho su morada bajo los sombrajos donde duermen estos hombres. Y aunque el amanecer les despierte, yendo en sus barcas a tender las redes, a mediodía retiradas con el copo, también durante el día reina la paz; una paz militante, sonora y luminosa. Si alguna vez me pierdo, que vengan a buscarme aquí, a Sansueña.

Bien sabía esto Don Míster, como llamaban (su verdadero nombre no hace al caso) todos al inglés que años atrás compró aquella casa espaciosa, erguida entre las peñas. La rodeaba un jardín en pendiente cuyas terrazas morían junto al mar, sobre las rocas que el agua había ido socavando; rocas donde día y noche resonaban las olas con voz insomne, rompiendo su cresta de espuma, para dejar luego la piel verdosa del mar estriada de copos nacarados, como si las rosas abiertas arriba entre palmeras, en los arriates del jardín, lloviesen, deshechas y consumidas de ardor bajo la calma estival…

Louis Aragon (3 octobre 1897 – 24 décembre 1982)

Louis Aragon (Christian Guémy alias C215).

Ni fleurs ni couronnes

Grandes femmes beiges déjà portant depuis quarante années
Á bout de bras de ce pas vert et noir vos paniers d’aubergines
Ne vous arrêtez pas comme l’août à sa dernière journée
Il pleuvait vers le soir quand on vous l’a dit comme j’imagine
Vos jupes dans le vent mouillée ce blanc d’oeuf dans votre oeil qui luit
Ne relevez pas la mèche à vos fronts d’une main machinale
Ah n’essuyez pas votre joue ainsi ce n’est que de la pluie
On s’habitue à ce que tout soit rayé d’une diagonale
On sait parfois d’avance à qui le tour qu’on regarde songeant
Maintenant qu’on ne peut plus rien faire pour lui qui soit une aide
On s’habitue à ces départs on dirait aisément aux gens
Septembre risque d’être froid surtout prenez bien votre plaid
Ayons l’air de trouver somme toute naturel ce qui l’est
Tous ces fruits cependant qui vont sans lui pourrir au bord des tables
Une part de ce monde hésite d’être encore où s’envolaient
D’entre ses mains ces lents oiseaux bleu sombre engendrés pour les fables.

Une part avec lui du monde et de moi-même est devenue
Instrument dépourvu d’usage et pourtant signe avant-coureur
Mémoire je reviens à ma jeunesse quand je l’ai connu
Cet homme hors mesure là-haut dans la rue Simon-Dereure
Où la beauté sans cri des objets lui faisait trembler la main
Rien plus que lui n’était humble devant les choses familières
Et la lampe au verre de travers prenait un accent humain
Car les lampes fumaient encore parmi nous cela semble hier
Nul comme lui peut-être mais ce soir je songe à Reverdy
Je songe à ce Montmartre noir emporté dans les yeux qu’on ferme
Braque un dimanche éteint souviens-toi de ce que fut vendredi
Dans ce double miroir toute une part du monde atteint son terme
Une part du monde se perd dans ce regard qui s’est perdu
Cette lumière d’une chambre et rien n’a troublé le silence
Par un après-midi je ne sais d’où descend l’ombre attendue
Le temps qui passe met sur tout son immobile violence.

Cette nature n’est point morte elle meurt voyez sous vos yeux
Et ce peut-être un paysage avec la mer et ses limites
Dieppe ou Varengeville un simple ourlet à l’étoffe des cieux
Ici finit doucement l’homme et cet empire qu’il imite
Sans barque un naufrage de liège entre les varechs échoué
Et la tendresse des grands bras autour de tout que font les dunes
Au fond cette vie avait l’air au mieux d’une villa louée
Ô sables blessés derrière soi que la marée abandonne
Peinture étrangement pareille à cette saison d’aujourd’hui
Comme si le peintre eût mis à choisir ses couleurs l’existence
Au décor d’un opéra sans musique où rien ne se produit
L’histoire même à la prunelle est un effet de persistance
Rien qu’une image une image après l’autre et sans doute est-ce moi
Voyant dans les rameaux muets d’oiseaux et de ramages
Á la recherche on ne sait trop de quel écho qui mal rimoie
Qui mets l’absurde pont abstrait des mots de l’une à l’autre image.

N’est pas assez sur la toile après tout de ce qui fut peint
Qu’attendez-vous d’autre de lui quel témoignage et quelle preuve
Voici le verre et le couteau voici le jour voici le pain
Et l’ancienne présence de l’homme à mes yeux qui reste neuve
Ils ont beau s’en aller qui eurent privilège à voir premiers
Le spectacle ils ont beau nous quitter peut-être par lassitude
Et que cela soit Chardin Braque ou Vermeer que vous les nommiez
Il en revient toujours poursuivre la même longue étude
Mais nous qui demeurons sans eux aveugles nous les survivants
Dans ce siècle qui meurt d’un peintre ou d’un poète à chaque halte
Nos yeux habitués à l’homme en vain dans ce désert de vent
Cherchent l’après de notre soif la source à présent sous l’asphalte
Nous nous tenons près des gisants comme des rois déshérités
Qui rêvent la fête finie à ce qui leur fut un Versailles
Et sans croire aux dieux de pierre debout sur leurs socles restés
Dans le parc désormais attendrons le signe fait qu’ils s’en aillent.

Les Adieux. Éditions Temps actuels, 1981.

Ce poème a paru dans Les Lettres françaises du 1 septembre 1963 en hommage à Georges Braque qui venait de disparaître.

Collection Poésie/Gallimard n° 572, Gallimard, 2022.

Aragon : les adieux. Exposition conçue par la Maison Elsa Triolet-Aragon. Espace Niemeyer, (2 place du Colonel Fabien 75019 Paris) du 14 décembre 2022 au 11 janvier 2023. Entrée libre tous les jours sauf le lundi, de 12 h à 19 h. Fermeture exceptionnelle : week-ends de Noël et du jour de l’An.

Exposition Arrachez-moi le coeur vous y verrez Paris Aragon du jeudi 1 décembre 2022 au mercredi 4 janvier 2023. Caserne Napoléon. Rue de Lobau, 75004 Paris. Le Paris d’Aragon se décline en mots à travers la vie et l’œuvre de l’écrivain, et en photographies, avec la complicité de Claude Gaspari sur les murs de la caserne Napoléon, face à l’Hôtel de Ville.

En 1968, Aragon raconte à Dominique Arban comment il fit l’acquisition d’une toile de Georges Braque dont la vente en 1928 lui permit de partir pour Venise avec Nancy Cunard: ” Poussé en cela par André Breton j’avais, à la vente Kahnweiler, acheté un tableau de Braque qui ne plaisait à personne et n’avait ainsi pas atteint le prix que faisait même une très petite nature morte ; la Baigneuse, qui est la toile sur laquelle commence, chez Braque, le cubisme. c’est pour Braque, un tableau analogue, si vous voulez, à ce qu’ont été pour Picasso Les Demoiselles d’Avignon. ” (Aragon parle avec Dominique Arban. Seghers, 1968. Page 60)

Baigneuse (Le Grand Nu). 1908. Paris, Centre Pompidou.